Recyclage du plastique : le projet de Suez ne devrait finalement pas aboutir, un revers majeur pour la chimie verte en France

Le projet Parkes vise à implanter sur le site de l’ancienne cokerie de Carling (Moselle) une usine de recyclage du plastique grâce à un procédé révolutionnaire, porté par trois industriels dont la multinationale française Suez. Mais selon nos informations, les industriels auraient renoncé et le projet ne devrait pas voir le jour malgré des aides de l’État et des collectivités locales.

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Recycler le plastique à l’infini, comme le font les sidérurgistes avec l’acier : c’était la promesse initiale du projet Parkes. Il a été lancé officiellement le 16 février 2023 à Saint-Avold par Suez, la multinationale française spécialisée dans la gestion de l’eau… et des déchets. Cette matière première dont elle dispose en grande quantité, l’entreprise proposait de la recycler grâce à une usine de production de plastiques polyéthylène téréphtalate (PET) de qualité vierge, qui serait installée sur la friche de l’ancienne cokerie de Carling.

Associée au coréen SK Geo Centric et au canadien Loop Industries qui posséderait déjà un démonstrateur en fonctionnement, Suez envisageait en Moselle-est un investissement de 450 millions d’euros avec la création de 200 emplois directs pour recycler ses déchets plastiques en plastique neuf. La production devait débuter en 2027.

Selon nos informations, Suez renoncerait au projet, pourtant lancé en grande pompe avec le soutien des élus locaux. Ces derniers y voyaient une excellente occasion de renforcer la plate-forme chimique, qui a perdu des milliers d’emplois depuis vingt ans. L'incertitude concernant la centrale thermique Emile Huchet et ses 150 emplois laissaient croire également que le projet Parkes aurait pu constituer une possibilité d'embauche pour les 150 salariés restants. Mais le prix de revient du produit fini, le plastique PET de qualité vierge, ne serait pas concurrentiel face au même produit issu de la filière pétrole.

L'usine ne serait pas rentable face aux produits issus du pétrole

Selon un spécialiste du secteur, le prix de revient de ce produit issu du recyclage dépasserait actuellement les 2000 euros la tonne, quand le produit pétrolier serait autour de 900 euros : "et les clients industriels iront au moins cher, c’est cynique, mais c’est la réalité des pratiques actuelles".

Dans la présentation de son projet, Suez prévoit "d’économiser plus de 255 000 tonnes de CO² par an par rapport à la résine PET vierge fabriquée à partir d’un procédé pétrochimique traditionnel". Le projet est avec celui de Circa sur le site de GazelEnergie, le pilier d’un nouvel essor pour la plateforme de Carling, et devait poser les bases d’une reconversion du site vers la chimie verte.

L’État, propriétaire des terrains via l’Établissement public foncier du Grand Est, a pris à sa charge la dépollution du site pour un coût de 9 millions d’euros et a travaillé rapidement à "libérer" l’emprise d’une vingtaine d’hectares pour le projet Parkes début 2025. La communauté d’agglomération de Saint-Avold (Casas) doit ensuite racheter le foncier dépollué, avant de l’aménager et de le revendre aux industriels intéressés.

Selon nos informations, l’industriel a levé les réserves foncières concernant son projet. En clair, il renonce à l’option d’achat qu’il avait avec la Casas pour la vingtaine d’hectares sur l’ancienne cokerie de Carling. L'abandon par Suez serait un revers majeur pour l'agglomération de Saint-Avold qui devra travailler à attirer d'autres industriels sur un terrain qu'elle s'est engagée à racheter à l'État.

Interrogée, la Région Grand Est fait état "d’un retard annoncé par l’industriel dans le développement du projet, dû à une conjoncture actuelle défavorable" mais elle espère que Parkes verra le jour, sans apporter d’éléments de calendrier.

Contacté, le service de presse de Suez a apporté la réponse suivante à nos questions : "le projet porté par SUEZ aux côtés de Loop Industries et SK Geo Centric est mis en suspens d’un commun accord entre les partenaires. Le traitement moléculaire reste une technologie d’avenir en laquelle nous croyons et pour laquelle nous allons continuer notre travail de recherche et développement".

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