Le syndicat SNES-FSU de l’académie de Reims dénonce dans un communiqué la gestion par le rectorat d'une plainte déposée par une enseignante pour harcèlement et agression sexuelle commis par l'un de ses collègues dans un collège d'Epernay, entre décembre 2021 et mars 2022.
Les faits se seraient déroulés entre décembre 2021 et mars 2022 dans un collège d'Epernay (Marne). Une enseignante aurait été victime de harcèlement et d'attouchements de la part d'un de ses collègues avant de porter plainte fin mars pour harcèlement et agression sexuelle suite à une dernière altercation. Selon le syndicat SNES-FSU de l'académie de Reims, qui a aidé la victime présumée dans ses démarches, l'enseignante a été reçue par son supérieur après l'agression et depuis... plus rien !
L'enseignante est en arrêt maladie, l'agresseur présumé lui, est toujours en poste. Une situation que dénonce le syndicat qui indique avoir interpellé à trois reprises le rectorat sans obtenir de réponse. Pour le syndicat, la procédure dans ce genre d'affaire ne serait en l'espèce tout simplement pas respectée.
Le doute doit bénéficier à la victime
Communiqué SNES-FSU
"Le SNES dénonce l’attitude du rectorat de Reims qui laisse l’agresseur présumé en poste et empêche ainsi la collègue de pouvoir reprendre son activité professionnelle en dépit de nos interpellations répétées, peut-on ainsi lire dans le communiqué du syndicat. Même si la présomption d’innocence doit s’appliquer, le doute doit bénéficier à la victime le temps que l’enquête judiciaire établisse la réalité des faits.
Le soutien aux personnels de la part de l’institution doit être total et indéfectible. Les personnels victimes de violences à caractère sexuel doivent être protégés, soutenus, accompagnés par l’ensemble de la chaîne hiérarchique. Cela passe par des mesures conservatoires contre les agresseurs présumés, une écoute et une information régulière et un accompagnement psychologique sur le court et le moyen terme.
Nous déplorons l’absence de contact entre le rectorat et la victime, laissée pour
l’instant dans le flou quant à sa situation et à la prise en compte de son agression.
"Je déplore cette inégalité de traitement"
Notre crainte s'appuie sur l'expérience ; ce n'est pas la première fois que le rectorat de Reims fait traîner de manière éhontée une situation très délicate. L’Éducation Nationale n’est en aucun cas à l’abri des violences faites aux femmes et la parole de celles-ci se libère. Les personnels de l’Éducation Nationale victimes de violences sexuelles et sexistes doivent pouvoir avoir confiance en leur employeur, il reste manifestement du chemin à faire."
Sans vouloir prendre parti, le syndicat "apporte tout son soutien à l’enseignante qui a porté plainte contre l’un de ses collègues pour agression sexuelle au sein de son établissement".
L'enseignante a accepté de témoigner sous couvert d'anonymat. "Je déplore cette inégalité de traitement entre moi et mon agresseur. Je suis en arrêt chez moi sans aucune nouvelle du rectorat, je ne sais pas si ma demande d'accident du travail est validée, cela fait trois mois et mon indemnité risque de baisser si mon arrêt est considéré comme un simple accident de travail, je ne sais pas si je pourrai reprendre en septembre, c'est très violent pour moi", confie-t-elle.
"Un conflit privé qui remonterait à plusieurs années"
Le rectorat a de son côté répondu également par communiqué. Selon l'institution, "après des auditions contradictoires", l'auteur présumé "conteste les faits qui lui sont reprochés et livre une version radicalement différente. Les deux parties ont entamé indépendamment des démarches auprès de la justice. Il apparaît que cette affaire semble liée à un conflit privé qui remonterait à plusieurs années.
L’agent plaignant a saisi l’administration d’une demande de protection fonctionnelle début avril. Au regard de la potentielle gravité des faits reprochés, tout en tenant compte de la complexité de la situation et au vu de la demande de la plaignante, les services du rectorat lui ont accordé la protection fonctionnelle (mesures de protection et d'assistance due par l'administration à tout agent victime d'une infraction dans l'exercice de ses fonctions ou en raison de ses fonctions ndlr) le 25 avril, ce qui lui a été notifié sans délai.
Les services du rectorat sont extrêmement vigilants sur les questions d’agression, quelles qu’elles soient : chaque situation signalée est prise en compte et accompagnée."
Une solution trouvée ?
Selon le SNES, ce jeudi 26 mai, une solution aurait été trouvée. "L'agresseur présumé aurait été "sorti" de l'établissement par le rectorat, c'est à dire affecté sur un poste de remplacement à l'extérieur de ce collège. Le rectorat lui aurait conseillé de se placer en arrêt maladie. Administrativement ce n'est pas la "mesure conservatoire" que nous réclamions, mais d'un point de vu pratique l'impact est le même, c'est à dire que la victime pourra, si elle en a la force, reprendre son service dans l'établissement" explique François Belleil Secrétaire Académique du SNES-FSU.
Le rectorat que nous avons contacté n'a pas souhaité confirmer ou infirmer cette information : "L'administration ne souhaite pas s'exprimer dans un souci d'apaisement et de retour à la sérénité au sein de l'établissement concerné. Elle demeure mobilisée pour continuer l'accompagnement et la préservation de ses agents."