"J'avais envie de voyager, mais moins prendre l'avion" : la plus belle Venise de France à élire lors d'un concours en ligne

Depuis le samedi 19 octobre 2024, un concours a lieu pour élire la plus belle Venise de France (il y en a une vingtaine dans le pays). Il est organisé en ligne, sur le réseau social Twitter (ou X).

Voulez-vous vous rendre à Venise ? Si la réponse est oui, prenez garde à ne pas vous tromper car il n'y en a pas qu'une. Cette pluralité vénitienne, c'est justement l'objet d'un nouveau concours lancé le samedi 19 octobre 2024.

La Sérénissime a beau être située sur une lagune italienne baignée par la mer Adriatique, pas besoin d'aller bien loin pour circuler en canot sur des canaux et découvrir des merveilles architecturales. La France en compte aussi, et plutôt vingt fois qu'une.

Oscar Barda s'en est ému, et a voulu attirer l'attention des touristes hexagonaux sur leur existence. Joint par France 3 Champagne-Ardenne, il explique le principe du concours qu'il a lancé sur Twitter (malgré son renommage en X par le milliardaire libertarien Elon Musk, il continue à l'appeler ainsi, et il n'est pas le seul).

Des Venises du nord au sud

Tout est parti d'une blague sur la localisation des Venises près de chez soi. "Puis quelqu'un en a fait une carte." Le quelqu'un étant l'éminent Jules Grandin, le monsieur carte des Échos (et de Quotidien, mais ils n'ont pas daigné le garder). On lui devait déjà la carte des salons de coiffure aux noms originaux de France. Oui, ce sont des cartes très importantes (voir les Venises dans le tweet ci-dessous).

Concernant Venise, l'importance était telle que Oscar Barda s'est senti investi d'une divine mission : faire connaître toutes ces Venises. "J'ai repris cette idée-là pour savoir laquelle de toutes ces Venises est la plus intéressante à visiter. Et là, comme je prends toujours mes idées idiotes un peu trop loin, je me suis dit qu'on allait faire un concours, un grand concours sur Twitter."

"C'est déjà le deuxième tour", précise-t-il. Et la Petite Venise pétillante de Châlons-en-Champagne (Marne) a ignoblement déjà été écartée. Mais nous y reviendrons plus tard. "C'est triste", concède Oscar Barda, qui a "envie de voyager, mais de moins prendre l'avion". Allier les envies culturelles avec les nécessités écologiques, c'est une démarche à souligner. 

Toutes belles, mais à la renommée inégale

"C'est difficile de connaître toutes les richesses de la France. Cette carte ne me disait pas à quoi ressemblaient ces villes." Il a donc fait un grand tableau pour départager tout le monde lors du concours. "Il faut ce qu'il faut." (à voir dans le tweet ci-dessous). 

Lui-même a grandi à côté d'Ornans (Doubs, en Franche-Comté), où se trouve la Petite Venise comtoise. "J'ai déjà vu Montargis et Pont-Audemer" (Loiret, en région Centre, et Pont-Audemer, Eure, en Normandie), les villes de la Venise du Gâtinais et de la Venise normande.

"J'ai aussi déjà vu Annecy et Sète" (Haute-Savoie,en Rhône-Alpes, et Hérault, en Languedoc-Roussillon) : la Venise savoyarde et la Venise du sud, respectivement. "Qui sont quand même parmi les plus grandes..."

Il serait très intéressé par la découverte de :

• la Venise française (rien que ça) ou provençale à Port-Grimaud (Var) : "éliminée dès le premier tour mais ça a l'air super joli"
• la Venise comtadine à L'Isle-sur-Gorgue (Vaucluse), "qui a l'air ravissante"
• et la Venise du Berry à Argenton-sur-Creuse (Indre) : "pas très loin de Paris, et ça tombe bien, j'habite à Paris"

Mais Oscar Barda ne tire pas de plans sur la comète. Il reste objectif en organisant ce concours, et a respecté toutes les procédures de tirage au sort pour que ce soit équitable. "J'ai fait un tirage au sort aléatoire, mais quelques villes [concurrentes] restaient très proches, donc j'avais peur que les voisins soient mécontents." Mais il n'en fut rien.

En tant que journalistes dont la rédaction se trouve dans l'Est de la France, nous sommes dans l'obligation morale de mentionner Colmar (Haut-Rhin). Là où se trouve la fameuse Petite Venise alsacienne, bordée de charmants colombages... 

Un concours qui marche bien

"Il attire plutôt les foules. Quelques mairies se sont amusées à retweeter. Il y a eu du succès, plusieurs milliers de votes. Cela fonctionne correctement."

"Le vendredi [25 octobre], nous aurons la grande finale pour élire la meilleure Venise de France." Le premier tour a eu lieu le soir du lundi 21 octobre, et le deuxième est prévu le mercredi 23 octobre à 18h00. 

"Sur Twitter, cela reste plutôt bon enfant. Les gens ne s'insultent pas trop. Il n'y a eu que quelques personnes pour dire de ne pas voter [pour telle ville] car c'est moche, mais c'est tout. Je crois que certaines personnes ont aussi une haine d'Annecy, mais j'ignore pourquoi..." 

Oscar Barda n'étant pas (encore) multi-millionnaire, il ne fera pas remporter une riche dotation financière à la Venise gagnante. Par contre, il fait de la poterie à ses heures perdues et pourrait fabriquer un petit trophée en argile ornementé pour la mairie qui l'aura emporté. "Peut-être que je pourrais leur envoyer." Ou leur remettre en main propre au cours d'une cérémonie, chiche.

Dans la vie de tous les jours, le trentenaire est "directeur créatif dans le jeu vidéo où je pilote la vision artistique d'un jeu du début à la fin, et théoricien du jeu vidéo. Je donne des cours." D'ici quelques mois sortira son ouvrage, qui devrait s'intituler J'aimerais enfin comprendre le jeu-vidéo. 

Châlons battue, mais elle a pourtant du charme

L'élimination de la sublime Châlons-en-Champagne ne doit pas occulter que cette Venise située à 40 kilomètres de la rédaction de France 3 Champagne-Ardenne (d'où notre objectivité) gagne à être connue. Jointe par téléphone, Natalia Soares, conseillère en séjour et responsable de l'accueil à l'office de tourisme, nous le confirme (accès aux barques via ce site, voir la carte ci-dessous).

"Il faut la découvrir car elle est au coeur de la ville. On y trouve le centre historique de Châlons-en-Champagne, beaucoup de ponts, deux tunnels qui font un peu moins de 300 mètres. On découvre la collégiale Notre-Dame-en-Vaux, classée au patrimoine mondial de l'Unesco et qui a l'un des carillons les plus importants d'Europe avec 56 cloches."

"Et nous", ajoute-t-elle avec une pointe de fierté, "on décline nos balades en barque à fond plat... de nuit. Je ne pense pas qu'ils le font ailleurs..." Douze personnes peuvent grimper, avec le pilote qui a un moteur (car nous ne sommes pas tout à fait dans une gondole vénitienne) et fait office de guide. "Il a plein d'anecdotes." 

L'Eau-dyssée (de jour) coûte 13 euros pour 40 minutes, et Métamorph-eau-ses (de nuit) 18 euros pour une heure. "Car lors des balades sur l'eau nocturnes, la ville se métamorphose." C'est beau... "L'intérêt de la balade de nuit, bien que le circuit soit le même, c'est qu'on a un résultat différent avec un beau spectacle permis par les mises en lumière de nos monuments sur le circuit, et un pilote plus discret."

Une chose est sûre, vous ne pourrez plus dire que vous n'avez pas d'idée de l'endroit où vous pourriez partir en villégiature.