A Bétheny dans la Marne, une centrale photovoltaïque sera mise en service d'ici début 2021 sur l'ancienne base militaire 112... un projet accueilli favorablement par le Grand Reims et la commune.
Il est désormais bien loin le temps où des Mirages atterrissaient à Bétheny. Depuis 2006, les bruits de moteurs ne vrombissent plus sur la base aérienne 112, qui s'apprête à connaitre une nouvelle vie. D'ici 2021, une centrale photovoltaïque sera mise en service sur les anciennes pistes bitumées, un projet accueilli de manière favorable par la municipalité. "Démonter cette piste aurait générer du déchet. Elle mesure trois kilomètres. L'intérêt est de l'utiliser de manière intelligente", explique Alain Wanschoor, le maire de la commune.
Au total, 33.000 panneaux vont être installés sur les deux tiers de la piste. "Ce projet est plutôt bien perçu par les habitants de Bétheny. La base n'avait plus d'utilité. Avec ce projet, nous allons pouvoir rentabiliser cet espace", continue l'élu. La centrale produira environ 16 GWh par an, ce qui équivaut à la consommation de 5.400 habitants. Cette production sera ensuite injectée dans le réseau EDF.
Nous avons un climat idéal sur le Grand Reims pour le photovoltaïque.
Au téléphone, aucun doute, sa voix est clairement enthousiaste. Anne Desveronnieres, vice-présidente du Grand Reims en charge de l'environnement, n'y va pas par quatre chemins : "Ça n'est que du positif. Ce projet place le Grand Reims comme un acteur majeur de la bioéconomie." Aujourd'hui, dans le Grand Reims, 9 % des énergies renouvelables proviennent du solaire. "Nous avons un climat idéal pour le photovoltaïque" explique la vice-présidente. Au-dessus de 25 degrés, les températures ne sont pas optimales pour les rendements. C'est donc plus intéressant de poser des panneaux solaires dans notre région plutôt que dans le sud de la France."
Pour l'élue, ce projet est également impactant pour d'autres raisons, à commencer par la réhabilitation d'une ancienne zone militaire. Un point de vue partagé par Nicolas Gubry, directeur de l’agence Grand Est – Haut de France pour Total Quadran, le développeur du projet. "L’Etat nous dit qu’il faut privilégier l’installation de centrales photovoltaïques sur des sites dégradés et délaissés. Les anciennes bases militaires, comme celle de Bétheny font donc partie des priorités de l'Etat."
Le photovoltaïque est en plein essor dans le Nord-Est de la France.
Les travaux, en cours depuis le mois d'août, seront terminés à la fin de l'année, assure le directeur de l’Agence. "C'est un beau projet, une installation conséquente", se félicite le responsable. Le photovoltaïque est en plein essor dans le Nord-Est de la France. Sur notre territoire, on doit multiplier par trois à quatre les installations solaires dans les prochaines années." Dans le département, la centrale photovoltaïque de Bétheny sera la troisième à voir le jour... un chiffre qui ne cesse de s'accroître puisque Total Quadran a pour projet d'en construire neuf dans le Grand Est et dans les Hauts-de-France.
Un financement participatif pour la construction de la centrale
La commune de Bétheny y réfléchit encore. Va t-elle acheter des obligations ? "On se pose la question. On va sûrement le faire." souffle le maire Alain Wanschoor. Un financement participatif a été lancé sur Internet pour impliquer des citoyens dans la transition énergétique. Il représente 10 % du montant total de l'investissement du projet. "C'est un avantage que les citoyens puissent s’associer. Ils peuvent s’approprier le projet et être acteurs de la décarbonisation du territoire." avance la vice-présidente du Grand Reims, Anne Desveronnieres.Contactée par téléphone, la plateforme de financement Enerfip, dédiée aux énergies renouvelables, est en charge du projet. L'objectif affiché est clair : atteindre les 790.000 euros, le montant rêvé étant plafonné à 1.200.000 euros. "L'idée est de placer son épargne dans un projet local. Comme tout investissement, des intérêts sont versés proportiellement au capital investi", explique Enerfip. "Il est possible d'investir au minimum 50 euros." En moyenne, le taux d'intérêt s'élève jusqu'à 6 % par an brut, pour une durée moyenne d'investissement de 3 à 5 ans. "Tout investissement comporte des risques." ajoute Enerfip. Dans le pire des scénarios, si Total Quadran fait par exemple faillite, les obligations ne pourront pas être remboursées.
La collecte est réservée aux habitants et aux sociétés de plusieurs départements, à savoir la Marne, l'Aube, la Haute-Marne, les Ardennes, l'Aisne, la Meuse et la Seine-et-Marne. A ce jour, plus de 50 investisseurs ont acheté des obligations, pour un montant total collecté qui s'élève à plus de 200.000 euros. "Si la collecte n'atteint pas 390.000 euros, elle ne sera pas validée. Dans ce cas, les investisseurs seront remboursés", explique Enerfip.