Un meurtre et une tentative de meurtre en Alsace, deux meurtres à Valence et en Ardèche : ces affaires sont-elles liées ? Des sources proches de l'enquête confirment des liens entre les différentes attaques. Le principal suspect, Gabriel F., 45 ans, est toujours en garde à vue.
Les enquêteurs avancent vite après les meurtres et tentative de meurtre survenues mardi 26 janvier dans le Haut-Rhin et le jeudi 28 janvier dans la Drôme et en Ardèche. Selon plusieurs sources proche du dossier, un lien aurait pu être établi grâce à l'ADN entre l'assassinat d'une conseillère Pôle Emploi à Valence (Drôme) et, deux jours plus tôt, la tentative de meurtre d'un homme à son domicile de Wattwiller (Haut-Rhin). L'agresseur se serait présenté à son domicile en se faisant passer pour un livreur de pizzas. Armé, il aurait mis en joug la victime et tiré, le frôlant de quelques centimètres. S'en est suivie une bagarre au cours de laquelle il a perdu son masque chirurgical portant son ADN.
La voiture rouge à bord de laquelle circulait le tireur présumé, Gabriel F., serait la même que celle repérée en Alsace. Selon nos informations, les enquêteurs seraient convaincus qu'il ne s'agit que d'un seul et même tireur et que les quatre attaques sont liées. Ils évoquent un "périple meurtrier". Lors de son arrestation, Gabriel F., pratiquant le tir sportif, était en possession de deux armes de poing : un taurus et un glock.
Une inconnue demeure : Gabriel F. est-il aussi l'auteur du meurtre d'Estelle Luce, cette responsable des ressources humaines retrouvée tuée par balles dans son véhicule sur le parking de son entreprise à Wolfgantzen le 26 janvier ? La procureure de Colmar en charge des deux dossiers alsaciens a demandé des examens médico-légaux complémentaires. En garde à vue, le tireur présumé interpellé à Valence est qualifié de "très intelligent". A l'heure de la rédaction de cet article, l'homme ne reconnaît pas les faits. Mais plusieurs similitudes dans les différents dossiers s'avèrent troublantes.
Dans un communiqué de presse, vendredi 29 janvier vers 18h15, la procureure de Colmar ne confirme ni n'infirme le lien entre le meurtre d'Estelle Luce et les meutres survenus dans la Drôme et l'Ardèche. "Si une similitude d'arme utilisée est mise à jour avec les faits commis dans la Drôme (même type d'arme), il n'est pas à ce stade établi qu'il s'agisse de la même arme", les analyses balistiques sont encore en cours. Selon le médecin légiste qui s'est déplacé à Wolfgantzen, la victime présente plusieurs plaies. Les conclusions de l'autopsie seront communiquées dans vendredi 29 janvier dans la soirée à la procureure. Dans le communiqué de la procureur, le lien avec l'arme qui a tué Estelle Luce n'est pas relié directement aux autres meurtres, "il apparaît que la victime a été tuée par usage d'une arme de poing de type Luger 9 mm".
Le profil des victimes
Mardi 26 janvier, à Wolfganzen (Haut-Rhin), c'est une responsable des ressources humaines, Estelle Luce, une mère de famille résidant à Orschwihr (Haut-Rhin), qui était retrouvée morte, tuée par arme à feu, dans son véhicule stationné sur le parking de l'entreprise Knauf où elle travaillait. Dans la même soirée, à 50 kilomètres de là, c'est aussi un directeur des ressources humaines, ancien responsable hiérarchique de la première victime, qui faisait l'objet d'une tentative de meurtre à son domicile, à Wattwiller (Haut-Rhin). Il est aujourd'hui DRH chez General Electric à Belfort.
Deux jours après les attaques survenues en Alsace, c'est également une directrice des ressources humaines, Géraldine Caclin, une mère de famille de 51 ans, qui était abattue, là aussi sur le site de son entreprise, à Guilherand-Granges (Ardèche). Le tueur présumé s'était auparavant rendu dans une agence Pôle Emploi à Valence (Drôme) où il avait pris pour cible une conseillère, Patricia Pasquion, elle aussi maman de deux enfants, âgée de 53 ans.
Dans les deux affaires, un lien professionnel entre les victimes et le tueur présumé semble donc s'esquisser.
Le déroulement des faits
En Alsace, comme en Ardèche et dans la Drôme, le déroulé des faits présente aussi des éléments similaires. A chaque fois, les agressions se déroulent dans une proximité de lieu et de temps. Aucun lien n'a toutefois été formellement établi à cette heure entre les deux attaques survenues dans le Haut-Rhin.
Une voiture rouge
Autre élément troublant : la présence d'une voiture rouge. C'est dans un véhicule de cette couleur que le meurtrier présumé de Valence et de Guilherand-Granges (Ardèche) a été interpellé, après avoir percuté un véhicule de police (voir la photo ci-dessous et la vidéo de l'arrestation relayée par France 3 Rhône-Alpes-Auvergne). C'est également un véhicule rouge qui aurait été signalé par la victime de la tentative d'agression de Wattwiller (Haut-Rhin), d'après son témoignage recueilli par France Bleu Alsace. Ce vendredi 29 janvier, des sources proches de l'enquête confirment la présence de ce véhicule à Valence, à Guilherand-Granges et à Wattwiller.
Des connexions entre les victimes et le suspect
La responsable des ressources humaines tuée à Wolfgantzen connaissait l'homme agressé à Wattwiller. Ce dernier avait été son supérieur hierarchique. Tous deux avaient conduit un plan de restructuration pour le compte du groupe américain Emerson dans une entreprise située à Gallardon près de Chartres (Eure-et-Loir), entre 2006 et 2008. Selon des témoignages d'anciens salariés rapportés par le journal des DNA, le tireur présumé de Valence et de l'Ardèche aurait travaillé dans cette même société à l'époque du plan social. L'homme mis en joug à Wattwiller aurait reconnu son assaillant avec lequel il avait travaillé.
Connexion aussi avec l'entreprise Faun Environnement, à Guilherand-Granges, où a été tuée une autre responsable des ressources humaines. Le suspect, aujourd'hui établi à Nancy (Meurthe-et-Moselle) y aurait était employé entre 2008 à 2010 d'après les informations publiées par l'Est Républicain.
Des liens qui se confirment
Le procureur de la République de Valence, Alex Perrin, estimait dans la soirée du jeudi 28 janvier qu'il restait "prématuré" d'établir un lien entre les agressions survenues en Alsace et deux jours plus tard dans la Drôme et en Ardèche. La procureure de Colmar ne confirmait pas non plus de relation entre les drames. Toutefois, selon l'AFP, une source proche de l'enquête évoquerait un "lien confirmé" entre les meurtres de la Drôme-Ardèche et celui du Haut-Rhin.
Le tireur interpellé à Valence a été placé en garde à vue jeudi matin. Celle-ci court jusqu'à samedi. Les enquêteurs ont procédé à des perquisitions de son véhicule et de son domicile.
Concernant la victime de Wolfgantzen (Haut-Rhin), une autopsie est réalisée ce vendredi 29 janvier à l'institut médico-légal de Strasbourg. La procureure de Colmar en charge des deux dossiers alsaciens a demandé des examens médico-légaux complémentaires.