Magali Lockwood, artiste installée à Calais, a décidé de recycler les muselets qui ferment les bouteilles de champagne en coupe, luminaire ou même en robe. Elle exposera certaines de ses créations de fin octobre à décembre à Épernay dans la Marne.
Lorsqu'on débouche une bouteille de champagne, il est rare qu'on s'intéresse de près au muselet, ce fil de fer qui empêche, avec la capsule, que le bouchon ne saute avant qu'on l'ait décidé. Mais Magali Lockwood a choisi de passer des heures à le manipuler pour le transformer en des créations étonnantes.
Cette artiste installée à Calais (Pas-de-Calais) a commencé ce travail bien particulier en 2010. "C'est le muselet qui est venu à moi, nous confie-t-elle. Mon beau-père est peintre sur capsule. Pour qu'il puisse travailler sur ses plaques de champagne, ma belle-mère lui démontait chaque muselet. Un jour, elle me dit que ça lui faisait mal au cœur de les jeter. Je trouvais ça joli et j'avais déjà une attirance pour le métal."
L'artiste décide donc de transformer cet élément que certains mettraient bien vite au rebut. "J'ai commencé par faire des boules, puis des coupes, des luminaires. J'essayais de voir tout ce que je pouvais faire avec les muselets."
Son travail est remarqué. Elle expose dès 2014 à Épernay, dans la Marne, avenue de Champagne. Pendant des années, Magali Lockwood a jonglé entre son travail en pharmacie et sa passion, mais en cette année 2024, elle s’est lancée à plein temps dans la création artistique.
"Sans soudure, sans colle"
Elle passe des heures à donner une nouvelle vie aux muselets et capsules. "Toutes mes créations sont faites sans soudure, sans colle. Ce n'est que de la torsion, il n'y a pas de matière ajoutée", souligne-t-elle. Pour former un bougeoir, il lui faut pas moins de 121 muselets et beaucoup de patience.
Pour la création de dix luminaires, exposés dans un château de Wambrechies (Nord), elle a assemblé plus de 7 000 muselets à la main, seule, dans son atelier de Calais. Un travail minutieux mais dans lequel Magali Lockwood semble ravie de pouvoir s'investir pleinement. "Je ne suis qu'en train de créer du matin au soir. Si je ne pouvais faire que ça de toute ma vie, je pense que je serai au paradis."
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Ce travail du métal l'inspire au point de créer un chapeau et même une robe à base de muselets. "Elle est à ma taille, je peux la porter, mais j'avoue que je ne peux pas m'asseoir, donc il faut que ce soit un cocktail debout", glisse-t-elle dans un sourire lorsqu'on l'interroge sur cette création hors-norme.
Magali Lockwood se fournit désormais en matière première auprès d'un spécialiste sparnacien de l'emballage des bouteilles de champagne. "Les muselets que je recycle n'ont pas été mis en bouteille", précise l'artiste. Ce sont des fins de série, des collections qui ne sont plus vendues, et qui auraient fini à la benne. Dernièrement, Magali Lockwood a même trouvé une deuxième vie aux plaques dans lesquelles sont découpées les capsules des bouteilles. Elle transforme ces grandes feuilles de métal percées en matériau de base pour créer des lustres.
Du 25 octobre au 17 décembre prochain, Magali Lockwood exposera à Épernay ses créations à base de muselets, mais aussi ses peintures. L'office de tourisme de la ville va ainsi accueillir ses sculptures et des tableaux. "À côté de ça, j'exposerai aussi à l'Hôtel de ville pour le Champagne Day. Je vais présenter pour la première fois mes luminaires avec mes plaques", explique-t-elle. Toutes ses créations seront proposées à la vente, de quoi combler ceux qui tomberont sous le charme de son travail.