L'association Ensemble2générations propose aux étudiants de se loger chez un(e) senior à moindre coût (entre 0 et 300 euros), moyennant des petits services et du temps passé ensemble. À Reims, plus de 500 binômes ont été constitués depuis 2011.
Alors que les résultats de Parcoursup tombent progressivement depuis le 30 mai et que l'année scolaire touche à sa fin, il va vite être temps pour les étudiants qui quittent le domicile familial de chercher un nouveau logement pour la rentrée. L'occasion pour l'association Ensemble2générations de présenter son dispositif de colocation intergénérationnelle, qui réunit seniors et étudiants sous le même toit, le tout pour un loyer avantageux pour les étudiants.
"Le principe, c'est un étudiant qui loge économiquement chez un senior en échange d'une présence ou de services. On entend par service des petits services. En aucun cas des soins à la personne, ni du ménage, ni du repassage. C'est plutôt du petit bricolage et des gestes quotidiens. Fermer les volets, sortir les poubelles, arroser les plantes sortir les courses... Et surtout une aide aux outils numériques", explique Anne Sophie Renard, présidente de l'association Ensemble2générations Reims, qui a formé plus de 500 binômes depuis 2011.
L’association organise d'ailleurs sa journée portes ouvertes le jeudi 13 juin de 14h à 18h à la médiathèque Jean Falala pour les intéressés. Au programme : après-midi conviviale, échanges, témoignages de seniors et d’étudiants, et projection du film "Adopte un veuf" à 14h30.
Des binômes constitués en fonction des personnalités
"Les binômes sont créés suite à des entretiens, à partir des personnalités, des centres d'intérêt et des disponibilités. Ensuite le rôle de l'association, c'est d'encadrer par un contrat de cohabitation. On s'occupe de tout l'administratif et on accompagne tout au long de l'année, c'est une solution très sécurisante. C'est plus qu'une affaire de logement, c'est une aventure humaine qui est proposée sous le signe de la confiance et de la bienveillance", poursuit la fondatrice de l'antenne rémoise de l'association.
Le dispositif s'adresse à "toute personne de plus de soixante ans ayant une chambre disponible et la volonté d'accueillir un étudiant dans un esprit de partage" côté seniors, et à tout étudiant ou jeune professionnel ayant des disponibilités. L'association propose trois types de formules, à choisir en fonction des disponibilités de l'étudiant, qui vont aussi influer sur le loyer à payer, allant de la gratuité aux alentours de 300 euros.
"J'héberge quelqu'un qui en a besoin, et je ne suis pas toute seule"
Une solution qui ravit les seniors, à l'image de Ghislaine Da Rocha, 73 ans : "je partage mon logement depuis 2016. À ce moment, je me retrouvais toute seule dans une maison car mon dernier fils était parti, donc je me suis dit : autant que je mette une chambre à disposition. Ça me fait plaisir parce que j'héberge quelqu'un qui en a besoin, et je ne suis pas toute seule. C'est sécurisant aussi pour mes enfants, qui savent que je ne suis pas toute seule à la maison".
Pour elle, la colocation intergénérationnelle est avant tout une histoire de partage : "Je les accueille comme si c'était mes petits enfants. Je fais les courses et à manger parce qu'ils ont beaucoup de travail, on mange ensemble, on se raconte nos journées... Les jeunes que j'ai, bien souvent, restent là le week-end. Donc, quand j'invite mes enfants, ils sont avec moi. On est ensemble. Ils participent à la vie de famille".
Une situation bénéfique pour tous, à tel point qu'elle se voit continuer à héberger des étudiants tant que possible : "Ça permet à des jeunes d'avoir un vrai foyer pour un prix intéressant par rapport à ce qui se fait ailleurs. Et par la suite, je garde contact avec tout le monde, que ce soit les étudiants ou les parents".
Un partage qui va dans les deux sens
Cette dimension sociale est tout autant appréciée par les étudiants. Indiana Kongoro, jeune homme indonésien étudiant en électronique, apprécie son quotidien partagé avec Monsieur Blocquaux, veuf de 79 ans : "Je suis arrivé l'été dernier, et c'est très sympa parce qu'il est très accueillant et très gentil. Il cuisine très bien aussi ! On dîne souvent ensemble, et on discute énormément. De tous genres de sujets. À côté, chacun a sa vie aussi".
Lui qui n'a pas pu rentrer en Indonésie pour Noël, a même rejoint la famille de son colocataire : "Il m'a proposé de venir fêter avec eux, j'ai passé un super moment avec sa famille, qui m'a très bien accueillie. C'était très chouette", se remémore l'étudiant.
Cette expérience, il la recommande à tous, mais n'oublie toutefois pas de souligner une condition importante au bon déroulement de ce partage au quotidien : "Si tu n'es pas sociable ou respectueux, ça va être compliqué. Alors évidemment, je recommande la colocation intergénérationnelle à tout le monde, mais seulement à partir du moment où les gens sont assez curieux socialement et qu'ils sont prêts à partager du temps". Parce que oui, le partage, ça ne va pas que dans un sens.
