Au dernier jour du procès des agresseurs du jeune rémois torturé, vendredi 20 octobre, les avocats de trois principaux accusés, qui risquent la perpétuité, ont plaidé. Des plaidoiries qui ont parfois choquées la partie civile.
"Vous jurez et promettez […] de n'écouter ni la haine ou la méchanceté", commence par rappeler Me Giral-Flayelle, avocate de Johnny C. lors de sa plaidoirie. Ces mots, ce sont ceux qui sont énoncés dans le Serment des jurés d'Assises.Une tâche qui pourra être difficile tant les sévices décrits lors du procès ont pu sembler atroces aux jurés (non professionnels) qui entourent le président et ses assesseurs.
Le verdict qu'ils prononceront (attendu au soir du vendredi 20 octobre) les amènera à acquitter ou condamner chacun des six accusés pour enlèvement, séquestration ou détention arbitraire, violence commise en réunion suivie d'incapacité supérieure à 8 jours, viol en réunion et détention arbitraire avec torture ou acte de barbarie – tous ne sont pas concernés par tous les chefs d'accusations.
Une défense surprenante
Rémy B., Johnny C. et Sabrina D. sont ceux pour qui la peine requise par l'avocat général est la plus lourde : 20 ans.L'avocate de Rémy B., Me Fleur Lodigeois affirme ainsi, concernant la séquestration : "Il avait toute la latitude de partir. Il suffisait de tourner le verrou !" Et d'enfoncer le clou : "Cette peur, je ne la comprends pas. S'il avait peur, il aurait dû partir !"
Elle réfute aussi le viol avec le manche à balai. Pour cela, elle s'appuie sur une jurisprudence d'une autre affaire qui avait considéré qu'il y avait viol seulement car il y avait un préservatif sur le dit manche. Cela n'étant pas le cas présentement, il n'y aurait pas viol.
Interrogée, elle confirme : "Juridiquement, ce n'est pas constitué. C'est un acte humiliant et dégradant. De plus, il n'y a pas d'excitation sexuelle." Elle a, en revanche, refusé de répondre sur l'accusation de viol avec une banane.
"10 ans ? Mais je n'ai rien fait !"
Sabrina D. est-elle consciente de la gravité de ses actes ? A cette réponse, Me Etienne Mangeot répond d'emblée : "Franchement, je ne sais pas."Dans sa plaidoirie, il insiste ainsi beaucoup sur la prudence avec laquelle il faut prendre ses aveux, car, rappelle-t-il, elle a lors des premiers interrogatoires, tout avoué pour protéger les autres "dans un geste d'auto-valorisation" pense son avocat.
Il demande l'acquittement pour le viol "aux vues de l'énormité du doute" et pour la séquestration, car "il n'y a pas de faits matériels".
Sans nier les actes de tortures et barbarie, il demande aux jurés 10 ans et un suivi socio-judiciaire. A cette annonce, en pleure, Sabrina D. s'exclame : "10 ans ? Mais je n'ai rien fait !".
L'avocate de Johnny C., Me Clémence Giral-Flayelle, a elle insisté sur les déficiences mentales de son client, tentant de démonter les accusations insinuant que son client aurait été le meneur.
La partie civile choquée
Pendant les plaidoiries de certains avocats, Christopher C. était visiblement agacé, voire blessé.En particulier lorsque Me Fleur Lodigeois a contesté les accusations de viol et de séquestration, même si elle affirme "ne pas nier les souffrances de la victime".
"Dire qu'il n'y avait pas de connotation sexuelle, c'est nier son statut de victime", répond Me Lorraine De Bruyn, l'une des deux avocates de Christopher C.
D'autre part, Me Etienne Mangeot a affirmé durant sa plaidoirie que Christopher C. "n'avait pas l'envie de sortir, jusqu'à la fin. Il va habiter le statut de victime, sans rébellion. Le centième de ce qu'il a subi nous aurait fait sortir. On est dans ce que l'on appelle, le syndrome de Stockholm."
Un choc pour son client qui nie en bloc cette affirmation déplore Me Marine Teychenné.
Dernières paroles des accusés
Dans un acte de contrition souvent aux airs forcés, tous ont exprimé leurs excuses à la victime.Seul Rémy B. s'est adressé directement à lui : "Christopher, je te demande mes sincères pardons."
Les autres ont parlé à la cour, exprimant leurs "sincères excuses" pour Yann B. et Françoise B. ou leurs "regrets" pour Sabrina. Johnny C., lui, a précisé : "tout cela aurait dû être impensable".
Quant à Jérôme C., il a murmuré : "Je regrette deux coups de poing à Christopher … Mais je l'aime bien!"