Initialement prévue le 28 février 2022, la préfecture de Haute-Marne a repoussé la fermeture de la chasse au sanglier au 13 mars inclus. Un délai visant à "maîtriser les populations", mais qui n'est pas sans susciter des réactions.
La chasse au sanglier est prolongée jusqu'au dimanche 13 mars inclus, a indiqué la préfecture de la Haute-Marne dans un communiqué. Une décision justifiée par la nécessité de réguler les populations de gibiers. Mais, avec l'arrivée des beaux jours et des promeneurs en forêt, cette décision suscite des mécontentements.
"Prévenir les dégâts agricoles"
L'objectif de cette modification de l'arrêté préfectoral, indique le communiqué, est de "prévenir les dégâts aux cultures agricoles au printemps et de tendre vers le rétablissement de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique". Pour ce faire, le préfet enjoint les chasseurs à "organiser des battues jusqu’à la date de fermeture afin de contribuer à la bonne maîtrise des populations".
"Les populations de sangliers sont en constante augmentation depuis 2013-2014, rappelle le préfet de Haute-Marne. En lien notamment avec des fructifications forestières importantes et des conditions climatiques clémentes." Les ravages causés par ces gibiers sur les récoltes agricoles sont donc en hausse eux aussi.
"Une mesure localisée et ponctuelle"
"Par endroits, la population de sangliers est trop importante, appuie Thomas Corvasce, président de la fédération des chasseurs de Haute-Marne. Cette mesure est localisée à ces lieux et sera ponctuelle". Et d'ajouter : "ce n'est pas pour embêter les promeneurs, ni pour s'accaparer la forêt."
La préfecture précise que la chasse à l’approche et à l’affût est également autorisée jusqu’au 13 mars. La recherche des sangliers blessés est possible par les conducteurs de chien de rouge jusqu’au 14 mars inclus. À l'origine, la fermeture de la chasse était programmée au lundi 28 février.
La saison dernière (2020-2021), plus de 15 000 sangliers ont été prélevés dans l'Aube, selon la fédération départementale de chasse. "Nous serons sans doute sur les mêmes bases pour cette saison", avance Thomas Corvasce.
L'agacement des promeneurs
Avec l'arrivée du printemps, réveillant l'envie de se balader en forêt le dimanche, certains promeneurs et randonneurs s'émeuvent de cette décision préfectorale.
Voici ce que l'on peut lire sur la page Facebook de la Fédération départementale des chasseurs de Haute-Marne : "Les jours rallongent, le beau temps revient, signifiant donc davantage d'usagers de la Nature avec lesquels "cohabiter"...", commente Cédric Deton, dubitatif. "Monsieur le Préfet interdit-il les promenades en vélo et la cueillette des jonquilles ?", interroge avec dérision Mickael Ponsard.
Une randonneuse tuée dans le Cantal
Les associations de randonneurs accueillent également cette décision avec dépit. "Nous sommes contre bien évidemment, fait savoir Jean-Claude Magnier, président de Chaumont Rando, qui compte environ 150 adhérents. Avec ce qui vient d'arriver récemment... Nous sommes tous à la merci de ce genre d'accidents."
Cette décision préfectorale s'inscrit en effet dans un contexte houleux autour de la chasse. En effet, la mort d'une randonneuse de 25 ans dans le Cantal, tuée par une balle perdue tirée lors d'une battue, samedi 19 février, a relancé le débat sur cette pratique, ses risques, et sur le partage de la forêt. Les candidats à l'élection présidentielle se sont emparés du sujet, révélant le clivage des positions sur cette question.