Les 1er et 2 décembre 2022 de nombreux généralistes lorrains suivront le mouvement de grève national lancé spontanément par de nombreux jeunes praticiens et suivi par l’ensemble des syndicats libéraux.
«Il y a une grande lassitude » soupire le docteur Remi Unvois, médecin généraliste à Vandoeuvre-lès-Nancy et vice-président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) en Lorraine.
« Le contrat entre la société les médecin est rompu » explique-t-il. « On va vers une médecine administrée : tout le monde se mêle de ce que doit faire le médecin sans lui en donner les moyens. On finance des cabinets, des assistants, on dérégule sans donner un cadre de coordination ».
La médecine générale est en crise, et ce sont les jeunes professionnels qui ont commencé à tirer la sonnette d'alarme. Des manifestations d'internes ont eu lieu notamment à Paris contre le projet d'une quatrième année d'internat en médecine générale (cf. infra). L'ensemble des syndicats libéraux ont suivi ce mouvement qui aboutit à ce préavis de grève.
Revaloriser la consultation
Une des revendications au cœur de la grève prévue ces 1er et 2 décembre est la revalorisation de la consultation. Elle est aujourd’hui de 25 €.
« C’est insuffisant si l’on veut assurer une médecine de qualité et attirer des jeunes. Les jeunes ne se voient pas entrer dans un cabinet en tant que médecin libéral à ce tarif » explique le docteur Unvois.
L’état d’esprit n’est pas de gagner plus mais de mieux travailler, avec du personnel et du matériel moderne
Dr. Remi Unvois
«L’état d’esprit n’est pas de gagner plus mais de mieux travailler, avec du personnel et du matériel moderne ». Or avec l’augmentation des loyers et avec l’inflation, les généralistes peinent à investir, notamment dans du matériel informatique de qualité.
Le docteur Unvois reçoit de 300 à 400 appels par jour. Il a décidé de limiter sa permanence téléphonique à 4 heures par jour. Dans l’idéal il souhaiterait embaucher une assistante pour l’aider dans le suivi des dossiers et les tâches administratives.
Certains syndicats demandent que la consultation passe à 50 €. La CSMF de son côté propose un échelonnement des tarifs en fonction de la durée de consultation et/ou de la complexité des pathologies. Les tarifs pourraient ainsi varier de 35 à 105 €.
Revaloriser la visite
Pour le docteur Joseph Fabre, coordonnateur de SOS médecin en Meurthe-et-Moselle, plus que la consultation c’est la visite qu’il est urgent de revaloriser.
« Aujourd’hui beaucoup de médecins généralistes n’assurent plus les visites en journée. Alors que font les patients ? Ils attendent 20h pour appeler SOS médecin. Le SAMU leur dit également de rappeler après 20h pour joindre SOS Médecin. Avec cette situation on est obligé d’augmenter nos lignes de garde la nuit ».
Certains médecins plaident pour que la visite passe de 35 à 80 € minimum. "il s'agirait notamment de prendre en compte le temps passé en déplacement et l'augmentation du prix des carburants" explique le docteur Fabre.
Contre une quatrième année d’internat
L’article 23 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale prévoit l’allongement de l’internat de médecine générale d’une année, et son déroulement « en priorité dans des zones où la démographie médicale est sous‑dense ». Une mesure largement contestée par les internes et leurs syndicats le 14 octobre dernier.
Pour le docteur Remi Unvois « cette année de plus ne fera que repousser la décision des jeunes pour s’installer ; beaucoup de jeunes ont peur de prendre cette décision ».
Pour beaucoup de généralistes cette proposition ne règlera pas la question des déserts médicaux, mais au contraire freinera des vocations.
De plus "les jeunes n'ont pas à assumer les conséquences des politiques menées par le passé par les différents gouvernements" estime le Dr. Joseph Fabre. "Il y a eu beaucoup d'erreur notamment dans la gestion du numérus clausus"
Un avis partagé par la CSMF.
Manifestation devant le siège de l'ARS à Nancy
À Nancy le collectif « Médecins pour demain » a prévu de manifester ce jeudi 1er décembre
à 14h devant le siège de l’Agence régionale de santé du Grand Est.