L'aéroport Paris-Vatry mise sur le fret et le low cost pour parvenir à l'équilibre

Au milieu des terres agricoles de Champagne, l'aéroport de Paris-Vatry, en déficit chronique, maintient ses ambitions dans le fret et le low cost, relancé par les collectivités.

"Nous avons un aéroport clé-en-main à deux heures de Paris, sur un marché qui explose et continue à progresser : comment peut-on laisser mourir un aéroport comme celui-là ?", s'interroge Stéphane Lafay, directeur général de Vatry depuis décembre 2014, dans son bureau avec vue sur le tarmac. Son raisonnement a convaincu le conseil départemental de reprendre en juillet, en régie directe, la gouvernance de ce site qui accueille trois compagnies low cost desservant par vols réguliers dix destinations telles que Porto, Marrakech, Nice et Malaga. "Vatry est un outil de développement économique, d'emplois et d'attractivité du territoire", défend René-Paul Savary, président (LR) du conseil départemental de la Marne.

Ce qui ne l'empêche pas d'avoir perdu 1,5 million d'euros en 2015 : une facture trop salée pour son actionnaire majoritaire de l'époque, la Chambre de commerce et d'industrie de Châlons-en-Champagne, qui a choisi de se désengager, au profit donc du département. Avec le département aux manettes et une enveloppe de 1,5 million d'euros pour 2016 votée par la région Grand Est, Paris-Vatry a échappé au dépôt de bilan et se fixe un nouveau cap à l'horizon 2020. "Notre objectif est d'atteindre 250.000 passagers et 40.000 tonnes de fret", indique M. Lafay, ex-cadre chez Air France passé par l'aéroport de Lyon et convaincu du potentiel des aéroports régionaux. "Notre ambition est de devenir de moins en moins dépendant de l'obole publique pour assurer notre avenir", assure-t-il, alors que Paris-Vatry, qui se voyait comme le "troisième aéroport de Paris", a toujours été dépendant des subventions.

Le fret bat de l'aile

Utilisé par l'Otan pour sa piste de 4 km, une des plus longues d'Europe, l'aéroport avait été laissé en friche jusqu'en 2000 où il fut d'abord uniquement destiné au fret. Mais avec 6.200 tonnes en 2014 et 4.500 tonnes en 2015, les résultats sont loin des 125.000 tonnes escomptées lors de sa mise en service. Cette faible activité s'explique par "un léger tassement du marché", "des compagnies cargo casanières qui ont pris leurs quartiers au Benelux ou à Paris" et une activité charter cargo "très aléatoire", selon le directeur.

L'aéroport, implanté à 30 km de Châlons-en-Champagne, compte sur les vols passagers, démarrés en septembre 2004, pour se relancer : les chiffres du premier semestre 2016 sont encourageants avec 56.000 passagers entre janvier et juin, contre 84.000 au total en 2015. L'augmentation du trafic dépendra aussi de la desserte des transports en commun, le site bordant l'A26, et de l'attractivité touristique de la Champagne, car "l'aéroport ne peut pas marcher tout seul dans son coin", estime M. Lafay.

René-Paul Savary reste en tout cas persuadé que Vatry est "une infrastructure en avance sur son temps" qui justifie que les 68 salariés et les centaines d'emplois indirects soient préservés, même s'il est "difficile d'équilibrer les comptes de ce type d'aéroport régional comme c'est le cas pour Metz ou Strasbourg". Pour réduire son déficit, l'aéroport cherche également à capter de nouvelles compagnies aériennes, se diversifie en accueillant des vols d'entraînements et d'essai, a ouvert un restaurant bar, mais prévoit aussi de modifier les conditions de stationnement de son parking gratuit, instaurant 200 places payantes dès 2017.

Le département se donne cinq ans pour prouver que l'aéroport de Vatry, dont la création a coûté 250 millions d'euros au contribuable, présente "une utilité économique".
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