"Je n'ai même pas le droit de me promener dans Paris avec ma vache": un agriculteur marnais dénonce une interdiction de manifester

Stéphane Charlier fait partie des agriculteurs présents ce lundi 5 janvier à Paris pour manifester. Il dit avoir joué au chat et à la souris avec les forces de l'ordre une bonne partie de la matinée avant de pouvoir réaliser le cliché qu'il espérait: des militants de la Coordination rurale vêtus de leurs bonnets jaunes, une (fausse) vache et la tour Eiffel.

C'était l'objectif de la journée pour une cinquantaine d'agriculteurs de la Coordination rurale originaires de la Marne, de la Haute-Marne, de l'Aube, de l'Aisne et de la Seine-et-Marne : prendre la pose avec une vache promouvant le "lait équitable" (comprendre français et rémunérateur pour les éleveurs laitiers) devant la tour Eiffel. Ils y sont parvenus en fin de matinée mais la tâche fut compliquée. Stéphane Charlier, agriculteur céréalier du syndicat agricole dans la Marne, a escorté le (faux) bovin. "Nos collègues ardennais nous avaient prévenus que les policiers étaient présents en nombre dans le secteur du Trocadéro, et qu'ils n'avaient pas hésité à verbaliser deux membres de notre syndicat vers 6h du matin pour avoir simplement porté le bonnet jaune. 135 euros d'amende pour chacun..."

Stéphane Charlier décide donc d'éviter ce secteur, qui propose pourtant un point de vue idéal sur la Dame de Fer. "J'ai tourné dans les petites rues de Paris, que je ne connais pas, avec ma remorque et ma vache. Certains collègues me suivaient. On est finalement arrivé sur le Champ-de-Mars. On a juste eu le temps de descendre des véhicules, d'enfiler nos bonnets jaunes et de faire la photo". 

Les forces de l'ordre arrivent rapidement et proposent à Stéphane Charlier de l'escorter pour le sortir de Paris. Les autorités se sont en effet montrées intransigeantes sur le fait de ne pas bloquer la capitale. "On ne bloque pas, on ne perturbe pas", surtout "un jour de rentrée scolaire", a déclaré ce lundi 5 janvier sur TF1 Annie Genevard, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. "Pas de blocages qui compromettent finalement l’image des agriculteurs auprès des Français. Et pas de violence."

"Je me promène avec une vache dans Paris. J'ai quand même bien le droit"

Stéphane Charlier, Coordination rurale de la Marne

Face aux policiers, Stéphane Charlier lance presque innocemment : "Je me promène avec ma vache dans Paris. J'ai quand même bien le droit !". Il parvient finalement à rejoindre d'autres agriculteurs de la Coordination rurale "montés" à Paris, dont Christian Convers, secrétaire général du syndicat agricole. "Nous n'avons de cesse de mettre en avant nos deux revendications, deux, pas une de plus: l'arrêt de la "suradministration" franco-française par rapport à nos voisins européens, car qui dit marché unique en Europe doit aussi dire règles uniques pour tous. Et la deuxième mesure, au lieu de trop contrôler nos fermes, il faut contrôler les importations mondiales qui utilisent des produits phytosanitaires, médicaments, Ogm et autres hormones, interdits chez nous" insiste le syndicaliste.

Stéphane Charlier et sa vache ont finalement rejoint la Seine-et-Marne pour poursuivre cette journée d'action.