Lorraine : ces députés qui veulent quitter l'Assemblée pour un mandat municipal

Une quarantaine de parlementaires envisagent d’abandonner les bancs de l’Assemblée pour se lancer dans la course aux municipales. Plus de la moitié sont des élus du Modem et de La République en Marche. Parmi eux, Laurent Garcia à Laxou et Richard Lioger à Metz.

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C’était le 18 juin 2017. Depuis sa mairie, Laurent Garcia prenait connaissance de sa victoire. Investi par La République en Marche, le maire de Laxou était élu député de la deuxième circonscription de Meurthe-et-Moselle, en battant au second tour la candidate Les Républicains, Valérie Debord. Son score : 66,82% des voix.
 
Un raz de marée pour celui qui avait pourtant longtemps hésité à se présenter. Coup de maître pour ce coup d’essai. A 47 ans, direction l’Assemblée nationale pour celui qui dirigeait la commune de l’agglomération nancéienne depuis neuf ans. Ses premiers mots, c’était pour France 3 lorraine : "Il y a un immense espoir. Les candidats de la République en Marche ne devront pas décevoir et devront porter le projet présidentiel".

C’est une très belle expérience que d’être député … mais je souhaite redevenir maire de Laxou !

-Laurent Garcia


Mais deux ans et demi plus tard : retour à la case départ. Laurent Garcia souhaite quitter l’Assemblée pour redevenir maire. "C’est une très belle expérience que d’être député. J’ai la chance d’être porte-parole du groupe MODEM et apparentés… mais je souhaite redevenir maire de Laxou !". Son argument numéro 1 : le futur projet de réforme parlementaire. Moins de députés, des circonscriptions plus grandes… Laurent Garcia ne s’y retrouve pas. "La Meurthe-et-Moselle pourrait compter trois députés au lieu de six avec des territoires vastes et peuplés. Avec en moyenne 200 000 habitants par circonscription, on perd complètement le lien avec le terrain. Ce n’est pas ma conception du travail de proximité. Un député, loin du terrain, ne pourra plus être aussi efficace qu’aujourd’hui. Difficile dans cette configuration de faire un mandat utile. Ceux qui disent que je n’ai pas trouvé ma place à Paris, j’ose espérer que ce ne sont pas les mêmes qui disent qu’on me voyait trop sur les plateaux télé pour expliquer la politique du gouvernement !".

Comme la loi sur le non-cumul l’impose après sa victoire aux élections législatives, Laurent Garcia a dû quitter le poste de premier magistrat au profit de sa première adjointe. Il est néanmoins resté conseiller municipal. Laurence Wieser, seule candidate, avait alors sans surprise pris sa place. Le problème pour Laurent Garcia aujourd’hui, c’est qu’elle souhaite conserver ce poste et le duel s’annonce musclé aux prochaines municipales.

S’il est réélu maire, Laurent Garcia laissera sa suppléante prendre le relais à l’Assemblée nationale. S’il perd : "Je demeurerai député" nous assure-t-il.
 

A Metz, le député Richard Lioger vise la Mairie


Même trajet pour Richard Lioger à Metz. Lui aussi avait été élu député de la troisième circonscription de la Moselle en surfant sur la vague En Marche aux dernières législatives. Abandonner le Palais Bourbon, ce n’est pas une surprise ou un revirement. Devenir maire de Metz, Richard Lioger, ne s’en est jamais caché. Aujourd’hui, il brigue ce poste, toujours avec le soutien de La République en Marche mais aussi du MODEM. "J’avais été candidat à l’investiture socialiste contre Dominique Gros en 2008" souligne Richard Lioger. "Pendant deux mandats, j’ai été son premier adjoint… J’ai appris d’une certaine manière le métier. J’ai été aux législatives sur l’insistance de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron pour gagner cette circonscription. Mais je leur ai toujours dit que je souhaitais être maire de Metz. Le plus beau mandat, c’est le mandat de maire. Maintenant, avoir eu une expérience nationale, d’avoir été rapporteur d’une loi comme la loi ELAN, connaître les ministres et leur cabinet, c’est un avantage pour un élu local."
 
 

Difficile de s’imposer à Paris


La difficulté d’exister dans une majorité pléthorique, c’est aussi une explication de ce phénomène. C’est encore tabou mais après leur élection au parlement, certains députés ont parfois eu beaucoup de mal à cacher un sentiment d’inutilité. "Certains ont pu ou peuvent s’épanouir dans le travail parlementaire" analyse Etienne Criqui, politologue et professeur de sciences politiques à l’Université de Lorraine. Il nuance en rappelant que "ce n’est pas le cas de tous ! C’est lié bien évidemment à l’importance de cette majorité mais aussi, au nouveau monde qu’incarne Emmanuel Macron… qui est moins habitué à l’équilibre des relations entre le gouvernement et le parlement".

Au total, une quarantaine de parlementaires envisagent aujourd’hui d’abandonner les bancs de l’Assemblée pour se lancer dans la course aux municipales. Plus de la moitié sont des élus du Modem et de la République en Marche.
 
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