La plus longue course en relais sur route de France fait étape à Châlons-en-Champagne ce dimanche 18 juillet avant de repartir le lendemain vers Joinville et Châteauvillain. Une compétition qui existe depuis plus de 30 ans mais qui reste encore méconnue.
Allongé sur le perron de l'église de Jouy-lès-Reims, Alain Simonet se repose. Cette nuit, il a chaussé ses baskets pour prendre le départ à 3 heures du matin de la France en courant, depuis Crouy, dans l'Aisne. "On a parcouru 60 kilomètres en se relayant à quatre jusqu'à la frontière marnaise, puis les quatre autres coureurs de l'équipe ont repris le flambeau", explique-t-il. Lui reprend des forces en attendant de s'élancer à nouveau en direction de Châlons-en-Champagne.
A 68 ans, ce Marnais a déjà participé 13 fois à cette compétition assez folle où les coureurs, tous aguerris, se relaient par équipe pour parcourir plus de 2.500 kilomètres durant la deuxième quinzaine de juillet. Mais cette fois, avec ses autres coéquipiers licenciés à l'ASPTT Châlons, il ne participe qu'au prologue et à la première étape. "Je ne suis plus tout jeune et puis il faut qu'on arrive à se dégager 15 jours, mais j'avoue qu'en revoyant tout le monde, ça donne envie de continuer."
La nuit dans un gymnase ou à la belle étoile
Cette course, c'est aussi une histoire de copains. "On se retrouve entre passionnés de course à pied, on vit des moments forts tout en découvrant des paysages magnifiques", explique-t-il en évoquant notamment les étapes des Alpes ou des Pyrénées. A ses côtés, sa femme Dominique, 57 ans et déjà deux participations, abonde : "Il y a une vraie convivialité. une nuit sur deux, on dort à la belle étoile et dans un gymnase, ce n'est vraiment pas une course ordinaire, même si physiquement et mentalement c'est très dur, mais on n'est pas seul, c'est une vraie force."
Dans cette épreuve, on se découvre à travers les autres
Cette aventure, autant humaine que sportive, rassemble cette année 32 coureurs, plus l'équipe châlonnaise qui s'est greffée à ce tour de France à pied. "D'habitude on a une dizaine d'équipes, souligne André Sourdon, l'organisateur, mais là après la période sanitaire qu'on a vécu, ce n'était pas simple d'en rassembler autant." L'édition précédente avait dû être annulée à cause du Covid-19. Cette année est donc celle des retrouvailles avec les fidèles.
"C'est notre 32e édition", se félicite ce Normand de 68 ans, qui a créé cette course atypique il y a plus de 35 ans. "Je suis boulanger de formation, marathonien, j'avais ma petite vie bien rangée à l'époque, explique-t-il, et puis on me propose de participer au Paris-Dakar pédestre, une épreuve qui n'existe plus aujourd'hui mais qui a été une aventure extraordinaire pour moi."
Dès son retour, il imagine une version hexagonale de cette course, en se calant sur l'itinéraire du tour de France cycliste, avec réception chaque soir par des boulangers. La première édition s'élance en 1986, la seconde en 1990, puis a lieu chaque année depuis, excepté donc en 2020.
"Mange du pain et cours bien"
Aujourd'hui, il n'est plus question de copier l'itinéraire du Tour de France cycliste. "Trop épuisant." L’épreuve, labellisée depuis 1991 par la Fédération Française d’athlétisme, bénéficie toujours du soutien de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie. La devise de cet événement ? "Mange du pain et cours bien."
A chaque étape, les bénévoles montent un petit village des artisans où, bien sûr, l'on y fabrique du pain. Ce sera le cas ce lundi 19 juillet à Châteauvillain, en Haute-Marne, où les coureurs devraient arriver à partir de 16 heures. Un départ intermédiaire est prévu à Joinville à 11h45.
Les athlètes poursuivront leur course vers l'est de la Fance avec des passages par Belfort, l'Isère), le Vaucluse, la Loire, l'Indre et la Sarthe. La course se terminera, comme à son habitude, à Bernay, dans l'Eure, la ville normande où se trouve la boulangerie Sourdon, aujourd'hui reprise par la fille d'André.