La Confédération Paysanne se mobilise. Après la FNSEA et la Coordination rurale, ce syndicat professionnel appelle ses membres à défendre les paysans. Déçue par les propositions de Gabriel Attal, elle réclame des revenus dignes pour les agriculteurs et des prix garantis. Dans son viseur, les supermarchés.
Les propositions du 1er Ministre Gabriel Attal n’ont pas calmé tous les syndicats d’agriculteurs. La Confédération Paysanne ne lâche rien. Des agriculteurs, des retraités, des consommateurs se sont retrouvés à Châlons-En-Champagne dans la Marne. Fragilisés par une crise sans précédent notamment dans la filière bio, ils réclament un prix plancher pour les produits de l’agriculture, comme le prévoit la Loi Egalim, afin de garantir les revenus des paysans.
Propositions de Gabriel Attal : le compte n’y est pas
Mobilisée aux côtés des autres organisations syndicales au début du conflit, la Confédération Paysanne a finalement pris ses distances lorsque la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Coordination rurales ont annoncé une levée des blocages, satisfaits des propositions du Premier Ministre Gabriel Attal.
Christophe Van Hoorne, porte-parole de la Confédération Paysanne dans la Marne et membre du secrétariat national n’y va pas par quatre chemins : « Depuis jeudi, on ne comprend toujours pas ce qui a satisfait les agriculteurs. Il n’y a rien eu de concret. Nous avons décidé de poursuivre la mobilisation ».
Manifestation pacifique
Ils se sont réunis dans une ferme de Châlons en Champagne, dans la Marne, avant de se rendre sur le site de la Scapest, la centrale d’achat Leclerc qui fournit les magasins. Une occupation symbolique pour amener les représentants des PMS, les petites et moyennes surfaces, à s’engager sur un prix plancher, ce que prévoit la loi Egalim.
Pas question pour la Confédération de faire brûler des pneus, « nocifs à la planète ». Cette manifestation se veut placée sous le signe de l’échange et de la discussion. Certains sont paysans, d’autres apiculteurs, d’autres encore salariés de l’agroalimentaire. Ils ont en commun la volonté de travailler en respectant la nature. « C’est une manifestation de discussion, d’intelligence collective, pour provoquer une réflexion globale sur l’alimentation ».
Un prix plancher pour garantir les revenus
Pour ces militants, assurer un prix plancher pour tous les produits de l’agriculture, qu’il s’agisse de céréales, de viande, de lait, de miel, ou de fruits, c’est la seule façon de garantir des revenus aux paysans. Produire du bio coûte cher. Il faut respecter des règles. L’utilisation de produits naturels, pas de pesticides, du fumier plus que du chimique, accepter de donner du temps et de l’espace pour parvenir à de la qualité. Pour continuer à produire bio, il faut une politique de soutien et la base, c’est la mise en place d’un prix plancher. « Nous ne pouvons pas être soumis aux lois du marché car nous sommes pénalisés par des produits qui ne respectent pas la nature comme nous le faisons. La loi Egalim a été votée pour garantir ce prix plancher, mais elle n’est pas appliquée ».
Une filière bio en grosse difficulté
Christophe Van Hoorne est amer : « Faute d’aide au maintien, les agriculteurs bios connaissent de grosses difficultés. Ils ne parviennent plus à vendre leur production. Certains céréaliers bios ont leurs silos pleins parce que plus personne ne veut leur acheter leurs céréales ».
Même difficultés pour les apiculteurs, très nombreux dans la Marne. Pour la Confédération Paysanne, il s’agit d’une volonté politique. Ce sont des décisions à prendre non pas au niveau de l’Europe, mais au niveau très local. « Dans certains territoires comme Lause le Saulnier, la municipalité a accepté de garantir un prix plancher et cela assure un revenu équitable aux paysans », ajoute le porte-parole de la Marne.
Faire respecter la loi Egalim
La mobilisation va durer deux jours. Le syndicat veut obtenir la mise en place d’un prix plancher qui sera rémunérateur. Il veut également faire respecter les 20% de bio dans la restauration collective. C’est une question de survie pour la filière, et la seule façon de donner de l’espoir à des jeunes agriculteurs ou de jeunes éleveurs.
Sachant que la confédération Paysanne représentait 7 à 8 % lors des dernières élections professionnelles, il n’est pas sûr qu’elle ait autant de poids que la puissante FNSEA.