Le président François Hollande l'a annoncé lors de l'ouverture de la conférence sur l'environnement
Fessenheim : les réactions à l'annonce
La centrale de Fessenheim une fois de plus sous les feux des projecteurs. François Hollande avait promis qu'elle fermerait sous son mandat. Il l'a confirmé ce matin, en ouverture de la conférence environnementale. Les réactions dans la commune alsacienne sont contrastées.
En ouvrant la conférence environnementale à Paris par l'annonce de la date de fermeture de Fessenheim, le président de la République a sans doute voulu mettre un terme à toutes les spéculations sur la poursuite de l'activité de la plus ancienne centrale nucléaire du parc d'EDF.
Toutefois, si la plus ancienne centrale du parc nucléaire français, sera fermée à la fin de l'année 2016, tous les emplois seront préservés a assuré François Hollande. "La centrale sera fermée (....) dans des conditions qui garantiront la sécurité des approvisionnements de cette région, la reconversion du site et la préservation de tous les emplois" a-t-il précisé.
Avec AFP
La déclaration de François Hollande est vivement commentée. Voici une des réactions adressée à la rédaction et signée par Jean-Marie Brom, consécutivement à la publication d'un texte de Denis Maurer, à lire au préalable.
Le 14/09/2012, Denis Maurer écrit :
Bonjour,
Les anti-nucléaires ont de quoi s'impatienter pour la fermeture de Fessenheim. Si on se place d'un point de vue plus "neutre" dans notre fichu contexte français, la fermeture immédiate n'est pas évidente.
Hollande n'a pas promis de fermer Fessenheim dès 2012 : son engagement 41 vaut pour le mandat, sans précision, ça pourrait donc être... 2017.
Côté exploitant, EDF demande à réaliser les travaux de sécurisation exigés par l'ASN, malgré leur coût. Un article récent de Challenges explique que la centrale serait largement rentable malgré ces investissements (gains de 200 M€/an), et qu'elle coûterait cher à être arrêtée (notamment pour dédommager les actionnaires étrangers de la centrale).
Il se trouvera peut-être même quelqu'un pour nous expliquer que les centaines de millions gagnés entre 2012 et 2017 pourront être investis dans le renouvelable!
Il faut donc comprendre qu'investir en 2013 serait compatible avec une fermeture en 2017. Attendre la conférence environnement pour une décision sur Fessenheim me parait logique puisqu'elle traitera de l'énergie. Mais entendre déjà Mme Batho évoquer en "responsable" ses critères de décision = "sécurité d'approvisionnement électrique" et "préservation des emplois", laisse deviner la réponse pro-nucléaire de fermeture tardive.
... et en 2016 ou 2017 -en l'absence d'accident majeur en France- il se trouvera bien des politiques et des "responsables" pour rallonger encore de quelques années une centrale "qui marche" et "qui rapporte".
(rem: sur les emplois version démantèlement, à noter l'estimation de Challenges plus réaliste que la promesse "on remploie tout le monde sur le site")
Engagement 41 de F. Hollande
41/ Je préserverai l’indépendance de la France tout en diversifiant nos sources d’énergie.
J’engagerai la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% à 50% à l’horizon 2025, en garantissant la sûreté maximale des installations et en poursuivant la modernisation de notre industrie nucléaire.
Je favoriserai la montée en puissance des énergies renouvelables en soutenant la création et le développement de filières industrielles dans ce secteur.
La France respectera ses engagements internationaux pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Dans ce contexte, je fermerai la centrale de Fessenheim et je poursuivrai l’achèvement du chantier de Flamanville (EPR).
Jean-Marie Boem écrit
Fermer Fessenheim en 2017 : c'est à l'heure actuelle la solution préfèrée du gouvernement
Arrêter une centrale, sans travaux immédiats de démantèlement de parties non nucléaires, permet de la redémarrer quand on veut. Ainsi, arrêter Fessenheim en 2017 permettrait, selon l'état de l"opinion ou de l'énergie, de la redémarrer "provisoirement" dès le lendemain de l'élection présidentielle, quel que soit le nouveau président.
N'oublions pas que l'autorisation de fonctionner durant 10 ans vaut pour la période 2009-2019. Rien n'empêchera de fermer Fessenheim en 2017 et, compte tenu de la "pression" sur l'énergie, de lancer les études pour 10 ans supplémentaires. A-t-on déjà vu une promesse électorale tenue à la veille de l'élection suivante ???
Concernant l'article de Challenges : on l'a vu lors du rapport de la Cour des comptes : la transparence dans le nucléaire est telle que tout chiffre doit être pris avec précaution. Dans ce rapport, par exemple, le coût du démantèlement est visiblement surévalué -alors que même la Cour dit qu'elle ne connaît pas les chiffres exacts- pour justifier du fait que poursuivre l'exploitation coûterait moins cher que de l'arrêter.
En outre, cet article est FAUX : les 200 millions de travaux, en fait, seraient payés à 32% par les Allemands et les Suisses. Les 200 millions correspondent probablement aux travaux et au manque à gagner. Ce n'est donc pas de l'investissement à amortir.
Il n'y a aucun "dédommagement " à prévoir pour Allemands et Suisses : le contrat prévoient qu'ils payent - en aveugle - et recoivent en contrepartie 32% du courant. Si la centrale s'arrête, ils n'ont plus rien a payer et ne recoivent plus d'électricité. (De plus, ils ne sont pas concernés par le coût du démantèlement...)
Réinvestir dans le renouvelable? Belle idée, mais impossible à faire d'un point de vue budgétaire. Si par exemple on ne faisait pas les travaux, cela signifie simplement qu'on ne dépenserait pas les sous. Parce que EDF n'a pas provisionné cet argent.
Les emplois : il y a environ 500 employés EDF sur le site, et quelques 200 emplois interimaires. Les emplois EDF sont stables. Au pire, ces emplois seront déplacés. Lorsque la centrale au charbon de Strasbourg a fermé, les emplois se sont reportés à Fessenheim. Il n'y a pas eu de problèmes.
Les emplois intérimaires, pour la plupart, sont des emplois dans les boites liées à EDF- Nucléaire. Il y a encore 18 autres sites en France.....
Le site lui-même est probablement trop pollué (Uranium 233) - même en deçà des normes - pour qu'une entrerprise prenne le risque de s'y installer. Le nucléaire y restera maître pour au moins 50 ans.
CONCLUSION
Continuons la pression, sans faire semblant de croire aux promesses. Il a fallu que nous allions à Paris pour que, deux jours après, Delphine Batho annonce un calendrier et une fermeture "dès que possible"...
Il faut que ce calendrier - s'il est acceptable - comporte des étapes aisément vérifiables : "on" nous a dit qu'une première étude était en cour pour calculer l'impact de la fermeture de Fessenheim sur la distribution locale. Sans précisez depuis quand, ni quelle était la date prévue de fin de cette étude, que par ailleurs, je peux vous faire en moins d'un mois.
Et certainement pas comme le fait EELV dans son mémo sur la conférence des 14 et 15 septembre, en passant en vitesse sur le problème du nucléaire, comme s'il était déjà réglé.
Réaction du groupe Socialistes et Démocrates
La fermeture de Fessenheim pour la fin de l’année 2016 : une opportunité pour l’Alsace
Dans son discours d’ouverture de la conférence environnementale de ce matin, François Hollande a confirmé la fermeture de Fessenheim pour la fin de l’année 2016. Notre région est au premier plan de cette mesure et doit saisir cette occasion pour accompagner le développement d’un savoir-faire en matière de démantèlement des usines nucléaires. Un savoir-faire que François Hollande espère bien pouvoir ériger en exemple à travers le monde et exporter vers d’autres pays, qui, toujours plus nombreux, seront confrontés à la nécessité de maîtriser cette nouvelles technologie.
Notre région doit être partie prenante de cette nouvelle aventure tout en veillant, comme le souhaite le Président de la République, au respect de trois conditions : la sécurité de l’approvisionnement de la région, la reconversion du site et la préservation de tous les emplois. La région devra savoir se mobiliser dans le cadre de ses compétences, en particulier celles de la formation professionnelle en créant par exemple un dispositif innovant capable de former les salariés à ces nouveaux métiers.
La réaction de Charles Buttner, Président du Conseil Général du Haut-Rhin :
Une annonce, aujourd’hui et toujours encore, totalement arbitraire, injustifiée et inacceptable, qui va à l’encontre des intérêts de l’Alsace et de la France.
Pour le Président du Conseil Général, Charles Buttner, le Haut-Rhin et l’Alsace ne peuvent admettre la décision de principe de fermer en 2016 le site de production de Fessenheim. L’annonce du Président de la République fait de la centrale de Fessenheim l’otage d’une idéologie qui va à l’encontre des intérêts du Département et de la France.
Elle intervient dans un contexte économique particulièrement fragile et incertain pour notre région et plus largement notre pays, de surcroît sans même qu’aucune alternative de reconversion du site n’ait été présentée et concertée avec les différents acteurs politiques et industriels locaux et nationaux. Au final, ce sont plus de 1.000 emplois salariés et 2.000 emplois indirects (sous-traitants principalement) qui sont directement menacés, accompagnés de la perte d’importantes ressources financières pour les collectivités locales. Ce n’est pas acceptable.
Fessenheim compte en effet parmi 19 autres centrales en fonctionnement en France et 8 autres situées à proximité immédiate dans le Rhin Supérieur. Encore plus que pour tous les autres sites, elle a et continue à faire l’objet d’importants investissements de sécurité sous le contrôle de l’Agence de Sûreté Nucléaire et en toute transparence grâce à l’action de la CLIS, organe indépendant d’information et de surveillance unique en France.
A ce titre, le Président du Conseil Général du Haut-Rhin rappelle que sa proposition de création d’une CLIS à l’échelle du Rhin Supérieur, et pour chacun des réacteurs en activité, a été acceptée par les partenaires membres de la Conférence du Rhin Supérieur. Cette CLIS trinationale, sur le modèle de la CLIS de Fessenheim, doit ainsi permettre à des experts indépendants de mener des études et d’exprimer des avis pour l’ensemble des centrales situées de part et d’autre du Rhin.
Dans ce contexte, pour Charles Buttner, la stigmatisation de Fessenheim et le choix de sa seule fermeture ne se justifient aucunement. Toute démarche de reconversion ne peut être envisagée qu’à l’aune de l’audit et des tests de toutes les centrales françaises, mais aussi suisses et allemandes.
Réaction du Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin
Stop Fessenheim, Stop Transports – Halte au Nucléaire
Fessenheim : dépenser des dizaines de millions d'euros pour pouvoir la fermer ?
La ministre de l’Ecologie et de l’Energie Delphine Batho a assuré jeudi, interrogée lors des questions orales au Sénat, que les travaux prescrits par l'Autorité de sûreté nucléaire pour la centrale de Fessenheim seraient faits d’ici le 30 juin.
Si ces travaux sont effectivement faits, ce sont des sommes colossales qui seront dépensées (au minimum 30 millions d’euros pour chacun des deux réacteurs) pour une centrale en fin de vie, que la ministre promet de fermer pourtant "le plus tôt possible" et qui donnerait à EDF le droit d’exploiter la centrale pendant 10 ans supplémentaires.
Et ce vendredi matin, le Président François Hollande a annoncé, en ouvrant la conférence environnementale à Paris, que la centrale nucléaire de Fessenheim serait fermée à la fin de l'année 2016 !
On nous rabat les oreilles avec la crise, l'austérité nécessaire et les économies indispensables et on serait prêt à gaspiller de telles sommes pour prolonger de quelques années (4 ans maximum !) la vie d'une vieille centrale si dangereuse ?
Ne rêvons pas : à moins de préciser de quelle manière cet arrêt sera définitif, Monsieur Hollande met déjà le sort de Fessenheim dans la future campagne électorale. Son successeur (ou lui-même) aura toute latitude pour revenir en arrière.
Et en acceptant de faire les travaux avant le 30 juin 2013, le Président offre d'ores et déjà à EDF et AREVA les moyens de pression pour contrer sa propre décision...
Et on ose nous parler à cette conférence de "transition énergétique" ?
Réaction du Réseau "Sortir du nucléaire"
Lors du discours d'ouverture de la conférence environnementale, François Hollande a annoncé que la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim aurait lieu fin 2016. L'annonce de cette date met un terme à l'incertitude mais reste très insatisfaisante. Fessenheim peut et doit être fermée maintenant !
Fessenheim doit être
fermée maintenant !
La centrale de Fessenheim est une menace croissante pour les Alsaciens mais également pour nos voisins allemands et suisses, qui, eux, ont pourtant décidé d'en finir avec les risques de cette technologie. Radier trop mince, situation en zone sismique et en contrebas du grand canal d'Alsace, vulnérabilité des piscines de combustibles à une chute d'avion : ses failles de sûreté sont dénoncées depuis des années et internationalement connues.
A cela s'ajoute les dangers liés au vieillissement de la doyenne des centrales françaises. Alors qu'elle présente des signes évidents d'essoufflement, pouvons-nous tolérer qu'elle atteigne 39 ans? Même l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) met en évidence le risque de rupture des cuves des réacteurs passé 35 ans de fonctionnement!
Par ailleurs, les récents incidents survenus sur le réacteur n°2 - et qui ne sont que le 23e épisode d'une série d'incidents apparus depuis son redémarrage en mars dernier- ont apporté la preuve d'une sûreté clairement dégradée et de flagrantes lacunes dans la maintenance. Au rythme où s'enchaînent les problèmes, pouvons-nous attendre quatre ans de plus ?
Quid des travaux ?
L'annonce de François Hollande soulève l'épineux problème des travaux de sûreté. F. Hollande prendra-t-il le risque de laisser fonctionner la centrale sans entreprendre les remises aux normes de sécurité pourtant prescrites par l'autorité de sureté nucléaire ? Ou bien celles-ci seront-elles réalisées - impliquant de fait l'arrêt de la centrale pour la durée des travaux - alors que la fermeture est censée avoir lieu quatre ans plus tard et conduisant donc au gaspillage de millions d'euros? De plus la réalisation de ces travaux pourrait servir de prétexte au lobby nucléaire pour justifier la poursuite de l'activité de la centrale au delà de 2016. Il serait donc clairement plus économique, plus cohérent et plus sûr d'opter pour une fermeture immédiate.
La fermeture immédiate
est possible !
Sur un plan purement énergétique, Fessenheim pourrait être fermée dès aujourd'hui sans créer de manque. En effet, la contribution de cette centrale à la production électrique française ne s'est élevée qu'à 1,3 % en 2011. De plus, ses réacteurs étant fréquemment à l'arrêt, une fermeture définitive ne ferait guère de différence avec la situation actuelle. Enfin, depuis la fermeture de l'usine d'enrichissement d'uranium Eurodif (Drôme) en juin 2012, la production de trois des réacteurs du Tricastin arrive désormais en surplus sur le réseau électrique. Il n'y a donc aucune justification à la prolongation de l'activité de cette centrale.
Pour une véritable
sortie du nucléaire
La fermeture de Fessenheim ne doit pas être un acte isolé, consenti par F. Hollande pour calmer les contestations environnementales. Elle ne doit pas occulter l'urgence de la fermeture des autres réacteurs, en commençant par les plus anciens. Pour ne citer qu'eux, le Bugey et Tricastin, à peine plus récents, sont tout aussi dangereux. Et c'est en tout une vingtaine de réacteurs qui ont déjà dépassé les trente ans de fonctionnement. La France ne peut pas prétendre soutenir les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique tout en continuant à gaspiller des millions d'euros pour maintenir en fonctionnement un parc vieillissant et dangereux.
Dans les mois qui viennent, le Réseau "Sortir du nucléaire" agira pour obtenir une fermeture plus rapide de Fessenheim et, surtout, pour faire en sorte que celle-ci ouvre enfin la voie à une véritable sortie du nucléaire en France. Ainsi, le 13 octobre, nous nous mobiliserons pour exiger la fermeture des réacteurs qui ont dépassé les trente ans de fonctionnement, ainsi que l'arrêt du chantier de l'EPR et de sa ligne Très Haute Tension (THT).
Réaction d'Europe Ecologie les Verts Alsace et Sandrine Bélier, députée européenne
" Fessenheim 2016 - encore un effort Monsieur le Président !"
En annonçant officiellement, à l’occasion de la Conférence Environnementale, la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim à l'horizon 2016, le Président de la République fixe une échéance à l’engagement d'arrêt de cette centrale.
Et cet engagement impose dès aujourd’hui de démarrer un travail sur le pôle d’excellence du démantèlement, sur le maintien du volume des emplois et sur la transition énergétique dont l’Alsace a besoin notamment dans le domaine de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.
Il y a quelques mois, l’Autorité de Sûreté Nucléaire exigeait de la part d’EDF des travaux de sécurisation estimés à plus de 20 millions d’euros par réacteur (soit un total de plus de 80 millions d’euros pour le site) afin de rendre « sûre » une prolongation de cette centrale.
Alors même que le 10 septembre se produisait le 25° incident sur cette même centrale : il rappelait l’obsolescence de cette centrale, la plus vielle de France.
Nous ne comprendrions pas que cette somme importante ne soit pas réinvestie rapidement sur cette filière de démantèlement et sur les emplois durables et non délocalisables liés à la transition énergétique.
Pour Europe Ecologie les Verts Alsace et Sandrine Bélier, Eurodéputée, la raison économique impose donc une fermeture plus rapide comme l'ont d'ailleurs demandé des centaines de communes alsaciennes tout au long de l'année 2011.
Alain JUND Sandrine BELIER
Porte Parole Régional Députée Européenne
Europe Ecologie les Verts Alsace
Les explications
Les précisions de Géraldine Dreyer dans le journal d'Anne de Chalendar
Fessenheim : le point sur la déclaration de F... par France3Alsace
L'extrait du discours de François Hollande
Le président de la République anonce la fermeture de Fessenheim.
L'annonce de François Hollande sur la fermeture... par France3Alsace