Jeux paralympiques de Tokyo : entretien avec Béatrice Hess, la nageuse alsacienne aux 26 médailles

Plus sur le thème :

Avec 26 médailles, la haut-rhinoise Béatrice Hess est l'une des athlètes les plus titrées de l'histoire des Jeux paralympiques. Cette figure incontournable du handisport se réjouit de l'engouement public que suscitent aujourd'hui cette compétition.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

160 délégations ont défilé mardi 24 août 2021 pour l'ouverture des Jeux paralympiques de Tokyo, sous l'œil des caméras du monde entier. Une médiatisation qui réjouit l'Alsacienne, Béatrice Hess, parce que pour elle, ces Jeux sont un miroir tendu aux jeunes. Ils sont la preuve en image que malgré le handicap, chacun peut s'en sortir et être fier de ce qu'il est.

Alors, Béatrice Hess, 26 médailles aux Jeux paralympiques au compteur, savoure ce succès populaire qui n'a pas toujours existé. Longtemps, il y eut de l'indifférence, ou tout au plus, un regard quelque peu condescendant. Lorsqu'elle a remporté ses premières médailles dans les années 80, elle était "la handicapée qui faisait du sport". Tout cela a changé. Aujourd'hui, les sportifs handicapés sont eux aussi des athlètes de haut niveau. D'ailleurs, le montant des primes accordées aux médaillés d'or est le même pour les valides et non valides, soit 65 000 euros. "On s'est longtemps battu pour cela" martèle Béatrice Hess.

 

Béatrice Hess a toujours voulu voir le verre à moitié plein. Même lorsque rien ne va, sa nature profonde lui interdit de jeter l'éponge. Un tempérament de battante qui remonte à loin. Dès sa naissance, une ostéomyélite lui est diagnostiquée. La maladie lui ronge les os, et à 13 ans, elle ne se déplace plus qu'en fauteuil.

Une âme de battante

Cela ne l'a pas empêché de nager. Bien au contraire : la natation imposée dans le cadre de son cursus de rééducation est devenu son passeport pour une vie de championne. Le sport lui a procuré un sentiment de liberté incroyable, en plus de lui offrir un exutoire à sa révolte. Voilà pourquoi, inlassablement, Béatrice Hess se démène pour que tous les enfants handicapés puissent pratiquer une activité sportive, notamment à l'école. "Il ne faut pas se l'interdire. Il n'y a pas de contre-indication dit-elle. Il y a toujours moyen de trouver sa place. Même quand on ne peut pas pratiquer, on peut toujours être arbitre".

Cela s'appelle l'inclusion. Des athlètes handicapés auprès des valides et inversement. D'ailleurs, elle raconte cette anecdote ou elle s'est essayée à l'escrime avec la quintuple médaillée olympique Laura Flessel qui du coup, a découvert l'intérêt de s'entraîner en fauteuil. 

Le Covid m'a aidé à remonter

Béatrice Hess est une championne, en sport comme dans la vie. Pour elle, à l'évidence, les obstacles sont faits pour être surmontés. Elle aurait pu baisser les bras lorsqu'elle a été rattrapée par une nouvelle épreuve : la maladie de Pompe, maladie génétique qui provoque des atteintes musculaires. Peut-être même a-t-elle commencé à douter. Pendant quatre ans, elle a du se tenir éloignée des bassins. Plus possible de nager. Isolée, sur le banc de touche, mise à l'index. Elle a pris 26 kilos.

 

Et puis, le Covid a tout changé. Confinée chez elle, Béatrice Hess se laisse convaincre par sa fille de refaire quelques exercices de renforcement musculaire. Soulever des petits poids, s'étirer dans son fauteuil. Le corps, comme la tête, ne se résignaient pas à n'être plus rien. Alors, il a fallu trouver le courage d'enfiler un maillot de bain et d'affronter une nouvelle fois le regard des autres, d'abord chez une amie, puis à la piscine municipale de Colmar qui avait rouvert pour les personnes handicapées. Elle a aligné les longueurs, retrouvé des sensations, renoué avec ce qu'elle a toujours été : une immense sportive. "J'aurais pu faire les minimas pour aller aux Jeux paralympiques de Tokyo" rigole-t-elle. Elle est surtout très heureuse de ce pied de nez au destin. "On n'est jamais fini, dans la vie" déclare-t-elle. Pas question de lâcher prise. Jamais. 

 

 

 

 

Spécialités : Nage Papillon, Dos, Libre, 4 nages dans les distances de 50,100 et 200 m

- Sélectionnée aux Jeux paralympiques de New York 1984

4 médailles d’or au 25 m, 50 m, 100 m libre et au 25 m dos

- Sélectionnée aux Jeux paralympiques de Séoul 1988

3 médailles 1or au 25 m dos - 1 argent au 50 m libre - 1 bronze au relais 4 x 50 m 4 nages

- Sélectionnée aux Jeux paralympiques d’Atlanta 1996

7 médailles 6 or au 50 m papillon, au 50 m dos 45’86, au 100 m libre , au 200 m libre et au 200 m 4 nages  – 1 argent au relais 4 x 50 m libre

- Sélectionnée aux Jeux paralympiques à Sydney (Australie) 2000

7 médailles d’or avec record du monde au 50 m papillon, 50 m dos, 50,100 et 200 m libre, 200 m 4 nages et le relais 4 nages – 

- Sélectionnée aux Jeux paralympiques à Athènes (Grèce) 2004

5 médailles dont 2 en or au 200 m libre, au 100 m brasse et 3 argents au 50 m dos, 50 m libre et 100 m libre.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information