ULCOS quasi-condamné par la Commission Européenne

Bien que retenu par la Comission Européenne, le projet a néanmoins peu de chances d'être financé.

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Hayange - Défenseurs de l'environnement vs ULCOS

Des associations de défense de l'environnement sont farouchement opposées au projet ULCOS de stockage de CO2 qui présente selon elles de gros risques écologiques et sanitaire. Explications.

Contrairement à ce qu'il avait expliqué par téléphone à notre journaliste vendredi 13 juillet (voir ci-dessous), le porte-parole de la Commissaire européenne à l'action climatique a précisé  lundi 16 juillet, par mail, que "le tableau des 8 sites pré-retenus pour un financement européen était bel et bien un classement".

Un classement dans lequel le projet ULCOS figure à la huitième position. Ce qui lui offre peu de chance d'être retenu puisque seuls deux à trois projets pourraient être financés au final.

Michel Liebgott, député de la 8ème circonscription de Moselle a souhaité réagir sur l'avenir du projet ULCOS. Interview par Eric Molodtzoff.


Interview de Michel Liebgott par France3Lorraine

Ce qui avait été annoncé vendredi 13 juillet :

L'annonce de la publication de la "short-list" des 8 projets avait été faite sur Twitter par la commissaire européenne à l'action climatique, la danoise Connie Hedegaard : "la liste des projets pour les énergies renouvelables et technologies sobres en carbone" jeudi 12 juillet 2012.

Une liste principales de huit projets dont le projet ULCOS.

De ces 8 projets (annexe 1 en page 6 du document), deux à trois seulement pourront être financés par la commission grâce à un programme spécial de financement appelé NER300 qui correspond à la vente de 300 millions de quotas CO2.

Dans le tableau des huit projets retenus, ULCOS figure à la dernière ligne, ce qui a fait penser à un certain  nombre d'observateurs que ce tableau était en réalité un classement des projets et qu'ULCOS était d'ores et déjà condamné. (Ce qui est donc le cas, ndlr le 16 juillet)

"Pas du tout", précise Isaac Valer-Ladron, porte parole de la Commissaire Hedegaard interrogé par téléphone par notre journaliste Jean-Christophe Dupuis-Rémond vendredi 13 juillet 2012, "tous les projets ne seront sans doute pas retenus (2 voire 3 probablement, ndlr), tout dépendra de la monétarisation des quotas CO2. Mais actuellement les 8 projets (dont Ulcos) de la 1ère liste principale sont tous à égalité. Le choix final du nombre de projet de la liste et de ceux retenus selon le calendrier annoncé se fera en toute transparence lors de l'annonce finale en octobre 2012."

La liste définitive des deux ou trois bénéficiaires de cet appel d’offres européen lancé en novembre 2010 sera donc connue en octobre 2012. Il concernera des projets qui seront officiellement soutenu par les États membres concernés.

Pour aller plus loin :

Présentation du projet ULCOS.

Réactions politiques à la décision de la Commission Européenne.

UlCOS, c'est quoi ?

Présentation du projet.

ULCOS ("Ultra low carbon dioxide (CO2) steelmaking") est un ambitieux projet-pilote européen de captage-stockage de CO² produit par les haut-fourneaux.

Il est porté par un consortium de 48 entreprises et organisations de 15 pays européens coopérant pour réduire de manière drastique les émissions de dioxyde de carbone liées à la production d’acier.

En Lorraine, il concerne la production de gaz des haut-fourneau P3 et P6 d'Hayange situés sur le site d'ArcelorMittal.

Objectif : réduire de 50% les rejets de CO² dans l'atmosphère.

Cette implantation d'ULCOS en Lorraine, plusieurs fois évoquée depuis la fermeture de Gandrange semble toutefois remise en question depuis l'arrêt (toutefois annoncé comme temporaire) du P6 à Hayange (voir notre fiche info sur la situation de la sidérurgie Lorraine).

Or ULCOS n'est envisageable que si les hauts-fourneaux rejettent du gaz et donc s'ils sont rallumés par ArcelorMittal !

Autres conditions, un financement complet du projet (pas encore acquis), et l'identification de la zone de stockage en sous-sol qui n'est pas encore trouvée.

Un éventuel stockage que refusent déjà un groupement d'associations.

Ulcos retenu par la Commission : réactions

Philippe Tarillon, PS, Maire de Florange (le 16 juillet, après la correction de la Commission) :

Je ne peux que m’étonner face à la valse hésitation de la Commission Européenne quant à l’avenir du projet ULCOS. Jeudi 12 juillet dernier, la Commissaire Européenne à l’action climatique, Connie Hedegaard, faisait publier la liste de 8 projets retenus, dont ULCOS. Son porte parole a bien précisé à ce moment qu’il ne s’agissait que d’une liste où tous les projets étaient à égalité.
 
À ce jour, il se confirme que la liste préparée par la B.E.I. et validée par la Commissaire en charge du réchauffement climatique, comprend un classement et que ULCOS est classé en 8 ème position. Le point positif est qu’ULCOS figure BIEN sur cette short list, mais rien n'est acquis, loin de là, puisque seuls 2 ou 3 projets seront retenus. Il faudra la mobilisation de tous, et au plus haut niveau, pour obtenir une décision positive. Il est vrai que la stratégie de Mittal, avec l'arrêt sine die des installations, ne facilite pas la tâche.
 
Je m’étonne par ailleurs de la composition de cette short list. En effet sur les 8 projets retenus, on ne compte pas moins de 4 projets britanniques et parmi les deux figurant sur la liste complémentaire, un autre projet britannique. Est-ce là la récompense pour le Royaume-Uni de son militantisme européen ? J'ignorais qu’ils étaient à ce point impliqués dans la lutte contre le réchauffement climatique !
 
Je ne cesserai de m'employer à la mobilisation autour du projet ULCOS. Toutes les forces politiques, économiques et sociales doivent intervenir, maintenant. Tous les élus nationaux, européens et locaux doivent en faire de même. Nous pouvons compter sur la mobilisation des pouvoirs publics et au plus haut niveau, François Hollande ayant apporté clairement son soutien à ULCOS auprès du Président Barroso dès le 30 novembre 2011.
 
J'ajoute qu'ULCOS est le seul projet français qui figure dans la short list qui a été portée à notre connaissance. Il est impensable que la France ne figure pas dans la liste finale de NER 300.
 
On ne lâchera rien !

Michel Liebgott, PS, député de la circonscription :

Les propos contradictoires se sont succédé hier après la publication par le commissaire européen Connie HEDEGAARD, de la short list des projets retenus par la banque européenne d'investissement pour bénéficier des financements du programme NER300.
Ceci est parfaitement compréhensible tant les craintes sont grandes aujourd'hui pour l'avenir de la sidérurgie en France et en Europe alors que les mauvaises nouvelles économiques se multiplient, du coté des constructeurs automobile notamment, et que la croissance dans les pays de la zone euro est toujours en panne. Notre région et ses acteurs socio-économiques sont particulièrement touchés par cette crise qui dure et le projet ULCOS est toujours considéré comme une petite bouffée d'oxygène car générateur d'activités pour des bassins qui en sont aujourd'hui fort dépourvus.
Après l'annonce d'ArcelorMittal, cette semaine encore, d'un plan massif de restructuration dans les fonctions support et alors que 7 hauts fourneaux du groupe sont toujours à l'arrêt en Europe, on peut aisément comprendre le vent de panique et d'émotion qui a traversé hier nos territoires et ses populations.
En réalité, et je le dénonce, c'est bien l'absence d'explication donnée par la commission européenne sur ses méthodes et critères de choix qui explique une telle pagaille. Publier une telle liste par twitter sans complément d'explication, alors que le climat socio-économique est tendu, relève sinon de la provocation du moins de l'inconséquence.
Après avoir rencontré la semaine passée les membres de la commission « Montebourg », présidée par Pascal FAURE, qui planche sur l'avenir du site intégré de Florange, je demeure convaincu que le projet ULCOS est déterminant pour l'avenir de la filière liquide lorraine. L'obstacle est aujourd'hui plus d'ordre conjoncturel que technique et financier. En effet, la croissance et l'activité industrielle sont trop faibles pour que le marché du CO2 soit haussier. Avec une tonne de CO2 sur le marché carbone à 5/8 euros, l'intérêt économique du captage de CO2 est moindre et de surcroît peu générateur de revenus à réinjecter dans le programme NER300 par la commission européenne, d'où des choix nécessairement plus restrictifs.
Il donc nécessaire de poursuivre le lobbying engagé depuis plusieurs années, tant auprès de la commission européenne que du gouvernement français pour que le projet ULCOS soit retenu définitivement. De son côté le groupe ArcelorMittal doit également dire quelle est sa stratégie sur ce sujet, comme pour les autres, car il est une évidence que le prolongement de l'arrêt des HF de Hayange ainsi que le projet lean ne doivent pas être perçus de manière positive par les décideurs du programme NER300.
Pour ma part, dans cette optique de persévérance et d'exigence que j'ai évoquée, avant même la publication du rapport Faure, fin juillet , je vais prendre contact avec le cabinet du Ministre du Redressement Productif, pour connaître leur stratégie et obtenir la garantie de la pérennité de l'aide financière de l'Etat via le grand emprunt. J'en ferai de même auprès de ma collègue, présidente du groupe socialiste au parlement européen, Catherine trautmann, avec qui je travaille sur ces questions depuis notre réunion avec ArcelorMittal à Bruxelles en juin 2011.
Pour le reste, et nous aurons l'occasion d'y revenir, subsiste la nécessité d'une Loi pour faire pression sur ArcelorMittal aussi bien dans un cadre français qu'européen et in fine faire des efforts considérables dans le domaine de la recherche et de l'innovation pour permettre à la sidérurgie lorraine de continuer à vendre ses produits ici en France et bien au-delà de nos frontières.

Jean-Pierre Masseret,PS, président du Conseil Régional de Lorraine :

Je viens d’apprendre que le projet ULCOS faisait partie d’une liste de 8 projets de captage et stockage de CO² présélectionnés par la Commission européenne.

C’est une bonne nouvelle pour la sidérurgie lorraine et les salariés d’Arcelor-Mittal. Ce projet s’il se concrétisait, permettra de faire vivre l’activité industrielle, de maintenir les emplois en Lorraine pour les 20 à 30 ans qui viennent.

Cette présélection n’est qu’un premier pas. La décision définitive sera prise comme prévu initialement au mois d’octobre prochain.  Elle doit être pour Mittal un élément utile pour investir en faveur de la reprise d’activité des hauts fourneaux.

Notre mobilisation et notre soutien au projet doivent être encore plus forts d’ici là pour qu’ULCOS se concrétise véritablement en Lorraine et amène la prise de responsabilité de la part de Mittal et du Gouvernement dans sa relation avec le Groupe.

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