La bouteille de champagne doit-elle garder obligatoirement sa coiffe ?

La coiffe, qui recouvre le goulot, doit-elle rester un incontournable de la bouteille de champagne ? Après que l'Europe a laissé le champ libre aux professionnels, le Syndicat général des vignerons a voté pour que la coiffe soit ajoutée au cahier des charges de l'appellation. Un collectif de vignerons s'y oppose, plaidant pour plus de liberté.

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La Commission européenne a rendu facultatif le port de la coiffe sur les vins effervescents l’été dernier, notamment dans un souci de réduction des déchets. Cette feuille d'aluminium qui recouvre le goulot d'une bouteille de champagne permet de protéger le bouchon et le muselet, mais elle est surtout un élément marketing important. 

Si l'Europe n'impose plus la coiffe, les professionnels peuvent toutefois en décider autrement. En Champagne, elle pourrait donc entrer dans le cahier des charges de l'appellation, rendant ainsi son utilisation obligatoire. Un vote a eu lieu au sein du Syndicat général des vignerons (SGV), il plaide en faveur d'un ajout de la coiffe dans les règles qui encadrent la fabrication d'un champagne.

"Quand vous avez des marqueurs identitaires forts, comme l'est la coiffe pour la reconnaissance de la différence entre un champagne et un vin effervescent, vous ne pouvez pas jouer avec ça, affirme Pascal Soutiran, directeur de l'entreprise La Coiffe. Comment vous allez mesurer demain la perte de confiance ou la perte de rassurance, parce que les consommateurs vont se dire qu'ils ne sont plus capables de reconnaître une vraie bouteille de champagne […] Donc, ils ne vont plus savoir ce qu'ils achètent."

"Qu'il y ait une coiffe ou pas, ça ne change rien"

Un collectif de vignerons, baptisé "Ça décoiffe en Champagne", s’est levé contre cette obligation. Il ne s'oppose pas à la coiffe, mais veut garder sa liberté d’apposer ou non le chapeau en aluminium. Car pour eux, cela ne reflète pas l’image de la Champagne 

"Qu'il y ait une coiffe ou pas, ça ne change rien. Si vous prenez des vins pétillants, des cidres ou même certaines bières, beaucoup ont des coiffes. Je vous mets au défi, si vous êtes à une dizaine de mètres d'un linéaire, de reconnaître une bouteille de champagne d'une bouteille de crémant ou de prosecco, assure le vigneron Alexandre Lamblot, membre du collectif. L'image de la Champagne, c'est un vignoble vert et c'est également ce qu'il y a dans la bouteille. Le marketing, c'est une chose, mais le plus important est d'avoir des règles de production cohérentes et l'intérieur qualitatif."

Lui a retiré les coiffes de toute sa gamme de champagnes, après la pénurie de 2022. Il pose désormais une bandelette de papier recyclée. Ses clients, des grandes tables étoilées, le suivent dans cette démarche écologique.

"On n'a jamais eu une seule remontrance. C'est même plus simple, une fois que c'est ouvert, c'est plus joli. On était sur des coiffes assez courtes, elles étaient entièrement arrachées donc il ne restait rien. Aujourd'hui, on a un système avec une ouverture facile, un peu comme un timbre, qui va laisser quelque chose de très propre ensuite et garder le mot champagne", décrit-il.

La coiffe est un élément d'identification et d'authentification du produit.

Jean Lallement, administrateur du Syndicat général des vignerons

Les Décoiffés ont été entendus par le SGV et par Jean Lallement, un de ses administrateurs. En charge de l’Organisme de défense et de gestion du cahier des charges, l’ODG, il n'est pas fermé à négocier des exceptions à la règle. "On est encore au niveau de la concertation, même au niveau de l'ODG. On n'est pas dans la volonté de vouloir imposer le tout, promet Jean Lallement. On ne pense pas avoir la vérité, mais on pense que c'est la volonté de la majorité des producteurs de vouloir conserver cette coiffe. Après, je pense que la parole restera au consommateur d'apprécier la finalité de la bouteille."

Ce sera donc aux consommateurs de démontrer l’importance de la coiffe dans son acte d’achat. En attendant, l'obligation du port de la coiffe est en cours d’instruction à l’Institut national des appellations d’origine, l'INAO. Il donnera sa réponse d’ici un an. 

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