La ville de Châlons-en-Champagne (Marne) veut devenir un "Davos de l'agriculture", un centre de référence mondial sur l'agriculture, en lien avec une future "Cité de l'Agriculture" pour débattre et expliquer les grands enjeux de l'alimentation mondiale. Le lancement a eu lieu ce jeudi 26 octobre.
Benoist Apparu, ex-ministre et maire de Châlons-en-Champagne, a lancé jeudi à Paris l'initiative baptisée "Planet A", lors d'une conférence de presse aux côtés de Jacques Diouf, conseiller spécial du président de l'Union Africaine, Alpha Condé, et ancien directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Les organisateurs s'inspirent de l'exemple de la ville suisse de Davos où se tient tous les ans un Forum économique mondial, devenu le rendez-vous des décideurs de la planète.
"Notre territoire est situé sur l'un des plus gros bassins de production agricole français", a expliqué M. Apparu, "et l'agriculture se trouve au centre de tous les enjeux de développement en lien avec l'environnement et l'alimentation". Il est l'invité du 19-20 ce jeudi :
Dans les 50 ans qui viennent, l'agriculture sera au coeur de tout... Des enjeux énrgétiques, les enjeux alimentaires avec l'explosion de la démographie mondiale et les enjeux environnementaux évidemment tout aussi essentiels. L'agriculture est aujourd'hui vécue comme un problème alors que c'est probablement la solution
L'initiative "Planet A" s'articule autour de quatre axes: recherche, formation, développement et économie, et un pôle grand public autour d'une future "Cité de l'Agriculture".
"Tous les ans à la fin du printemps, la ville se propose de recevoir les 400 décideurs qui comptent dans le domaine de l'agriculture", a précisé le député qui souhaite aussi lancer un Institut de hautes études agricoles sur le modèle de l'IHEDN (Défense), en lien avec l'école d'ingénieurs Agro Paris Tech.
L'agriculture de 2050
"Nous voulons créer des cours en ligne (Mooc), un incubateur de start-ups, et accueillir un diplôme de grande école d'ingéniérie agricole autour de la "smart-agri"", a ajouté l'élu. L'université de Reims, celle d'Adélaïde en Australie ainsi que les fondations Fondapol et Jean Jaurès sont associées au projet.
Pour Jacques Diouf qui a dirigé la FAO pendant 18 ans, cette initiative peut aider à déterminer le "type d'agriculture qu'il faudra développer pour alimenter le monde dont la population va croître à 9 milliards en 2050".
Côté financements, M. Apparu veut recourir aux fonds de reconversion des sites de Défense (CAESD), auxquels la ville peut prétendre après la fermeture de nombreuses casernes, et est "très ouvert" à des partenariats privés.
Quelle agriculture pour les pays pauvres ?
"Le premier forum international sur l'agriculture aura lieu à la fin du printemps 2018 et nous espérons pouvoir inaugurer l'IHEDA fin octobre 2018" a-t-il dit.
M. Diouf a par ailleurs jugé nécessaire "d'arriver à un consensus" sur certains débats "difficiles" autour de l'agriculture intensive et l'environnement ou sur les implantations d'agrobusiness dans des pays en voie de développement qui nourrissent les accusations d'accaparement des terres.
"Ma position n'a jamais changé, les pays sont souverains et ils décident. Mais, même si certains investissements sont nécessaires, les pays pauvres auraient intérêt à éviter de vendre leurs terres", a-t-il déclaré à l'AFP, en proposant par exemple "des baux à longue durée associés à des consultations des populations". L'essentiel c'est qu'"on ne peut pas transférer l'agriculture occidentale dans un pays en voie de développement".