Marne : La récolte des betteraves 2020 va connaitre une année catastrophique

La campagne betteravière a commencé depuis ce lundi 5 Octobre dans la Marne. Les agriculteurs le savent déjà, les rendements seront cette année mauvais avec une baisse de 30 à 60%. En cause : la sécheresse et la jaunisse qui ont envahi les champs et font des ravages sur la plante.

 

Au cœur de la Champagne, sur la commune de Pontfaverger dans la Marne, depuis sept heures ce matin ce jeune agriculteur arrache sa parcelle de betteraves avec ses machines, une terre lourde et humide dans le sol ralentissent le passage des arracheuses en ce mercredi 7 octobre.

Une pluie fine balaye la zone, des conditions difficiles pour l’exploitant. « Nous avons vécu pendant trois mois la sècheresse des sols et maintenant c’est la pluie qui perturbe notre travail, cela devient compliqué », explique le jeune exploitant.

Alain Grethen est aussi exploitant et prestataire, son analyse est sans appel. « Nous avons pleuré après l’eau et maintenant nous en avons de trop, nous démarrons dans la boue, les sucreries ne sont pas totalement prêtes, c’est vraiment compliqué. Tout le monde a attendu le dernier moment pour arracher en pensant que les plantes allaient grossir et puis du coup ce n’est pas chouette du tout, c’est même catastrophique avec des petites betteraves ».

Un mois de retard pour cette campagne 2020

Sur les terres de Simon Pellot, la campagne a démarré avec un mois de retard et en y regardant de plus près l’agriculteur se pose beaucoup de questions. « Nous allons être loin de ce que nous avons d’habitude de voir dans nos champs, les rendements sont très faibles, nous avons une baisse sur les secteurs abimés par la jaunisse de l’ordre de 30% à 40%, c’est du jamais vu », explique Simon.

Les premiers arrachages confirment hélas ce que la filière redoutait. A ce faible rendement s’ajoute, cette année, une autre problématique : la sécheresse. Il a très peu plu durant le printemps et l’été. Les agriculteurs qui n’ont pas irrigué leurs parcelles sont encore plus pénalisés. « Les anciens, comme mon grand-père n’ont pas connus des années si excessives, autant de temps sec et humide sur des si longues périodes, c’est difficile de voir les perspectives pour les prochaines années, notamment dans la betterave » confie Simon Pellot.

Baisse des rendements et maladies

Le rendement, c’est le tonnage de betterave présentes dans le champ qui est donc en très forte baisse. La principale cause : la jaunisse véhiculée par les pucerons qui a sévèrement touché les plants pendant la période printanière. D’habitude les producteurs sèment des plants de betteraves avec une petite enveloppe de pesticides : les fameux néonicotinoïdes. Des produits interdits sur le territoire français en 2019. Une maladie qui a donc envahi les champs de betteraves et fait des ravages, la jaunisse stoppe la photosynthèse de la plante et la plante stagne.

Conséquence, la taille des betteraves est très petite. De plus, beaucoup de betteraves ne pourront pas être récoltées car les arracheuses à betteraves ne sont pas conçues pour arracher les petites betteraves. Les machines arrachent des betteraves qui font entre 10 à 12 centimètres de diamètre. Résultat : le rendement réel des betteraves récoltées va être encore plus faible.

Un avenir incertain pour les agriculteurs

Des inquiétudes significatives, notamment financières, pour ces agriculteurs qui accuseront des pertes sèches sur leur récolte de betteraves cette année. « J’ai énormément de producteur autour de moi qui me disent, on va arrêter les betteraves, c’est dommage mais malheureusement je pense qu’ils sont dans le vrai » commente Alain Grethen.

Dans son tracteur, Simon trace les lignes de cette récolte 2020, mais se projette déjà sur l’avenir, pour cet exploitant qui vient de prendre la succession de l’exploitation familiale depuis 2018 un doute existe, surtout s’il renonce à planter des betteraves l’année prochaine. Il veut préparer le futur avec d’autres projets.

« Je me pose beaucoup de questions, depuis 2018 nous cumulons beaucoup de difficultés, mon objectif trouver une diversification qui est moins impactée par la météo, des productions types poules pondeuses, photo voltaïque, se lancer dans la méthanisation, ce sont des pistes de réflexions, mais avec cette météo capricieuse il va falloir s’adapter et ça, rapidement, nous sommes partis dans une période difficile » expose Simon Pellot.

La filière va être fragilisée

Une fois récoltées, les betteraves prennent le chemin des sucreries. Mais cette année, il y aura moins de volume à traiter dans l’industrie sucrière. Une sucrerie fonctionne en moyenne 100 jours par an. Pendant ces 100 jours de campagne, les betteraves arrivées à maturité dans les champs sont arrachées au fur et à mesure, déposées au bord des routes et transportées à la sucrerie qui tourne alors 24 heures sur 24 et sept jours sur sept pour produire le sucre en France. Pour la Marne, la campagne est prévue sur environ 80 jours.

Avec une baisse de rendement moyenne de 40 %, le manque à gagner est d'environ 1 000 €/ha pour les producteurs. Comme le montre la carte ci-dessous, les attaques de la jaunisse ont été très aléatoires selon les zones, pour la Marne, la baisse est de l’ordre de 30 à 60%.

Les prochains semis aussi décalés

A cause de cette campagne tardive et de cette météo capricieuse, les champs ont des structures de sol très abîmés, du coup les planteurs vont devoir attendre avant de semer les orges d’hiver ou autres semences, un coup financier supplémentaire pour les agriculteurs et leurs exploitations. Tous espèrent une année 2021 moins sèche et qui sera donc plus propice à l’agriculture et à rassurer toute une économie déjà fortement fragilisée par trois années très mauvaises en rendement.
 
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