Confinement et couvre-feu : ce pédiatre recommande aux enfants de faire du sport "et de profiter des fêtes" malgré tout

Pour Emeric Lambrecht, endocrino-pédiatre à la polyclinique de Bezannes (Marne), les enfants ont besoin de faire du sport pour aller bien, mais aussi de vivre les fêtes sereinement. Le confinement et le couvre-feu ne doivent pas être un frein : voici quelques-uns de ses conseils.

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Le confinement s'éternise, le couvre-feu va lui succéder à compter du 15 décembre à 20h, comme l'a annoncé le Premier ministre Jean Castex, ce jeudi 10 décembre. Voilà un conseil de médecin qui s'adresse aux enfants et à leurs parents en ces temps confinés. Emeric Lambrecht est endocrino-pédiatre à la polyclinique de Bezannes. Chaque semaine, il suit 80 enfants sur sa spécialité d'endocrinologue et plus de 700 patients en pédiatrie générale. Une file active de patients défile dans la salle d'attente de ce médecin spécialisé dans un domaine bien précis. Il livre ici quelques recommandations. Parmi elles, faire du sport avec les enfants, malgré tout, en intérieur et dehors, pendant les heures de sorties autorisées (entre 6h du matin et 20h) et de profiter des fêtes, même en petit comité.

Qu'est-ce que signifie votre spécialité ?

L'endocrinopédiatrie est une discipline médicale qui s'occupe des pathologies hormonales de l'enfant. Elle prend en charge les troubles de la croissances et de la puberté, les désordres nutritionnels (obésité, hypotrophie) les pathologie gynécologique de la petite fille, les pathologies glandulaires comme les anomalies de la thyroïde, du pancréas (diabète). Je suis en moyenne par semaine 80 enfants autour de ces pathologies, en plus de mes consultations pédiatriques courantes.

Combien de temps de sport doit faire un enfant ? 

Le temps de sport selon l'âge est différent. On préconise souvent une activité physique de l'ordre d'une 1 h par semaine par année d'âge sans dépasser 6 h de sport intensif par semaine (6 ans 6 h d'activité physique par semaine). L'OMS recommande même 1 h de sport minimum par jour chez l'enfant. Cela comprend bien sur le sport à l'école et la marche les temps de jeux en extérieurs.

La pratique sportive est importante pour l'enfant ? 

Les activités sportives sont importantes pour tous les enfants : oui même chez les moins sportifs, mais certains en ont plus besoin pour canaliser leur énergie ou faciliter leur concentration. Le sport permet de lutter contre la sédentarité et le risque d’obésité et les désordres métaboliques, favorise le lien social, améliore les capacités cognitives.

Comment continuer à pratiquer du sport dans ce contexte sanitaire ? Le confinement, peut-il être un frein ?

Comment continuer si prolongation du confinement: il est évident que les parents ont un rôle prépondérant à jouer. Plus que le sport, c'est l'activité physique régulière qui est important donc favoriser les sorties en extérieurs, aire de jeux dans un parc marche le long du canal, vélo, footing... Mais aussi petit parcours de santé dans le jardin. Éventuellement activité fitness, danse, zumba à la maison... Certains clubs ont maintenu des séances d'entraînement via la visioconférence.

Existe-t-il une inégalité entre les enfants qui vivent en appartement et les enfants qui vivent en maison ?

L'inégalité appartement maison : cela était vrai au premier confinement avec les beaux jours et les limitations d’accès aux parcs. Ceux disposant d'un jardin étaient mieux lotis. En période hivernale, je ne pense pas. C'est là que la motivation réside chez les parents pour faire sortir leurs enfants...


L'arrêt des clubs et des activités extra-scolaires a-t-il eu un impact sur les enfants ?

Évidemment, l’arrêt des activités extra-scolaires a un impact psychologique important chez les enfants en augmentant les troubles de l'humeur (enfant plus triste ou contraire plus agressif). Certains perdent leur lieu de défoulement et cela augmente les tensions au sein du foyer. Une autre conséquence indirecte menace avec l'arrêt des activités, celle du temps passé derrière les écrans et qui peut entraîner l'isolement social, un retard des acquisitions psychomotrice, des troubles du sommeil, une irritabilité du comportement, et une prise de poids. Après l’enfant, plus il est jeune est très malléable, plus il peut rapidement perdre ces mauvaises habitudes à condition que les parents soient derrière eux.



Pensez-vous qu'il y aura une réouverture des activités extra-scolaires à partir du 15 décembre ?

Je serais très prudent concernant cette réouverture au vu des derniers chiffres de contamination encore assez élevés. Même si psychologiquement cela est nécessaire pour le bien-être des enfants, la maîtrise de l’épidémie est encore précaire.

Si vous aviez trois conseils à donner aux parents ?

Mes 3 conseils seraient les suivants : 
- Aménager un programme hebdomadaire avec des temps d'activités physiques à respecter et à mener avec son enfant (minimum 30 minutes par jour ou selon la disponibilité des parents 2 fois par semaine pendant au moins 1 h)
- Essayer de maintenir un lien avec son club de d'activités via des visioconférences, des communautés sur des réseaux sociaux.
- Limiter les temps d’écrans et l'alimentation à la baisse globale d'activité.

Les réveillons de Noël et du Nouvel An se préparent. Les réunions familiales aussi, les enfants sont-ils toujours considérés, comme contacts à risques?

Oui l'enfant est vecteur. Peut être pas aussi intensément que l’adulte, mais il l'est. Il va falloir repenser les repas de famille aux fêtes cette années, favoriser au maximum les petits comités, éviter les contacts au maximum, favoriser le port du masque au sein des foyer éventuellement surtout en présence de personnes fragiles. Essayer d’être raisonnable mêmes si nos proches nous manquent.
Oui le rebond est évidemment attendu avec les fêtes... il faudra au maximum intensifier les mesures barrières, lavage des mains, éviter les embrassades, limiter le partage des plats enfin ce sont des pistes et favoriser les promenades digestives en extérieur. Toujours garder dans l'esprit, qu'il faut bouger, surtout après des repas plus copieux que d'habitude.


Cette année a-t-elle été anxiogène pour les enfants?

Noël est juste le pâle reflet de tout ce stress vécu au cours de cette année. Évidement, que cela a créé une anxiété plus importante chez les enfants et surtout chez les ados (augmentation des tentatives de suicides d'anorexie mentale...). D'où l'importance de retrouver des moments de partage avec ses enfants. Même si toute la famille n'est pas réunie. C'est l'occasion de prendre le temps avec ses enfants. Et de profiter de ces occasions de fêtes pour les émerveiller, les faire rêver et leur faire oublier, ce quotidien stressant qui risque de se poursuivre début 2021.

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