Etat des lieux en Lorraine.
Mercredi 15 août, au fort de Brégançon, François Hollande à reçu une délégation d'opposants à l'exploitation du gaz de schiste.
Au cours de cette entrevue, le Président de la République a réaffirmé l'opposition du gouvernement à l'utilisation de la technique dite de "fracturation hydraulique".
Yan Daluzeau, porte-parole d'un collectif varois d'opposants au gaz de schiste, s'est dit "rassuré" par cette entrevue avec François Hollande. Témoignant au micro de nos confrères de France Info, il souligne également que le gouvernement prévoit une refonte du code minier dans les prochaines semaines et que pour le Président de la République il n'y aurait pas d'exploitation "tant qu'il n'y aurait pas de techniques sûres".
En Lorraine, et d'après nos collègues de France Bleu Nord, certains experts avancent que l'exploitation de cet hydrocarbure pourrait permettre la création de près de 5000 emplois.
Le débat sur les gaz de schiste, chronologie des faits :
En mars 2011, alors que le gouvernement semblait prendre position en faveur d'un abandon de la captation de gaz de schiste pour répondre à la polémique autour des projets d'exploitation du gaz de schiste dans le sud de la France, EPL (Elixir Petroleum Limited), une société australienne annonçait qu'elle avait procédé à des recherches de gaz de schiste en Lorraine dès 2010.
Dans ce document en date du 31 mars 2011, destiné à ses actionnaires, EPL se félicitait des résultats de prospection obtenus et annonce qu'elle va les poursuivre.
il était notamment précisé page 2 que des recherches avaient porté sur les 12 derniers mois sur la présence de gaz de schiste* dans la zone de prospection du Permis Moselle.
Recherches qui avaient été annoncées dès 2010 mais qui n'avaient finalement été réalisés qu'à partir de documents déjà existants.
Ce que confirmait en interview Andrew Ross, managing director d'EPL (voir à 2'30 dans la vidéo) : "The main objective was (...) to undertake details, assesments and characterisations of the potential shale ressources within the (Moselle) Permit."
Sur le terrain, aucune exploitation n'est actuellement menée en Lorraine, selon la DREAL et la Préfecture de Moselle et de la Région Lorraine, seuls des forages de recherche de gaz (prospection) de houille (grisou) étaient et restent aujourd'hui autorisés dans notre Région.
Alain Liger, le directeur de la DREAL de Lorraine a précisé en avril 2011 qu'EPL n'avait réalisé aucun forage ces 10 derniers mois et que son étude sur la présence de gaz de schiste portait exclusivement sur des données obtenues auparavant et sur leur extrapolation.
Voir le détail des permis.
*Il existe 3 grandes sortes de gaz "non conventionnels" : les gaz de schiste (shale gas), de grès et de houille (tight gas).
Réalisé sur demande de la ministre, à la fin du prentemps, un rapport provisoire préconisait des études de terrain complémentaires afin de se prononcer sur l'autorisation ou non de la future exploitation des gaz de schistes.
Les opposants craignaient qu'il soit un feu vert aux futures exploitations avec cependant une dimension économique avant d'être environnementale, dans un contexte de raréfaction annoncée des sources d'énergie fossile. " D'un point de vue technique et économique, la probabilité que l'accès à ces gisements permette à notre pays, à un horizon temporel à préciser, de réduire très sensiblement ses importations d'hydrocarbures et de limiter d'autant le déficit de sa balance commerciale n'apparaît pas négligeable". [ Extrait du rapport provisoire, Point 1 des éléments de conclusion ]
Le 1er juin 2011, les sénateurs UMP ont adopté un texte autorisant le maintien des permis d’exploration pour les gaz de schiste s’il n’y a pas recours à la fracturation hydraulique. Un texte rejeté par la gauche et les écologistes qui demandent une interdiction pure et simple d’exploration et d'exploitation.
Une commission de 7 députés et 7 sénateurs a ensuite rédigé un texte qui a été soumis au vote définitif des 2 assemblées et définitivement adopté le 30 juin 2011. La Loi a été promulguée le 13 juillet, publiée au Journal Officiel le 14 juillet 2011 et rectifiée le 11 août 2011.
Les titulaires de permis ont eu alors deux mois pour faire connaître les techniques qu'ils envisagaient d'utiliser en cas d'exploration et d'exploitation. Les rapports ont été réceptionnés jusqu'au 13 septembre par la Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC). Pour les titulaires de permis dont les explications n'étaient pas claires ou qui revendiquaient l'usage de la fracturation hydraulique, les permis ont été supprimés par le ministère de l'environnement qui l'a annoncé le lundi 3 octobre 2011.
Les 61 autres détenteurs de permis -dont 8 pour des permis autorisant la recherche de gaz de houille, parmi lesquels EPL (Elixir Petroleum Limited) en Lorraine- se sont formellement engagés selon le ministère, à ne pas ou plus rechercher des huiles et gaz de schiste et tous ont pris l'engagement formel de ne pas recourir à la fracturation hydraulique.
Ils peuvent en revanche rechercher des hydrocarbures conventionnels comme le gaz ou le pétrole. Et ces recherches et éventuelles exploitations, dont celles qu'envisagent EPL) seront suivies de près par les services de l'Etat en Région (DREAL).
Pour aller plus loin:
Une animation expliquant la technique de fracturation hydraulique.
L'état des lieux des concessions sur le site de la DREAL Lorraine.
Un dossier du Ministère de l'Ecologie sur le gaz de schiste.
Une présentation des différents gaz non conventionnels (en anglais).
Le site lorrain Mirabel Lorraine Nature Environnement (propose un dossier informatif).
Le site du documentaire Gasland (en anglais)
Une version française inédite de Gasland proposée par La Télé Libre.
Le site Terre Sacrée (contre l'exploitation des gaz non conventionnel).
Le site Amasse-Mousse (contre l'exploitation des gaz non conventionnel).
Un blog canadien (tenu par un opposant à l'exploitation des gaz de schiste)
Les recherches en Lorraine d'European Gas Limited (en anglais).
Les sites français de Lundin International (en anglais).
Un éclairage de Jean-Claude Bernier de la Société chimique de France (SCF)
Le sous-sol Lorrain en pleine exploration
Plusieurs entreprises tentent de trouver des hydrocarbures en Lorraine.
Au total dans notre région, 7 permis de forage d'exploration sont en cours et 2 autres sont à l'étude*.
Ces permis sont délivrés par la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL qui a remplacé la DRIRE) à des sociétés chargées d'identifier les ressources en gaz conventionnel (le gaz naturel) et non conventionnel.
Dans cette dernière catégorie figurent notamment le gaz de schiste et le gaz de houille.
Seul le gaz de houille est autorisé à la prospection notre région.
Les réserves en sont estimées à 28 milliards de m3 selon la société European Gas Limited, implantée en Moselle depuis 2004.
* Les permis accordés ou en cours d'instruction (données de 2010):
7 permis d’exploration en cours : cliquez pour voir la carte / voir la liste
3 permis pour le Gaz naturel (conventionnel, celui qui alimente nos chaudières) :
Permis de L'attila (Galli Coz SA et Tethys Oil AB)
Permis du Saulnois (Lundin International et GDF E&P Management)
Permis Est Champagne (Lundin International)
4 permis Gaz de houille (grisou) :
Permis de Moselle (East Paris Petroleum Development Ltd, possédée à 100% par EPL)
Permis de Lorraine (Vermilion REP SAS)
Permis bleue lorraine (Heritage Petroleum Plc et EGL)
Permis bleue lorraine sud (EGL)
2 permis en cours d’instruction :
Permis bleue Lorraine Nord : Gaz de houille (EGL)
Permis Forcelles : Pétrole (TERRE en concurrence avec Cambrian Ressources)
Exploration du sous-sol de Vaxy (Moselle)
C'est la seconde exploration menée par le groupe suédois Lundin Petroleum.
A Vaxy (Moselle), les recherches de gisement de gaz de houille (grisou) ont repris début 2011 après 18 mois de suspension du forage d’exploration d'hydrocarbures mené par le pétrolier Lundin International qui s'est félicité des premiers résultats obtenus.
Cette exploration fait suite à une première recherche à l'automne 2008, effectuée à l'époque, déjà pour trouver des hydrocarbures, huiles et gaz conventionnels, dans le sous-sol gréseux du Saulnois : voir notre reportage de l'époque.
Les inquiétudes des défenseurs de l'environnement
L'exploitation du gaz de houille lorrain peut potentiellement provoquer d'importantes atteintes environnementales.
Associations de défense de l'environnement, élus écologistes, ils sont nombreux à dénoncer le manque d'information et de transparence sur les incidences environnementales de l'exploitation des huiles et gaz non conventionnels.
L'inquiétude principale porte sur l'actuelle méthode d'exploitation utilisée en Amérique du Nord (et qui a fait l'objet d'un documentaire très médiatisé : Gasland ) : le forage horizontal et la fracturation hydraulique.
Mais si l'exploitation doit être effectuée, il existe une autre technique, moins polluante quela fracturation hydraulique : le pompage dont la mise en œuvre dépend de la porosité des veines de charbon non-exploitées ou de leur taux de fracturation.
Interrogée le 2 février 2011 par le député écologiste (EELV) Yves Cochet sur les risques liés à l'exploitation par fracturation hydraulique des hydrocarbures non conventionnels, la ministre Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) a annoncé la suspension des explorations et le lancement d'une mission d'étude dont le rapport sera rendu le 31 mai 2011 et sera accessible au public.
Les opposants veulent aller plus loin et réclament l'abandon pur et simple de toute exploitation des hydrocarbures non conventionnels dans le souci de préserver l'environnement. Et début avril, le gouvernement semble s'orienter vers une remise en cause de l'exploitation du gaz de schiste en France.
Pour la société française Total, le gaz de schiste est vu comme "un potentiel prometteur".
Les permis d'exploitation en Lorraine
Mercredi 12 octobre 2011, le gouvernement a rendu publique la liste des permis abrogés pour les explorations et exploitations en France de gaz de schiste et hydrocabures naturels et de ceux toujours valides.
Vous pouvez vous-aussi consulter la carte de France à jour des permis :
En Lorraine, ceux d'Elixir Petroleum (permis exploration Moselle) et de Lundin (permis pour exploration "Pays du Saulnois") sont maintenus, les 2 industriels s'engageant à ne pas utiliser la fracturation hydraulique.
Le cas EPL :
La société australienne Elixir (EPL) souhaite exploiter les milliards de mètres cubes de pétrole qu'elle dit avoir identifié dans le sous-sol lorrain et espère pouvoir faire pression avec les autres pétroliers pour réussir à faire revenir le gouvernement sur la non-utilisation de la fracturation hydraulique dans l'exploitation des gaz de schiste.
EPL a annoncé le 16 septembre avoir trouvé 164,7 milliards de barils d'huile de schiste et 649.707 milliards de pieds-cubes de gaz de schiste dans le sous-sol lorrain.
Une quantité d'hydrocarbures non conventionnels qui ne serait pas exploitable sans utilisation de la fracturation hydraulique et qui donc ne devrait pas être exploité si la loi du 13 juillet 2011 est appliquée.
Une quantité d'ailleurs, dont la réalité semble douteuse à un géologue du Bureau exploration production des hydrocarbures (BEPH), dépendant du ministère de l'Energie.
Toutefois un scientifique lorrain souhaitait dans une interview à France Soir que des forages d'évaluation soit autorisés et estime que si la quantité annoncé est réelle, elle est une chance pour notre région. Selon lui, "il y a des techniques de fracturation hydraulique qui sont moins polluantes aujourd'hui que celles que celles utilisées par les américains dans les années 90."
Dans le même temps, EPL qui espère pouvoir influer sur le gouvernement français afin qu'il revienne sur l'interdiction de la fracturation hydraulique (voir p3 du communiqué en anglais et à 2min50 dans l'interview en anglais d'Andrew Ross, managing director d'EPL), annonce avoir identifié une réserve de 2,1 milliards de barils de pétrole conventionnel ou, alternativement, 2,1 milliards de pieds-cubes de gaz conventionnel dans le sous-sol lorrain prêts à être forés, sous réserve d'en obtenir l'autorisation.
Des autorisations que l'exploitant annonce vouloir demander rapidement pour débuter les forages en Lorraine dès l'été 2012.