A la sortie du conflit qui avait abouti à l'arrêt des hauts-fourneaux et de l'aciérie de la vallée de la Fensch, le numéro un mondial de l'acier avait pris l'engagement d'investir à Florange. En juin 2020 devrait démarrer Galsa 2, nouvelle ligne de galvanisation dédiée à l'automobile.
Avec cet investissement rutilant à 90 millions d’euros, ArcelorMittal aimerait qu’une page se tourne : celle de l’arrêt de la filière liquide en 2012, et du conflit de dix-huit mois qui a opposé les syndicats à leur direction, sous les yeux des caméras et du gouvernement socialiste de l’époque qui avait finalement renoncé à nationaliser les hauts-fourneaux et l’aciérie. 629 emplois avaient disparu, la majorité des sidérurgistes ventilés sur les installations restantes. Une poignée d’entre eux vont bientôt travailler sur la nouvelle ligne de galvanisation baptisée Galsa 2 de Florange.
Usibor
Elle ne sera pas opérationnelle avant juin 2020, et un retard de plusieurs mois sur le planning prévu, mais elle a déjà livré sa première bobine. Signée par l’ensemble des sidérurgistes qui ont contribué à sa production, cette première bobine de 20 tonnes a reçu un revêtement anti corrosion en aluminium, l’Usibor, qui la destine exclusivement au marché automobile. Comme les 800 000 tonnes attendues chaque année à Florange et qui viendront remplir les caisses du numéro un mondial de l’acier : l’Usibor est le produit phare du groupe, une machine à cash. Cette ligne de production illustre parfaitement les propos prophétiques de Jean-Louis Malys, ancien numéro 2 de la CFDT, et sidérurgiste à Uckange dans les années 80 lorsqu'il affirmait en 1991 que "dans les années 2000 il restera peut-être une petite usine, avec 2000-3000 salariés, ultra compétitive... ah du fric il y en aura, mais des emplois il n'y en aura plus !"A effectifs constants
Si le groupe met en avant une ligne ultra-moderne où le digital aura une très grande place, cette deuxième ligne de galvanisation à Florange ne créera que très peu d’emplois nouveaux. Aucune embauche ou presque, les 80 à 120 sidérurgistes qui vont la faire fonctionner sont issus d’autres entités du site mosellan. La direction locale se réjouit évidemment de cet investissement : "on ancre Florange comme un site de production dédié à l’automobile, et on ancre Florange dans le futur" explique Jean-François Malcuit le directeur du site.Du côté des syndicats, tous reconnaissent que cet investissement est un signe positif : "on ne va pas cracher dans la soupe" reconnaît la CGT ArcelorMittal Florange, "mais en terme d’emploi c’est une opération nulle. On n’oublie pas les 629 emplois supprimés avec la fermeture de la filière à chaud, on est loin du compte". D’autant que les inquiétudes grandissent pour la cokerie de Sérérmange en fin de vie, qui a déjà réduit sa production, et qui ne bénéficie plus d’investissements depuis plusieurs années. Plusieurs centaines de salariés y travaillent, ainsi que de nombreux sous-traitants.