Marie-Georges Picquart, l'Alsacien qui a contribué à innocenter le capitaine Dreyfus

"J'accuse" le nouveau film de Roman Polanski, sort ce mercredi 13 novembre. L'histoire de cette France de la fin du XIXème siècle coupée en deux entre les dreyfusards et les anti-dreyfusards, durant laquelle Marie-Georges Picquart, un lieutenant-colonel alsacien, a joué un rôle primordial. 

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Le film "J'accuse" réalisé par Roman Polanski sort en salles ce mercredi 13 novembre. Il raconte l'affaire Dreyfus, ce scandale majeur de la IIIe République qui a duré douze ans (1894-1906), du point de vue du lieutenant-colonel Georges Picquart (1854-1914), interprété par Jean Dujardin, chef des services de renseignement.

Cet Alsacien, né rue de la Nuée Bleue à Strasbourg le 6 septembre 1854 est, au moment de l'affaire, lieutenant-colonel de l'armée française. Il a bataillé pour le rétablissement de la vérité et donc la réhabilitation du capitaine Dreyfus, accusé de haute trahison. Michel Knittel, historien de la commune de Geudertheim, village où a grandi Georges Picquart et spécialiste du personnage, revient sur cette page de l'histoire.


"On sait qu’il n’appréciait pas forcément les juifs"

"Lorsque l’affaire Dreyfus éclate en 1894, Picquart est un simple témoin, il est à l’état-major, c’est lui qui va introduire Dreyfus lorsqu’on va lui faire faire un test d’écriture. C’est un militaire, il obéit à ses chefs, il n’en pense peut-être pas moins, parce qu’on sait qu’il n’appréciait pas forcément lui-même les juifs, il est neutre." 

"C’est après coup, parce que c’est un homme droit, et ça je pense, il faut lui laisser, lorsque plus tard lui-même va devenir chef du service de renseignement, il va se rendre compte qu’en fait, la personne qui a écrit le document anonyme qui avait servi à accuser Dreyfus n’est pas Dreyfus mais un dénommé Esterhazy. Et là, c’est sa droiture, disons son honnêteté d’Alsacien, qui va faire qu’il va se révolter, contre sa hiérarchie. Quitte à être expatrié, déplacé d’abord en Afrique du Nord, mis en prison, et finalement dégradé, démis de ses fonctions et mis en disponibilité."

 

"On lui reprochera d’avoir été un dreyfusard"

"Il ne va jamais lâcher, malgré le fait qu’il a été mis en prison. Il va le payer très cher, lorsque Dreyfus va avoir droit à un procès en réhabilitation en 1899, mais finalement condamné avec circonstances atténuantes, ce qui est un peu bizarre, puis gracié néanmoins par le président de la République, Picquart lui reste à l’écart de l’armée. Et il va être critiqué." 

"En 1906 par contre, Clémenceau, qui était l’un des grands acteurs de l’affaire Dreyfus, qui est très proche de Picquart, va l’appeler, comme ministre de la Guerre, le bombardant général alors qu’il n’a même pas été colonel Il va être critiqué pour ça, critiqué parce que c’est celui qui a fait innocenter Dreyfus. Donc ça va le poursuivre toute sa vie, même lorsqu’il sera ministre de la Guerre, on lui reprochera d’avoir été un dreyfusard."

"Une distance entre eux"

"Il est resté une distance entre Dreyfus et lui. Je n'en connais pas la raison profonde, est-ce que c’est cet antisémitisme léger, ou réfréné de Picquart, ou d’autres raisons ? Ils se sont croisés au début de leur carrière, au moment où Dreyfus était dans le service que dirigeait Picquart. Et le jour de la réhabilitation définitive en 1906,  Picquart qui assistait à la scène depuis une fenêtre, est venu le saluer."
 


 
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