L'ancienne décharge Eselacker à Kingersheim près de Mulhouse, va accueillir d'ici 2021 une centrale photovoltaïque au sol, de 5 mégawatts. Le projet, porté par l'entreprise alsacienne Tryba Energy, permettra d'alimenter l'équivalent de près de 2.400 foyers par an en électricité.
Rien ne laissait présager dans les années 60 que le site Eselacker à Kingersheim serait voué quelque cinquante années plus tard à la production d'énergie propre. De 1959 à 1969, la Ville de Mulhouse exploite ici une décharge à ciel ouvert. Des milliers de tonnes de déchets d'ordures ménagères s'y entassent. Des déchets industriels, hospitaliers et des gravats y sont enfouis. Jusqu'en 1976 d'autres communes y déposent des déchets variés. Le volume total de déchets est alors estimé à 800.000 m3.
En 2019 le terrain, de presque 8 ha, reste très pollué. Des études ont montré la présence de composés toxiques et cancérogènes, de composés organochlorés volatils, des sulfates, métaux lourds, ammonium, pesticides...Trop coûteux à dépolluer, le terrain semble perdu. C'est là qu'entre alors en scène l'entreprise alsacienne Tryba Energy, spécialisée dans l'installation et l'exploitation de centrales photovoltaïques. "Sur des terrains comme l’ancienne décharge Eselacker, nous apportons une solution. Il y a beaucoup de terrain sur des sites dégradés, comme les anciennes décharges ou les friches industrielles très polluées, sur lesquels on ne peut rien faire, sauf avec nos projets qui se prêtent parfaitement à leur valorisation", explique Geoffrey Schall, chef de projet chez Tryba Energy.
"La centrale photovoltaïque aura un impact indirect permanent positif sur le climat"
L’entreprise prévoit d'installer sur le site Eselacker une centrale photovoltaïque au sol de 658 panneaux, pour une surface de plus de 26.000 m² de capteurs solaires. La production annuelle d’énergie de l’installation (6.220 MWh/an) représentera l’équivalent d’une consommation annuelle d’électricité de 2.392 foyers, hors chauffage et eau chaude. Le bilan carbone quantifié par la Mission régionale d’autorité environnementale du Grand Est fait apparaître "une économie estimée à 4.608 tonnes équivalents CO2 sur 30 ans, la durée de vie de l'installation. Par rapport à une production d’électricité dite "conventionnelle" la centrale photovoltaïque aura un impact indirect permanent positif sur le climat".
Un impact positif sur le climat, donc, et sur l'environnement aussi puisqu'une centrale photovoltaïque, c'est du recyclable à 99%: "Un panneau ce n'est rien d'autre que du verre et de l'acier", se plait à dire Geoffrey Schall. La durée de vie d'une centrale solaire est estimée à 30 ans mais l'exemple allemand montre, avec le recul, qu'on peut tabler sur 40. "En Allemagne ils sont à 45 gigawatts installés et nous, en France, seulement à 9. Donc il y a encore énormément de choses à faire." , rappelle Georges Schall.
La centrale photovoltaïque pourrait être mise en service dans le courant de l'année 2021, après dernières autorisations et sous réserve de l'obtention du permis de construire d'ici quelques mois.
L'entreprise Tryba Energy
Créée en 2008, l'entreprise Tryba Energy, basée à Gundershoffen dans le Bas-Rhin, s'est spécialisée dans l'installation et la maintenance de centrale photovoltaïque. Elle gère quelque 220 centrales en France et à l'étranger. En Alsace, l'entreprise a un chantier en cours sur le parking de l'écomusée d'Ungersheim et à Retzwiller une "cité solaire" de 25.000 m² de panneaux. L'entreprise se fournit de préférence pour ses chantiers locaux chez Voltec Solar, un des derniers fabricants français de panneaux photovoltaïques, basé dans le Bas-Rhin. Une façon, là aussi, de réduire le bilan carbone en économisant sur le transport.En Ukraine, l'entreprise est en train de construire une centrale de 7 mégawatts et en Ouganda, elle construit la première centrale avec trackers, un système permettant de suivre la courbe du soleil tout au long de la journée.