Les anciens pilotes de la BA 113 de Saint Dizier pourront-ils à l'avenir expliquer à leurs homologues chinois les subtilités du combat avec leurs avions de chasse? A priori non! Alors que le Canard Enchaîné vient de révéler qu'au moins "un Français" aurait formé des aviateurs chinois, le ministère des Armées annonce qu'il souhaite renforcer les lois en place.
Gagner 300 000 € quand on est à la retraite, c'est plutôt tentant. Mais quand c'est l'armée chinoise qui propose de verser cette somme à d'anciens militaires français pour qu'ils révèlent toutes leurs astuces de pro, cela peut à terme s'avérer gênant.
Tout part d'un article du Canard Enchaîné, paru le 8 mars. "300 000 euros par an pour former des aviateurs chinois", promis à des retraités de l'Armée de l'Air et de l'Espace, avouez qu'en plein contexte de tensions internationales avec la Russie, ou encore avec la Chine, ça peut devenir dangereux. Mais selon nos confrères le ministère des Armées devrait prendre de futures restrictions renforcées à l'encontre de ces "anciens pilotes de chasse français", qui encadrent des militaires étrangers.
En clair, ces anciens militaires ne pourront plus prodiguer ces formations, qu'après autorisation préalable. En Champagne-Ardenne, l'Armée de l'Air et de l'Espace est implantée sur la BA113, une base aérienne à Saint-Dizier (Haute-Marne). Pourront-ils si besoin former leurs homologues chinois, à l'avenir ?
La base aérienne de Saint-Dizier non-concernée
D'après les affirmations du journal satirique, plusieurs "pilotes occidentaux" ont formé des aviateurs de l'armée chinoise. France 3 Champagne-Ardenne a donc contacté le ministère des Armées, pour savoir si des effectifs passés par la BA113 faisaient partie de ces formateurs. "À notre connaissance, parmi les personnes que nous avons identifié, il n'y a pas de personnes qui sont passées par la base aérienne 113", précise le ministère des Armées.
Combler le flou juridique sur cette pratique
À Balard, on précise que l'idée est de "mettre fin au flou juridique qui existe actuellement". Pour les services de l'Etat, il s'agit d'être "certain qu'il n'y ait pas de révélation de secrets à des puissances étrangères. Ce projet de réglementation ne concernerait pas seulement l'Armée de l'Air et de l'Espace. Le législateur souhaite qu'elle s'applique à l'ensemble des militaires".
Le ministère des Armées met d'un côté en balance "le droit de travailler pour une entreprise étrangère", et d'un autre côté "les nécessités liées aux lois sur le secret défense". "Divulguer des savoir-faire militaires à une nation étrangère et compétitrice relève des crimes et est sévèrement puni", ajoutent les services de la Défense.