Dans le cadre de la lutte contre le covid19, l’université de Reims Champagne-Ardenne a ouvert, grâce à son expertise en chimie moléculaire, un laboratoire permettant de dépister le SARS-Cov2. Il s’agit du 1er laboratoire universitaire de ce type en France.
Jusqu'à 350 tests de dépistage du covid19 par jour. C'est la capacité du tout nouveau laboratoire de l'université de Reims Champagne-Ardenne. Installée à la faculté de médecine, une équipe de douze personnes, emmenée par le virologue Laurent Andreoletti, est désormais capable d’effectuer en grand nombre ces tests appelés "PCR" pour "Polymerase Chain Reaction". Ils permettent de détecter, après un prélèvement dans le nez ou la gorge, si le patient est porteur du nouveau coronavirus.
Si l'université n'a pas vocation, habituellement, à participer aux campagnes de dépistages à grande échelle, ces tests PCR font partie intégrante des conditions d'un déconfinement réussi pour le gouvernement. Plus ils seront nombreux, plus d’éventuels nouveaux clusters seront rapidement circonscrits et moins le SARS-Cov2 circulera. L'université met donc la main à la pâte.
C’est une mission que l’on prend très à cœur, qui est vraiment importante pour mettre un terme à la propagation de ce virus en identifiant bien les personnes infectées pour pouvoir les isoler et éviter une nouvelle propagation.
- Marie Glenet, responsable de la mise en place du diagnostic
Grâce à ce laboratoire universitaire, le territoire de la Marne voit donc sa capacité de tests augmenter de 17% et permet d’aider à répondre localement aux besoins de dépistages. 1 500 tests pourraient ainsi être réalisés chaque jour dans le département, ce qui correspond au rythme voulu par les autorités sanitaires.
Des compétences universitaires au service de la santé publique
Il n’aura fallu que deux semaines à l’université de Reims Champagne-Ardenne pour mettre en place ce nouveau laboratoire. Il faut dire que l’institution champardennaise avait déjà en son sein les compétences et le matériel nécessaires à ces tests PCR. Niveau machines, dix appareils correspondant à ces dépistages étaient déjà répartis dans les différents laboratoires de recherche en santé, biochimie, sciences environnementales ou végétales. De nombreux doctorants, enseignants-chercheurs, techniciens et ingénieurs maîtrisant cette technique d’analyse se sont également portés volontaires pour effectuer les tests.Pour le président de l’université, Guillaume Gellé, la création de ce laboratoire est dans la droite lignée de la mobilisation de l’université durant la crise sanitaire : "Je suis extrêmement fier de la mobilisation exemplaire de toute notre communauté universitaire qui, depuis le début de la crise sanitaire du covid19, s’est montrée solidaire et créative, souligne-t-il. En plus des nombreux dons ou fabrication de matériel de protection, nos étudiants en santé et paramédical se sont mis à disposition du CHU et des services de santé, nos chercheurs ont proposé de nombreux projets permettant de répondre aux besoins de recherche lié au COVID-19 et maintenant nous sommes en capacité de monter ce laboratoire de test".
Comment ça marche ?
Si ce laboratoire s’est monté en lien avec des partenaires privés, c’est avec le centre hospitalier universitaire tout proche qu’il va fonctionner au quotidien. Les prélèvements effectués sur les patients au CHU sont amenés à pied, directement au laboratoire unversitaire. Ils sont ensuite manipulés dans une salle dépressurisée en raison du caractère pathogène du virus. Le SARS-Cov2 éventuellement présent est alors rendu inactif, puis l’échantillon est placé dans un thermocycleur, qui va entraîner les réactions chimiques nécessaires pour dévoiler la présence ou non du génome du SARS-Cov2 dans le prélèvement.Les résultats sont ensuite fournis dans les 24 heures au médecin traitant de la personne concernée.Ce test est exactement le même que celui réalisé au CHU de Reims. Il a été mis au point par l’institut Pasteur et nous l’avons donc fait valider ici pour l’ouverture du laboratoire.
- Pr Laurent Andreoletti, virologue à la tête de l’équipe
Prochaine étape pour l’université de Reims Champagne-Ardenne et le CHU de Reims dans la lutte contre le nouveau coronavirus : créer sur le campus rémois un "drive" de dépistage, qui permettra aux équipes médicales de réaliser des prélèvements sans que le patient n’ait à sortir de son véhicule.