C'est une tempête qui est restée dans les mémoires. En décembre 1999, au lendemain de Noël, la tempête Lothar s'abat sur la France. La Champagne-Ardenne n'est pas épargnée. En Haute-Marne, elle reste encore un traumatisme pour beaucoup.
C’était le 26 décembre 1999. Le lendemain de Noël. Anne Dunoyer s’en souvient parfaitement. La propriétaire forestière et vice-présidente du syndicat des propriétaires forestiers privés de Haute-Marne se trouvait chez elle dans le secteur de Cirey-sur-Blaise.
«C’était terrible, ça s’est fait en très peu de temps. On s’est réveillé le matin, mon mari et mon père sont sortis pour dégager des arbres sur la route. On coupait un arbre, on n’avait même pas besoin de le dégager de la route, il roulait tout seul tellement le vent était puissant. Ils se sont dit, on ne peut rien faire, il faut attendre que ça passe. À la fin de matinée, on voyait déjà le désastre que c’était, on ne pouvait plus pénétrer nulle part. On n’avait plus d’électricité, on n’avait plus le téléphone. On ne savait pas comment c’était dans le reste du département. Et on se disait, ça y est, tout est tombé, il n’y a plus rien. »
On a un ouvrier forestier qui était presque en pleurs de voir dans quel état était la forêt, de voir que tout ce qu’il avait entrepris devait être repris à zéro.
- Anne Dunoyer, propriétaire forestière et vice-présidente du syndicat Fransylva 52
« Il y avait un problème d’exploitation parce que c’est tombé dans tous les sens. Un problème de sécurité, il y a eu beaucoup d’accidents forestiers à l’époque, car certaines branches n’étaient pas totalement coupées et ont cédé plus tard. Et puis un problème de vente car le bois a été bien sûr beaucoup abîmé. Et malgré tout, il fallait en vendre pour limiter la casse. »
"Entre 25 et 30 % de forêt dévasté du côté de Joinville"
20 ans plus tard, les traces de la tempête sont encore bien visibles. Sur les hauteurs de Joinville, de nombreuses parcelles de la forêt communale sont essentiellement composées de jeunes arbres. Ils ont poussé tout autour de souches à l’abandon et de troncs morts couchés sur le sol.
« Ces souches renversées, ce sont les arbres tombés le 26 décembre 1999, explique André Hopfner, le directeur de l’ONF en Haute-Marne. Et tout autour, ce sont des semis, des petits arbres qui ont poussé depuis. On voit au fond un rescapé, mais il y en a très peu. Avant ici, il y avait des hêtres, des chênes qui faisaient 30 mètres de haut, et puis la tempête est passée par là. »
« Ça a été un véritable choc pour les agents de l’ONF mais très rapidement il a fallu se mettre à l’ouvrage, se souvient André Hopfner. Le fait de devoir récolter toute cette masse de bois et gérer l’après-tempête, ça a permis d’oublier un peu ce traumatisme par le travail. En 2000 on a nettoyé. On a vendu le bois tombé par terre. Et puis, les années suivantes, les zones ravagées ont été passées à la pelle, pour remettre les souches en place. On a laissé grandir les semis déjà repoussés et on a replanté là où c’était nécessaire. »