Pour dénoncer "un climat de violence", ils organisent une opération collège mort

Les personnels de l'établissement ont organisé une journée "collège mort" pour dénoncer le climat de violence et plus généralement le manque de moyens pour accompagner les élèves.

Aucun élève aux abords du collège Terres Rouges à Epernay (Marne) ce jeudi 14 décembre, et pour cause, les cours ont été suspendus et les portes de l'établissement sont restées fermées toute la journée. Une journée de mobilisation exceptionnelle dite "collège mort" a l'initiative des enseignants pour dénoncer un climat qu'ils décrivent comme de plus en plus pesant.

On est obligé de faire la police

Une enseignante du collège Terres Rouges

Dans ce collège qui accueille 520 élèves, les passages en conseil de discipline sont de plus en plus fréquents. Deux collégiens ont ainsi été exclus récemment pour des faits de violence. Il y a quelques semaines, des appels à la bagarre sur les réseaux sociaux ont poussé la direction du collège à solliciter l'intervention de la gendarmerie afin de fouiller les sacs de plusieurs élèves.

Des bâtons ont notamment été retrouvés dans certaines affaires. En classe, l'atmosphère semble tout aussi lourde. "On est obligé de faire la police alors que ce n'est pas notre cœur de métier", déplore Sophie Ruffin, professeur de lettres modernes, en poste depuis douze ans à Terres Rouges. Pendant ce temps-là, on ne peut pas faire progresser nos élèves." 

Jusqu'à 35 élèves en classe

L'accompagnement et l'encadrement sont aussi au centre des crispations pour les enseignants qui pointent du doigt un manque de moyens. "Le collège Terres Rouges est sorti du dispositif REP (NDLR : Réseau d'éducation prioritaire) il y a neuf ans alors que le public accueilli ne change pas, reprend l'enseignante.

Des baisses de dotations alors que l'établissement abrite toujours des élèves dans le cadre des dispositifs ULIS (permettant la scolarisation des élèves en situation de handicap), SEGPA (pour les élèves présentant des difficultés scolaires) et UPEAA (pour des élèves ne parlant pas le français). Durant certains cours, il peut y avoir jusqu'à 35 personnes dans une classe, difficile dans ces conditions d'accompagner ceux qui ont besoin d'un suivi".  

Ce n'est pas la première fois que le collège Terres Rouges est le théâtre de faits violents. En octobre 2019, un élève avait ainsi sorti un couteau en plein cours, sans toutefois menacer ni insulter personne. Des faits qui avaient choqué les élèves et les enseignants. 

Ce jeudi, sur les grilles et la façade du bâtiment, des banderoles "Respect", "Collège en souffrance... pas d'égalité des chances" et "Alerte Education Sans Humanité" reprenant le sigle AESH ont été accrochées.

Une délégation composée de représentants des personnels, mais aussi des parents d'élèves a été reçue jeudi 14 décembre en fin de journée par l'inspectrice d'académie à Châlons-en-Champagne.  Parmi ses revendications, des créations de postes d'AESH, l'ouverture de classe suplémentaire sur le niveau 4e et 3e, et l'amélioration du "bureau numérique" permettant le suivi et l'échange entre le collège et les familles. Ecoutés attentivement par leur interlocutrice, tous espèrent des décisions rapides pour les aider à surmonter cette crise et alléger un peu le climat ambiant.

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