Passionné de land'art, Patrick Straub réalise des mandalas géants dans la neige. Basé à Schweighouse-sur-Moder, ce conseiller pédagogique en arts plastiques à la retraite dédie ses oeuvres à sa petite-fille Eva, 9 ans, qui vit loin de lui, en Russie.
Il scrute le ciel en attendant la neige et un rayon de soleil, deux éléments indispensables pour exercer son art. Patrick Straub réalise des mandalas dans la neige immaculée. Cet habitant de Schweighouse-sur-Moder (Bas-Rhin), conseiller pédagogique en arts plastiques à la retraite, s’est découvert une passion pour ces dessins géants et éphémères en pleine nature.
Avant la neige, le sable
Tout a commencé en Bretagne. En vacances entre le Cap Fréhel et celui d’Erquy, Patrick Straub est subjugué par les grandes plages désertes qui s’offrent à lui. "Une vraie plage blanche", explique-t-il dans un sourire. "Quand j’ai commencé à tracer, j’ai ressenti comme quelque chose de l’ordre du mystique. D’habitude quand on dessine, on est au-dessus de son œuvre. Là, je me retrouvais dedans. Cela m’a rendu heureux". L’idée de ces dessins géants est partie de là.
Pour admirer le résultat dans son ensemble, l’Alsacien cherche des points en hauteur. Les falaises bretonnes sont parfaites pour cela : "J’ai l’impression d’avoir la vision des anges".
Des plateaux du Jura aux prés alsaciens
Après le sable, Patrick Straub s’attaque aux plateaux enneigés et immaculés du Jura. Il s’essaie aussi dans les prés non loin de chez lui, du côté de Schweighouse-sur-Moder. "Je fuis les traces de pas car ils masquent mes dessins. Mais si c’est un animal qui passe, je lui pardonne !".
Armé d’une ficelle et d’un piquet, il commence toujours par tracer de grands cercles dans la neige tout en prenant soin de toujours marcher dans ses pas. Ensuite, dans ces structures, il réalise des dessins symétriques. Lorsqu’il a fini, il se retire en marchant sur ses propres traces afin de préserver son œuvre au moins pour quelques heures.
Car, oui, ces œuvres sont, toutes, éphémères. Sur les plages bretonnes, la marée lui laisse trois heures pour dessiner et profiter. Sur la neige, c’est encore plus aléatoire : une averse de neige et tout disparaît. C’est le principe et l’intérêt du land’art qui le passionne tant : "Le land’art m’a appris l’humilité. Je suis à la merci de la nature, du soleil. Je regarde sans arrêt le ciel. Finalement, cela m’élève et me rend heureux".
Pour avoir une vue d’ensemble, il a investi dans un drone, passé son brevet et découvre ainsi ses dessins par 150 mètres de hauteur. Grâce à cet outil, il peut fixer pour l’éternité ces souvenirs.
Dessins extr’art terrestre ?
Pour ceux qui l’observent à l’oeuvre, son art intrigue et interroge : "A chaque fois que je commence un dessin, il y a toujours quelqu’un qui me demande si cela a un lien avec les extraterrestres !" D’autres, plus prosaïques, pensent qu’il est géomètre.
Il y aussi l’anecdote de ce couple qui l’interpelle de loin en criant : "Arrêtez, arrêtez ! On les a retrouvées !" Brandissant une paire de lunettes de soleil, l’homme et la femme croyaient qu’il les avait perdues. D’autres viennent le remercier : "L’été dernier, certains sont venus me dire que c’était un beau cadeau de déconfinement. J’étais heureux de les rendre heureux".
Si Patrick Straub met autant de cœur dans ses œuvres, une vingtaine au total, c’est aussi parce qu’il les trace en pensant à sa petite-fille Eva, 9 ans, qui vit en Russie. Privé de ses visites avec la pandémie, il lui dédie chacun de ses dessins.