Fin du charbon : vers une conversion au biogaz, l’heure de vérité pour la centrale de Saint-Avold

Le propriétaire de la dernière centrale à charbon de France devrait préciser ses projets jeudi 12 décembre 2024 à Saint-Avold lors d’une "réunion publique pour échanger sur l’avenir de la centrale Emile Huchet et son projet de conversion". L’autorisation d’exploitation prendra fin au printemps 2025, et le groupe mise sur une conversion au biogaz et sur la production d’hydrogène pour maintenir son activité et sa centaine d'emplois directs.

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Officiellement, GazelEnergie remplit son obligation d’organiser une réunion publique à Saint-Avold (Moselle) dans le cadre des programmations pluriannuelles de l’énergie (PPE), qui font l’objet de discussions en ce moment même à l’Assemblée nationale. Si l’industriel y convie les élus, c’est pour montrer que sur le dossier de la centrale de Saint-Avold, tout le monde avance main dans la main vers une conversion du charbon vers le biogaz.

En 2027 au plus tard, la production d’électricité à base de charbon sera interdite en France. GazelEnergie dispose à Saint-Avold, dernière centrale à charbon en activité de France, d’une autorisation d’exploitation jusqu’en mars 2025, qui pourrait être prolongée.

L’industriel propose de convertir la tranche à charbon au biogaz, grâce à des investissements, "six fois moins coûteux" selon lui que la construction d’une centrale neuve. Le site dispose encore de pipelines hérités de l’époque où la cokerie de Carling lui fournissait du gaz issu de ses productions. GazelEnergie affirme que la tranche charbon a déjà fonctionné avec 30% de gaz de cokerie, et il vise désormais 100% de biogaz, grâce à des investissements conséquents.

Deux obstacles de taille se dressent sur la route de GazelEnergie. La transformation de la tranche à charbon vers le biogaz équivaut selon les textes actuels à la création d’une nouvelle unité de production d’énergie fossile. Or, toute nouvelle création de centrale qui consommerait de l’énergie fossile est interdite par la loi, car la garantie de l'origine bio du gaz n’est qu’un certificat établi... par celui qui le fournit.

Pour permettre à GazelEnergie d’exploiter une centrale à biogaz, il faudrait donc changer la loi, ce qui, en l’absence actuelle de gouvernement, est compliqué. Pour sourcer plus efficacement son approvisionnement bio, GazelEnergie affirme travailler également à la construction et au développement de méthaniseurs sur et à proximité du site, pour alimenter directement la tranche en biogaz.

D’autre part, GazelEnergie doit s’assurer de trouver des clients pour cette production dite de "pointe" et "d’hyperpointe" : la centrale de Saint-Avold vient en complément des centrales dites de "base", comme celle, nucléaire, de Cattenom. La garantie pour GazelEnergie d’obtenir ce marché nécessite le soutien du gouvernement français, qui n'est pas encore acquis.

Par sa réunion publique programmée jeudi 12 septembre 2024, GazelEnergie entend donc mener une action de lobbying à destination des pouvoirs publics. Ainsi, le directeur de la centrale, Antonin Arnoux, a posé un ultimatum à l’État pour prendre position dans le dossier. Au micro de nos confrères de France Bleu, il estime que l’État doit se prononcer avant le 31 décembre, faute de quoi l’avenir de la centrale pourrait être compromis.

Projets de chaudière biomasse et de production d'hydrogène toujours actifs

Seule certitude, la conversion vers la biomasse de la tranche à charbon est définitivement abandonnée : "l’État nous l’a refusé l'année dernière, malgré des essais techniques concluants, au motif que nous devions quand même utiliser du charbon dans le mix énergétique" explique l’industriel.

Le projet de chaudière biomasse, pour alimenter en vapeur les industriels des environs qui en feraient la demande, est lui maintenu selon GazelEnergie, malgré l’abandon du projet Parkes, qui devait en être le principal client. L’espoir est toujours permis, puisque selon la communauté d’agglomération de Saint-Avold, plusieurs industriels voudraient venir s’installer sur l’ancienne friche de la cokerie de Carling, à l’endroit où le projet Parkes de recyclage du plastique devait initialement voir le jour. GazelEnergie confirme travailler avec l’agglomération sur les dossiers de plusieurs "prospects".

La production d’hydrogène figure également dans les perspectives à moyen terme de GazelEnergie pour le site de Saint-Avold. Le projet Emil’HY, pourrait voir le jour en 2027 et constitue un espoir de reclassement pour les salariés de la centrale en cas d’abandon définitif du charbon, et d’échec de la conversion au biogaz.

GazelEnergie affirme avoir "déposé un dossier industriel le 5 septembre 2024 visant la conversion de cette centrale au biogaz à travers un investissement de plus de 100 millions d’euros, ce qui permettrait de sécuriser le système électrique tout en respectant les objectifs climatiques de neutralité carbone. Plusieurs réunions avec les cabinets des ministres concernés et avec l’administration ont eu lieu pour rendre opérationnelle cette option".

Le groupe confirme qu’il est toujours dans sa procédure d’appel d’offres avec SHS, le groupe sidérurgique sarrois qui serait le principal consommateur de l’hydrogène produite. Mais selon nos informations, la décision de l’appel d’offres a été repoussée. Tous les acteurs attendent la décision de SHS, qui permettrait d’engager véritablement le projet de production d’hydrogène. La conjoncture difficile que traverse l’industrie automobile allemande, grosse consommatrice d’acier sarrois, pourrait retarder les opérations.

Seule certitude : GazelEnergie est une source importante de fiscalité directe pour l’agglomération de Saint-Avold, de l’ordre de plusieurs millions d’euros par an. Les élus du territoire sont donc naturellement sensibles aux arguments des industriels qui voudraient s’y installer ou s’y développer. L’attractivité du bassin en dépend plus que jamais, vingt ans après la fermeture de la dernière mine de charbon.

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