ENTRETIEN. François Hollande : "Sur la question de l'énergie, il faut dire la vérité aux Français"

L'ancien président de la République entre 2012 et 2017, François Hollande (PS) était ce lundi 5 septembre à la Foire de Châlons-en-Champagne (Marne). Il a accordé un entretien à France 3 Champagne-Ardenne, en évoquant entre autres, le prix de l'énergie.

Après avoir échangé avec des scolaires, François Hollande, ancien président de la République de 2012 à 2017, a fait un passage remarqué ce lundi 5 septembre à la Foire de Châlons-en-Champagne. Une visite politique où il a rencontré nombre d'élus, mais aussi l'occasion de parler du sujet numéro 1 de la rentrée, l'inflation et le prix de l'énergie. A l'heure où Emmanuel Macron dévoilait son plan pour réaliser des économies d'énergie, il a accordé un entretien à France 3 Champagne-Ardenne. 

Vous publiez ce mercredi 7 septembre un nouveau livre (Bouleversements. Pour comprendre la nouvelle donne mondiale, éditions Stock) pour comprendre la nouvelle norme mondiale dont le point de départ est l'invasion russe en Ukraine, et les conséquences notamment la hausse du coup de l'énergie. Quelles sont vos préconisations pour rassurer les Français ?

Je ne veux pas les rassurer, je veux leur dire la vérité sur cette guerre. Elle ne va pas se terminer du jour au lendemain, elle va continuer à avoir des conséquences lourdes au niveau du prix de l'énergie, des pénuries. Ce qui est en cause, c'est aussi notre propre sécurité. 

Nous sommes en face d'un pays ami, la Russie, mais qui est dirigée par Vladimir Poutine. Il est rentré dans une phase offensive, qui en plus a une alliance avec la Chine qui elle-même aussi est dans une posture agressive. Nous sommes en face de ce bloc, et il faut que nous soyons capables de nous défendre, d'aider les Ukrainiens, d'obliger Poutine à se retirer et ainsi retrouver l'équilibre qui a été perdu à cause de cette guerre.

L'un des enjeux de la rentrée, c'est la hausse des prix de l'énergie, notamment de l'électricité. À droite, on entend des critiques en disant que ce serait un peu de votre faute, à cause de votre accord avec les Verts, avec le fait que les parcs nucléaires seraient à l'arrêt. Qu'est-ce que vous répondez à ça ?

Le parc nucléaire n'est pas à l'arrêt, il a des problèmes de maintenance et la maintenance, c'est nécessaire pour être sûr que les centrales puissent continuer à produire longtemps. Surtout dans des conditions qui assurent une pleine sécurité. 

D'autre part, je n'ai arrêté qu'une seule centrale, celle de Fessenheim parce qu'il y avait une autre centrale qui devait rentrer en activité, celle de Flamanville. Vous savez que, hélas, elle n'a pas pu, à cause de problèmes là aussi industriels, être mis en œuvre.

Il est très important qu'on maintienne une part du nucléaire. Ce qui est regrettable aujourd'hui dans le débat politique, c'est que vous avez une droite qui refuse les énergies renouvelables et des écologistes qui refusent le nucléaire. Non, il faut, et du renouvelable et du nucléaire.

Ce qui est regrettable aujourd'hui dans le débat politique, c'est que vous avez une droite qui refuse les énergies renouvelables et des écologistes qui refusent le nucléaire.

François Hollande

ancien président de la République



Quelles sont vos préconisations ?

Je pense qu'on a un plan majeur à lancer d'économies d'énergie. Moi, je suis d'une génération où l'on a connu une crise pétrolière. Celle des années 70, qui nous a obligés à faire des économies importantes. Après, ça c'est oublié, ça s'est assez perdu. Il faut reprendre cette économie majeure, aussi bien pour le transport, que pour le chauffage, que pour les lumières. 

Deuxièmement, il faut lancer un grand programme d'isolation des logements et puis enfin, il faut assurer une diminution progressive des modes de transport qui sont les plus polluants et ça, ça suppose qu'on assure une redistribution sociale. Comment va-t-on demander à des personnes qui sont avec des petits, des moyens salaires de payer plus cher leur électricité, et leur gaz, tout en assurant un changement de leur véhicule, même s'il n'y a pas de redistribution sociale ? Il n'y aura pas de mise en œuvre d'un grand plan pour assurer la lutte contre le réchauffement climatique sans la redistribution sociale. 

 Il n'y aura pas de mise en œuvre d'un grand plan pour assurer la lutte contre le réchauffement climatique sans la redistribution sociale. 

François Hollande

Ancien président de la République

Justement, une proposition des élus socialistes est de taxer les superprofits des entreprises d'énergie. Etes-vous favorable à cette mesure ?

Quand il y a des profits importants, il y a un impôt qui existe qui s'appelle l'impôt sur les sociétés. Et je crois qu'il y a aujourd'hui des entreprises qui ont fait beaucoup de profits. Pourquoi on va appeler ça des super profits?

Il suffit, et c'est ma proposition, d'augmenter le taux de l'impôt sur les sociétés, pour ces entreprises qui ont fait des bénéfices très importants. Le volume de leurs bénéfices permet d'avoir un taux d'impôt société qui sera plus élevée. 

On peut dire la même chose d'ailleurs pour les patrimoines les plus importants. Il serait assez logique au moment où on demande beaucoup de sacrifices aux Français de rétablir l'impôt sur la fortune ou de trouver une autre forme de contribution pour les plus hauts patrimoines.


Vous n'êtes donc pas favorable à une nouvelle taxe ?

Si, je suis favorable à ce qu'on utilise des approches qui existent déjà. Je crois qu'il faut une meilleure redistribution. Il faut que ceux qui payent beaucoup d'impôts sur le revenu en payent encore davantage. Et ceux qui payent l'impôt sur les sociétés, qui font des profits importants, doivent avoir un taux plus important que les autres d'impôt sur les sociétés. Parce que plus on parlera de mesures compliquées, moins on les mettra en œuvre.

Il faut que ceux qui payent beaucoup d'impôts sur le revenu en payent encore davantage.

François Hollande

ancien président de la République

Quelle est votre place dans l'avenir de la gauche, notamment avec un Parti socialiste qui est désormais englobé par la NUPES ? 

Ce n'est pas ma place qui est en cause. J'ai été dirigeant très longtemps du Parti socialiste. J'ai été président de la République. Je suis le deuxième président de la République socialiste de la 5e République. Donc ce n'est pas ma place qui est en cause. 

En revanche, c'est celle du Parti socialiste. Si le Parti socialiste n'est qu'une annexe de LFI ou de la NUPES, et bien, il perdra son rôle. Quel était le rôle du Parti socialiste ? C'était d'être la force majeure, la force motrice de la gauche, en lui permettant d'accéder au pouvoir. S'il n'est plus cela, la gauche ne reviendra plus au pouvoir.

Est-ce qu'il faut un nouveau grand parti social-démocrate ?

Oui, il faut un grand parti. Ça peut venir du PS actuel s'il accepte de se transformer. Ça peut venir autrement par tous ceux qui ont envie d'une alternance en France. S'il n'y a pas ce grand parti, je dirais la même chose d'ailleurs pour la droite, on aura toujours le rapport avec les deux extrêmes. Et un jour, l'extrême droite pourra dire qu'elle est la seule alternance et ça, je ne veux pas m'y résoudre.

Depuis 2010, c'est votre cinquième visite à la foire de Châlons. Pourquoi, est-ce un événement aussi important quand on est un homme ou une femme politique ?

J'ai des souvenirs, à l'égard de la foire de Châlons. Je m'y suis présenté si je puis dire la première fois comme candidat à l'élection présidentielle, c'était en 2011. Ensuite, j'y suis revenu comme président de la République et j'y ai prononcé mon premier discours sur la rentrée sur la question économique majeure qu'était la création d'emplois. Ensuite, je suis revenu plusieurs fois lorsque j'ai considéré que c'était un moment de rencontre. C'est un événement, mais c'est aussi une reconnaissance du travail qui est engagé depuis des années. Et cette foire permet des rencontres avec tous les acteurs économiques.

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