Timéo nous racontait à la rentrée 2018 son retour impossible dans une salle de classe, à la suite du harcèlement scolaire dont il a été victime. Cette année, il réussit à retourner en cours, notamment grâce à un déclic : les excuses de son bourreau.
La confiance. Cette rentrée 2019, Timéo* la retrouve petit à petit. Au téléphone, sa voix est plus affirmée, tremble moins que lorsqu'il nous racontait sa phobie scolaire, due au harcèlement scolaire qu'il avait subi dans son école en Haute-Marne, un an plus tôt. Les angoisses, du garçon de 12 ans, en classe de 5ème dans un collège de la Meuse s'estompent peu à peu, grâce notamment à un emploi du temps aménagé. Le Haut-Marnais ne se rend en cours que le matin. "J'ai envie de reprendre les cours normalement", dit-il d'une voix aussi ferme que possible. "Les angoisses sont terminées. On y va tout doucement", nuance sa mère.
Il y a six mois, nous reprenions des nouvelles de Timéo. Le retour à l'école était toujours compliqué, même s'il affirmait encore son désir d'y retourner, "pour avoir une vie normale".
Un retour qui a été rendu possible grâce à deux éléments : la volonté de Timéo et un peu de hasard. Au printemps, alors qu'il sortait de chez l'opticien avec sa mère, Timéo croise par hasard celui qui lui a asséné des coups pendant des mois. "Il m'a dit : 'Maman, je veux aller lui parler!', se rappelle Noémie*. Je sentais qu'il voulait aller au contact verbal."
"Le meilleur dénouement"
Timéo s'approche alors du garçon qui lui a fait tant de mal. "C'était important pour moi qu'il sache", raconte-t-il. Il lui demande alors s'il se souvient de lui. "Il a répondu de suite qu'il savait qu'il n'avait pas fait que des belles choses", rapporte Noémie. L'adolescent raconte alors son histoire. Un papa en prison et une mère absente."C'est le meilleur dénouement qui puisse arriver à Timéo", analyse Thierry Delcourt, pédopsychiatre à Reims. Selon le spécialiste, "le fait d'être en face et de dire les choses, même si on n'attend pas forcément grand-chose, c'est déjà quelque chose de résolu. Dès qu'il y a un récit, la victime peut se dire 'je n'ai pas à avoir honte, on est quittes'."J'ai ressenti beaucoup de haine, et d'un côté, sa vie est si triste. Je me suis simplement dit que c'était triste, mais qu'il n'avait pas à faire ça. Bien plus tard, il s'est excusé.
- Timéo, victime de harcèlement scolaire.
Jusqu'en juin, Timéo continuait les cours à domicile, mais à la rentrée, le Meusien d'adoption a réussi à aller en cours. Le premier et le deuxième jour, les maux de ventre sont encore là. Déterminé, il se dit qu'il peut le faire. "En fait, je n'avais ni confiance en moi ni aux autres élèves", concède-t-il. Depuis, il dit aimer les cours de sport, même s'il a "un peu du mal" et les maths. Après les vacances de Noël, il aimerait reprendre les cours à temps plein.
*Les prénoms ont été modifiés.