La Foire de Châlons, c'est aussi l'occasion pour les citadins de découvrir le monde agricole, et, plus particulièrement, les animaux de la ferme. Virgil Noizet, à la tête du plus grand cheptel de brebis de la Marne, y présente deux de ses bêtes, dans un contexte où l'élevage ovin a le vent en poupe. Rencontre avec un passionné.
Lorsque Virgil Noizet a repris l'exploitation de son père et de son grand-père avant lui, le troupeau de brebis comptait 250 têtes. Aujourd'hui, elles sont plus de 700 à gambader dans les prés champenois, et voilà désormais le Marnais et sa famille à la tête du plus grand élevage ovin du département. Un élevage qui, contrairement aux années 1990-2010, a désormais le vent en poupe. "La filière du mouton se porte bien, constate Virgil Noizet. Nous avons des tarifs assez rémunérateurs au kilo, même si depuis le covid, l'achat d'aliments pour les bêtes coûte très cher. Donc ça peut être rentable et on peut parfaitement en vivre du moment que l'on sait bien gérer l'autonomie alimentaire de son élevage".
La ferme familiale emmenée par Virgil Noizet, Frédéric Noizet et Elisabeth Charbonneaux produit par ailleurs des céréales, des oléagineux, des betteraves et de la luzerne depuis trois générations.
Le jeune berger a donc choisi l'alimentation au grand air pour son cheptel, une méthode rapportée de ses séjours en Nouvelle-Zélande et en Australie. "Je me suis beaucoup inspiré de ce que j'ai vu là-bas, raconte-t-il. Même si, ce qui est paradoxal, c'est que là-bas, tous les systèmes herbagés sont inspirés d'un livre écrit par un Normand". Une méthode d'outre-pacifique donc, venue de France et retournée en France, jusque au petit village d'Aubérive où est située l'exploitation. "Chez eux, poursuit Virgil Noizet, on ne conçoit pas l'élevage, qu'il s'agisse de l'élevage de moutons ou tout autre élevage, dans un bâtiment".
Des brebis au grand air, jusqu'à la retraite
Et le Champenois pousse même la logique jusqu'au bout puisqu'une centaine de brebis réformées, qui ne peuvent plus avoir d'agneaux, finissent elles aussi tranquillement leurs jours au grand air. Elles sont en effet destinées aux prestations d'éco-pâturage, et broutent donc à longueur de journée les herbes hautes de 25 hectares de terrains appartenant à des sociétés privées.
On leur permet d'avoir une retraite dorée en quelque sorte !
Virgil Noizet, éleveur, à propos de ses brebis en éco-pâturage.
La problématique de la tonte
Mais il existe un frein à cet essor de l'élevage ovin : la tonte des moutons, qui peut coûter jusqu'à 2 500 euros pour mille brebis. La toison laineuse n'est donc plus un atout pour les éleveurs, mais un fardeau économique. Pour tenter de la valoriser malgré tout, Virgil Noizet s'est lancé dans la fabrication d'objets en feutre, même s'il s'agit plus, pour lui, d'une démarche éco-responsable que d'une opération financière. "Là, on essaie surtout de faire de l'anti-gaspi, parce que ça nous coûte quand même assez cher de transformer la laine et d'en faire des produits finis. Donc dessus, on obtient pas une marge exceptionnelle".
Mais qu'à cela ne tienne, l'élevage est avant tout une histoire de passion, et c'est cet amour du métier que Virgil Noizet compte bien transmettre à la Foire de Châlons, en présentant au public nombreux, deux de ses brebis Suffolk, qui font sa fierté.