"Aujourd'hui, le point de rupture est atteint dans les écoles" : Un syndicat d'enseignants lance une alerte sociale

Dans la Marne, comme dans tous les départements français, le syndicat d'enseignants du 1er degré, le SNUipp-FSU tire la sonnette d'alarme. Selon l'organisation, les conditions de travail des professeurs des écoles se sont profondément dégradées, entraînant usure professionnelle, souffrances et parfois renoncements.

"Les professeurs des écoles ne peuvent plus faire leur travail correctement. Plus les années passent et pire c'est", se désole Angélique Piélach, la co-secrétaire du syndicat SNUipp-FSU de la Marne. Ce mardi 28 novembre, son organisation qui représente les enseignants du premier degré a déposé une alerte sociale auprès de la direction d'académie, préalable à un préavis de grève. Cette procédure, entreprise également dans tous les départements de France, permet de rencontrer sous trois jours l'inspectrice d'académie. "On devrait la rencontrer ce mercredi après-midi", précise la syndicaliste qui est aussi directrice d'école à Reims. "Aujourd'hui, le point de rupture est atteint dans les écoles, les collègues sont très fatigués, proches du burn-out pour certains. Nous constatons de plus en plus de démissions."

Pas assez de remplaçants

Les motifs de cette alerte sont nombreux. À commencer par le manque croissant de moyens et de personnel. "Depuis le Covid, la charge est écrasante, constate Angélique Piélach. Il n'y a pas suffisamment de remplaçants. Aujourd'hui, pour des motifs de courte durée, ça devient très rare d'être remplacé. Vendredi dernier, par exemple, j'ai dû accueillir 9 élèves en plus dans ma classe. "

Son collègue, Wieland Métayer, professeur des écoles remplaçant sur le secteur de Reims Est, confirme : "Nous ne sommes clairement pas assez nombreux. Chaque prof non remplacé, c'est un poids supplémentaire pour les équipes en place. Les collègues se retrouvent à bidouiller comme ils peuvent."

L'inclusion sans moyens

L’organisation de l’école inclusive cristallise également de nombreuses tensions. Là aussi, le manque de personnel se fait sentir. Les enseignants spécialisés sont trop peu nombreux, comme les accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH). "L'école inclusive, sur le principe, on est pour, mais ça ne s'improvise pas, souligne Angélique Piélach. Les AESH ne sont pas assez formés et très mal payés." Le syndicat réclame pour ces accompagnants un statut de fonctionnaire de catégorie B, ce qui leur permettrait une meilleure reconnaissance et donc un meilleur salaire. "Les équipes se retrouvent seules et sans formation pour gérer comme elles le peuvent l’inclusion des élèves", selon le syndicat.

Les enseignants doivent gérer des situations de plus en plus complexes avec certains parents agressifs et élèves dits "éruptifs". Un terme utilisé dans les milieux pédagogiques pour désigner les élèves "qui peuvent faire des crises à tout moment". "On parle aussi d'élèves pop-corn, qui peuvent exploser et déstabiliser toute une classe", explique Wieland Métayer. Face à des élèves qui peuvent se sauver ou faire des crises, la gestion de classe est de plus en plus difficile."

Les professeurs déplorent aussi le manque de formations concernant les troubles dys (dyslexie, dyspraxie, dysphasie...), alors qu'environ 5% des élèves sont atteints de dyslexie. "Cela fait 23 ans que j'enseigne, et je n'ai eu que trois heures de conférences sur les troubles dys", regrette la directrice d'école. "On est obligé de se former nous-mêmes pour mieux prendre en compte ces élèves aux besoins particuliers. On s'autoforme aussi pour les élèves atteints de troubles du spectre autistique", ajoute son collègue professeur des écoles.

"Tâches chronophages"

Les enseignants, et plus particulièrement les directeurs d'école, se plaignent des tâches qui s'accumulent au fil des années. "Plus d'administratif, plus de choses à gérer, nos horaires explosent sur la semaine, observe la syndicaliste. On a parfois des établissements aussi importants que des collèges avec plus de 300 élèves comme à l'école Prieur de la Marne à Reims ou à Bezannes, mais on n'a pas le personnel qui va avec", regrettant la disparition des employés de vie scolaire qui aidaient le responsable de l'école dans ses tâches administratives.

Pour le syndicat SNuipp-FSU, "le ministère porte la responsabilité de la dégradation des conditions de travail et de la santé de ses personnels." Face au "choc des savoirs" annoncé par Gabriel Attal, l'organisation syndicale réclame un "sursaut du ministère"

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