C'est le dernier épisode en date dans l'affaire Vincent Lambert. La cour de cassation a rejeté aujourd'hui le pourvoi formé par les parents de ce tétraplégique, en état végétatif depuis un accident de la route en 2008. Son épouse Rachel, partisane d'un arrêt des soins, reste donc sa tutrice.
"Ce dossier est la démonstration de la défaite du droit. C'est affligeant", a réagi Me Jean Paillot, l'un des avocats de Viviane et Pierre Lambert, "tristes" à l'annonce de cette décision. "La tutelle accordée à Rachel Lambert ne poserait pas de difficulté en soi si celle-ci remplissait réellement son rôle de tuteur, or ce n'est pas le cas", a-t-il ajouté.
De son côté, Me Sara Nourdin, l'avocate de Rachel Lambert, a salué cette décision. "Au-delà d'une histoire de vie tragique, il y a une histoire d'amour entre Rachel et Vincent Lambert. C'était un couple très uni comme on en voit peu, qui entretenait une confiance réciproque absolue et Rachel Lambert s'est battue pour que cela soit respecté. Aujourd'hui sa mesure et sa dignité sont reconnues", a déclaré Me Nourdin, précisant ne pas connaître les futures "initiatives" de sa cliente.
Le 8 juillet dernier, la cour d'appel de Reims avait confirmé la décision d'un juge des tutelles rémois confiant le 10 mars à Rachel la tutelle de son mari et désignant l'Union départementale des associations familiales de la Marne (UDAF) comme subrogé-tuteur, sorte de suppléant. Les parents de Vincent Lambert, des catholiques traditionalistes qui voient dans la tutelle accordée à Rachel Lambert le risque d'une nouvelle procédure d'arrêt des soins, à laquelle ils s'opposent fermement depuis trois ans, avaient alors formé un pourvoi en cassation, qui a été rejeté jeudi.
Le CHU de Reims, où est hospitalisé Vincent Lambert, avait lancé puis stoppé deux procédures d'arrêt des soins, l'une portée par le docteur Eric Kariger en 2013, l'autre par son successeur, le docteur Daniéla Simon, en 2015. Mais l'équipe médicale avait décidé de suspendre ce processus le 23 juillet 2015, estimant que les conditions de "sérénité" requises n'étaient pas suffisantes. Le 16 juin, François Lambert, neveu de Vincent et allié de Rachel, avait obtenu de la cour administrative d'appel de Nancy qu'elle ordonne au CHU de reprendre les consultations d'experts pouvant mener à un arrêt des soins. Les parents de Vincent Lambert ont contesté cette décision devant le Conseil d'Etat. La procédure est en cours.
Par ailleurs le 12 octobre, François Lambert a saisi le juge administratif pour enjoindre, sous peine d'astreinte, au CHU de Reims de reprendre la procédure sur un éventuel arrêt des soins au patient conformément à cette décision. Là encore la procédure est toujours en cours.