Epernay : pénurie de matières premières et hausse des prix, les artisans font face à une situation inédite

De nombreux artisans du bâtiment connaissent des difficultés d'approvisionnement. A cause de la forte demande et d'une production qui n'a pas repris le rythme d'avant la crise sanitaire. Exemple avec une entreprise d'Epernay.

Va-t-elle recevoir ses commandes ? Quand ? À quel tarif ? Hélène Mathieu reste enjouée au téléphone malgré toutes ces incertitudes. Cet artisan spécialiste des fermetures en aluminium, PVC et acier, subit de plein fouet la pénurie de ces différents matériaux. "Sur la motorisation des volets roulants, on a un retard de 8 semaines. Nos fournisseurs ne peuvent plus nous livrer." 

Autre exemple : pour des fenêtres qui devaient être réceptionnées début janvier, la livraison est repoussée à une date indéterminée. Son fournisseur est bloqué. "J'appelle pour connaître l'évolution, mais je ne suis prévenue qu'au dernier moment, déplore cette gérante. Il faut aussitôt que j'avertisse les particuliers." Heureusement pour elle, ses clients se montrent compréhensifs.

Une pièce manquante peut bloquer tous les corps de métier sur un chantier

Hélène Mathieu, Gérante d'une entreprise à Epernay   

En raison de la crise sanitaire, des chaînes de production se sont retrouvées à l'arrêt. Aujourd'hui, elles ont repris, mais à un rythme plus modéré. À cela, s'ajoute une explosion des commandes. Bon nombre de particuliers ont profité de cette période pour se lancer dans des travaux. "Il y a une sorte d'embouteillage général des demandes et donc une certaine lenteur à retrouver le volume de production que nous avions avant", constate Bruno Arcadipane, président du Medef Grand Est.

Un épisode de chômage technique

Première conséquence de cette pénurie, l'atelier de cet artisan situé à Epernay tourne parfois au ralenti. Portes ou volets à installer ne sont pas suffisamment nombreux. "On essaie de jongler avec ce que l'on a, mais nous avons dû mettre nos salariés en chômage technique quelque temps", précise Hélène Mathieu. Les chantiers en cours, eux, sont reculés. Une première pour cette petite structure qui existe depuis 1978. "On avait toujours réussi à tenir les délais annoncés aux clients sauf en cas de problèmes de nos fournisseurs." 

Deuxième conséquence : les tarifs des matériaux ont grimpé. "Certains produits ont pris 2 à 3% plusieurs fois en un an. C'est le cas des volets roulants, mais aussi des menuiseries PVC et alu", regrette Hélène Mathieu. Tous les corps de métier sont touchés. "Le menuisier bois est tout aussi embêté. Le chêne a explosé", ajoute Bruno Arcadipane. Ces hausses forcent les entreprises à réajuster leurs prix.

Pénurie rime avec hausse des prix

"Je ne peux pas absorber toutes les augmentations des fournisseurs." La gérante est obligée de renégocier des devis. "Le prix que je propose à mes clients est valable un mois. Si la commande tarde, le devis est révisé." D'après une donnée de la Capeb, Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment, 26 % des entreprises ont déjà répercuté ces hausses sur les tarifs pratiqués. 

Ces difficultés peuvent encore durer toute l'année 2022 et certainement jusqu'à 2023

Bruno Arcadipane, Président du Medef Grand Est

Pour Bruno Arcadipane, production et prix retrouveront leur niveau d'avant la pandémie dans 18 à 24 mois. Le président du Medef Grand Est rappelle un principe économique simple : "Il faut que la production reprenne pour que la pression sur les prix baisse." Mais un autre problème apparait, celui du coût de l'énergie en augmentation. Cela risque de compliquer encore cette reprise. 

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