Le tribunal de commerce de Lisieux a ordonné la prolongation de la période d'observation de deux mois
Le groupe Bitar, propriétaire du fabricant de contreplaqué qui emploie 277 personnes, veut fermer les sites de Fontenay-le-Comte (Vendée) et de Lisieux (Calvados) et concentrer son activité sur le site de Magenta, dans la Marne. Ce plan de continuation a été présenté ce jeudi au tribunal.
Deux mois de répit : c'est ce qu'ont obtenu ce jeudi 26 juillet 2012 les salariés de Plysorol auprès du tribunal de commerce de Lisieux. Si les salariés ne sont pas soulagés pour autant, cela signifie que les deux usines de Lisieux et de Fontenay-le-Comte ne fermeront pas dans l'immédiat.
La justice a en effet décidé de prolonger de deux mois la période d'observation de ce fabricant de contreplaqué placé en redressement judiciaire le 7 juin dernier. "On va pouvoir passer des vacances tranquilles mais tout le problème restera à régler et nous ne sommes pas soulagés", a déclaré la secrétaire CGT du Comité central d'entreprise Marie-Christine Mallet, salariée du site marnais, à l'issue de l'audience lors de laquelle une soixantaine de salariés s'étaient assemblés.
Plan de continuation : opposition des salariés
Marie-Christine Mallet a indiqué que le personnel s'opposait au plan de continuation
proposé. "Nous allons nous mobiliser, nous battre, pour défendre les emplois et
non pas pour un plan social", a-t-elle dit.
Selon Mme Mallet, le tribunal étudiera également la possibilité d'un plan de cession
à un repreneur pour cette entreprise passée en 2010 dans le giron de Ghassan Bitar,
actionnaire majoritaire libanais du groupe John Bitar en Co, basé au Ghana.
(Plus de détails sur ce plan de continuation ci-dessous.
Main basse sur la forêt gabonaise ?
Parmi la soixantaine de salariés rassemblés devant le tribunal, certains accusaient
Ghassan Bitar d'avoir repris Plysorol en 2010 uniquement pour mettre la main sur les droits forestiers que possède l'entreprise au Gabon. "Ghassan Bitar nous a menés en bateau et a transféré ces droits à une société du nom de John Bitar Gabon en février 2012", a assuré Michel Souriou, délégué CGT à l'usine de Lisieux.
Ces droits portent sur 600.000 hectares et ont, selon le syndicaliste, "une énorme
valeur", bien supérieure à l'argent versé par Ghassan Bitar pour reprendre l'entreprise.
Un expert a d'ailleurs à ce sujet été désigné au cours de l'audience de ce jeudi pour vérifier la légalité de ce transfert des avoirs forestiers dans une autre société.
Quelques repères
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Retour sur l'audience de ce jeudi 26 juillet 2012
Plysorol : les salariés réunis devant le... par France3-Champagne-Ardenne
Plan de continuation : qu'envisage Ghassan Bitar ?
Il aimerait transférer une partie des personnels de Lisieux et de Fontenay, ainsi que des machines, sur le site marnais.
Pour accompagner ce plan de continuation, le groupe doit apporter 700.000 euros de financement. Mais ce projet doit encore être homologué par le tribunal de commerce qui devrait à nouveau examiner le dossier le 6 septembre prochain.
Celui-ci jugera-t-il suffisant l'apport de 700 000 € prévu dans ce plan de reprise ?
Selon Me Ludovic Doutreleau, l'avocat de l'actionnaire du groupe Ghassan Bitar, ce dernier s'est engagé à apporter les sommes nécessaires - soit 700.000 euros - au financement de cette période d'observation qui doit s'achever le 26 septembre.
Le tribunal doit à nouveau se réunir pour examiner l'avancement du dossier le 6 septembre prochain. Durant ce laps de temps, l'actionnaire doit finaliser son plan de continuation qui prévoit la fermeture des sites de Lisieux (70 salariés) et de Fontenay-le-Comte en Vendée (112) et le regroupement de l'activité sur l'usine d'Epernay dans la Marne (95).
Ce plan de continuation suscite bien des interrogations du côté de la Marne notamment : le site d'Epernay est-il en mesure d'absorber les dettes des autres sites (estimées à 15 millions d'euros) ? Le site est-il vraiment le plus judicieux des trois à garder ? L'enthousiasme n'est pas encore totalement de mise du côté de Magenta, où trop de questions, d'incertitudes, subsistent encore.
La direction du groupe a dit "(mesurer) totalement l'impact des conséquences sociales de ce plan et le (regretter) profondément".
Le bois : l'or vert de Plysorol
Ce qui inquiète les salariés : que Ghassan Bitar ait repris l'entreprise pour faire main basse sur la fôrêt gabonaise
Ce sont ces terres qui font la richesse potentielle de la société et attisent l'intérêt des actionnaires successifs.
- le Chinois Guohua Zhang qui rachète en 2009 la société alors en redressement judiciaire. Il promet de maintenir les emplois. En échange, il met la main sur l'immense patrimoine forestier de Plysorol au Gabon.
"Je me rappelle d'une photo où on voyait des ouvriers et des ouvrières de Plysorol le remercier, la larme à l'oeil. C'était une arnaque, il s'est bien moqué d'eux", se rappelle Jacky Bonnemains, porte-parole de l'association écologiste Robin des Bois.
M. Zhang n'investit pas en France alors que le site de Lisieux, vétuste, a besoin
d'être modernisé. Plysorol accumule les impayés et dépose le bilan un an plus tard.
- Plysorol est repris en octobre 2010 par Ghassan Bitar, actionnaire majoritaire du groupe basé au Ghana. Cent cinquante et un emplois sont supprimés à Lisieux, mais Bitar s'engage à investir trois millions d'euros sur le site pour le moderniser. Aujourd'hui, le projet de fermeture du site provoque le désarroi des élus locaux, qui dénoncent des promesses non tenues.
"On voit bien qu'il n'y a aucune action de modernisation d'un côté comme de l'autre. Les deux voulaient surtout avoir l'autorisation d'exploiter les hectares en Afrique", regrette le maire de Lisieux, Bernard Aubril (UMP), auprès de l'AFP. En Vendée, le conseil général remet en cause le transfert des droits d'exploitation de Plysorol au groupe Bitar. Les salariés "sont en droit de considérer que M. Bitar, qui s'était engagé à la barre du tribunal de commerce à sauvegarder l'activité de l'entreprise, en opère désormais le démantèlement tout en ayant pris soin auparavant d'organiser le transfert des forêts gabonaises", écrit le président du département de Vendée, Bruno Retailleau, dans une lettre à la ministre de