Des chercheurs du CNRS, dans une récente étude, expliquent que le nombre d'oiseaux a baissé de 57% en milieu agricole. L'agriculture intensive serait responsable de la réduction des populations de ces animaux. Dans le Grand Est, la baisse globale est d’environ 30 % des effectifs des oiseaux nicheurs.
La baisse globale est d’environ 30 % des effectifs des oiseaux nicheurs au cours des dernières décennies. La principale cause, dans le Grand Est, comme en France est l’agriculture intensive qui détruit les habitats des espèces et réduit fortement les populations d’insectes.
Cela vient d'être démontré à l’échelle de l’Europe avec un article scientifique qui vient de paraître et qui concerne une étude sur 170 espèces d’oiseaux. Ainsi, dans toute l'Europe, ils sont quelque 20 millions à disparaître en moyenne chaque année. De nombreux scientifiques ont effectué des recherches afin de trouver quelles activités humaines étaient responsables du déclin des populations d'oiseaux.
L’agriculture intensive est responsable du déclin de la population des oiseaux d’abord parce qu’il y a une transformation de l’habitat, il n’y a plus de sites de nidification.
Yves Muller, président de la Ligue pour la protection des oiseaux
Les chercheurs ont utilisé une méthode inédite : pendant 37 ans, ils ont observé des oiseaux provenant de 20.000 sites de suivi écologique différents dans 28 pays européens. "On trouve une baisse d'un quart de l'abondance des espèces depuis 1980", explique Vincent Devictor, chercheur au CNRS. "Autrement dit 800 millions d'individus en près de 40 ans, soit 20 millions par an, donc une baisse systémique et profonde".
Pesticides et engrais
Yves Muller est le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) du Grand Est. Selon lui, la région Grand Est est impactée autant que les autres régions. "L’agriculture intensive est responsable du déclin de la population des oiseaux d’abord parce qu’il y a une transformation de l’habitat, il n’y a plus de sites de nidification. Et comme il n’y a plus d’insectes, il n'y a plus de nourriture pour les oiseaux. En plus, les arrachages des haies font qu’ils n’ont plus d’endroit où se poser".
La baisse globale est d’environ 30 % des effectifs des oiseaux nicheurs. «Ce qui est beaucoup". Le déclin est marqué chez des espèces comme le gobemouche gris (-63%) ou le célèbre moineau domestique (-64%). "Bien sûr c’est inquiétant pour la biodiversité car c’est un chaînon de vie qui disparaît. Le nombre d’oiseaux forestiers a diminué de 18 %".
C’est depuis la mise en place du programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs) du Muséum National d’Histoire Naturelle et de la LPO que l’on dispose maintenant de données très précises sur la baisse des populations d’oiseaux. Hirondelle de fenêtre, rustique et de rivage, le martinet noir, les pouillots fitis, l'alouette des champs, bergeronnette printanière sont les principaux concernés.
Ainsi, certains écosystèmes sont plus durement touchés que d'autre. La baisse atteint 28% pour les oiseaux urbains et même 57% pour les oiseaux des milieux agricoles. "Nous concluons que l'intensification de l'agriculture, en particulier l'usage des pesticides et des engrais, représente la pression principale pour la plupart des déclins de populations d'oiseaux, en particulier ceux qui se nourrissent d'invertébrés", selon les scientifiques qui ont rédigés l’étude.
Ce n'est pas une surprise et c’est une vraie catastrophe car en plus les produits restent très longtemps dans le sol. Ils contaminent les champs.
Remi Toussaint de la Confédération paysanne de Meurthe-et-Moselle
Outre l'agriculture, d'autres facteurs liés à l'activité humaine ont aussi des effets sur les populations d'oiseaux, à commencer par le changement climatique. Logiquement celui-ci touche durement les espèces préférant le froid comme la mésange boréale. Il n'épargne pas non plus les espèces amatrices de chaleur. "Ce n'est pas une surprise et c’est une vraie catastrophe car en plus les produits restent très longtemps dans le sol. Ils contaminent les champs. Il est urgent de changer de modèle et tout montre que celle le système bio est préférable et rentable", explique Rémi Toussaint de la Confédération paysanne de Meurthe-et-Moselle.
L’usage des produits à base de néonicotinoïdes en agriculture a suscité de nombreuses inquiétudes. "C’est extrêmement dangereux. Ils s'attaquent au système nerveux des insectes et sont dangereux y compris pour la culture de la betterave. Les pesticides sont des vrais produits de "merde". Cela ne va pas dans le bon sens".
La baisse atteint 28% pour les oiseaux urbains et même 57% pour les oiseaux des milieux agricoles.
Vincent Devictor, chercheur au CNRS
Même si le nombre d'oiseaux forestiers a diminué de 18%, les espèces généralistes restent quand même en progression. Plutôt des oiseaux forestiers comme le pic épeiche, pic mar, pinson des arbres, mésange charbonnière, mésange bleue, la fauvette à tête noire, le pigeon ramier. "Et il y a des bonnes surprises : la progression du Rougequeue à front blanc, qui profite des parcs et jardins parfois avec nichoirs, du Faucon crécerelle qui colonise les villes et villages, la pie bavarde", dit Yves Muller.