Coronavirus : le CHU de Reims sauve des patients avec des corticoïdes

Dès le 27 mars, l'équipe du Pr Firouzé Bani-Sadr a administré des corticoïdes à tous les malades qui se trouvaient en détresse respiratoire. Beaucoup ont pu rentrer chez eux. Des résultats qui pourraient être déterminants dans la recherche d'un traitement et que confirment des médecins britanniques.

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Dès le 27 mars, l'équipe du Professeur Firouzé Bani-Sadr, responsable du service de maladies infectieuses du CHU de Reims, a administré les corticoïdes à tous les malades qui se trouvaient en détresse respiratoire.

 

La moitié des malades sont rentrés chez eux

En comparant la première période de l'épidémie durant laquelle les corticoïdes n'étaient pas encore administrés à la période durant laquelle ils ont été administrés systématiquement, le nombre de décès ainsi que le nombre de transferts en service de réanimation a été divisé par deux, en prenant bien évidemment en compte plusieurs facteurs qui influent sur le risque de mortalité : âge élevé, sévérité de l'état clinique lors de l'admission à l'hôpital ou résidence en institution.

 

Une confirmation de chercheurs anglais

Les résultats de scientifiques Anglais confirment l'efficacité du traitement que l'équipe Rémoise a appliqué. Le Pr. Bani-Sadr précise: "L'essai anglais Recovery a montré qu’un corticoide, la dexamethasone, réduisait d’un tiers la mortalité des patients placés sous assistance respiratoire mécanique et d’un cinquième chez ceux recevant simplement de l’oxygène".

 

 

Quand administrer le traitement ?

Le traitement s'adresse aux patients gravement atteints. 20 % des personnes atteintes par le virus connaissent des complications. "Il doit être administré en seconde phase d'infection (la seconde semaine), explique le Pr. Bani-Sadr, lorsque le malade commence à être essoufflé, à présenter une gêne respiratoire et que nous devons le placer sous oxygène. Lors de cette seconde phase de la maladie, il existe une inflammation très sévère à la fois dans le sang et dans les poumons."

Les corticoïdes, sont des anti-inflammatoires puissants. Avec les corticoïdes administrés rapidement, dès le début de l’essouflement, le malade aurait toutes les chances de s'en sortir. L'équipe médicale constate que les corticoïdes font disparaître les besoins en oxygène au bout de sept jours en moyenne.

 

Des résultats très encourageants

Le premier patient en ayant bénéficié était un malade âgé. Il avait un cancer. Il avait des besoins très importants en oxygène.

J'ai alors proposé d’essayer les corticoïdes chez ce patient à titre compassionnel. Après plusieurs jours de traitement, il allait beaucoup mieux et a depuis pu rentrer chez lui.

Professeur Firouzé Bani-Sadr

Tous les médecins, une trentaine, décident d'appliquer le protocole. "Nous avons travaillé ensemble et dans la même direction », souligne la responsable des maladies infectieuses. L'équipe du CHU va ensuite traiter des patients plus jeunes avec des besoins importants en oxygène,et une nouvelle fois les résultats sont encourageants. "Nous avons constaté une différence cliniquement palpable avec ce que nous avions observé jusque-là. Du coup, nous avons décidé d'étendre ce traitement aux malades de la Covid-19 avec une pneumonie, dans la seconde phase de la maladie (en général après le 7ème jour et nécessitant de l’oxygène)".

Les résultats sont très encourageants : la majorité des patients ont pu rentrer chez eux.

L'OMS avait alerté sur les corticoides

Pourtant le contexte n'était pas favorable à l'usage des corticoïdes. Au début de cette pandémie, l'OMS, avait alerté les malades sur leur usage, car ils risquaient d'amplifier l'effet du virus. De quoi s'interroger de leur utilisation pour guérir les malades.

"Les corticostéroïdes sont des anti-inflammatoires puissants, explique le Pr Bani-Sadr, L'Organisation Mondiale de la Santé et les autorités sanitaires Françaises ne recommandaient pas leur utilisation au cours de l'infection Covid-19 car ils affaiblissent les défenses immunitaires."

Pourtant devant la douleur des patients et leur situation de détresse, le Pr Bani-Sadr va tenter le traitement aux corticoïdes. Elle était convaincue de pouvoir les aider ou au moins les soulager."la sévérité de l'atteinte pulmonaire observée chez les patients fait suite à une réponse inflammatoire intense, ce qui a justifié l'emploi des corticoïdes à ce stade", explique-t-elle.

 

L'urgence était de sauver des vies

Le 30 mars, lors de la réunion hebdomadaire de tous les infectiologues de France, le Pr Firouze Bani-Sadr en parle à ses collègues. "J'ai parlé de notre expérience très positive à tous mes collègues avant que les validations scientifiques ne soient faites, explique le Pr Bani-Sadr, car il s'agissait de sauver des vies". Il y a urgence. Si certaines se sont montrés réticentes au départ, beaucoup d'équipes médicales ont fini par adopter ce traitement.

Dans une vidéo postée sur Youtube, le Pr Bani-Sadr détaille les résultats qu'elle et son équipe ont obtenus. 

Reims impliqué dans une étude scientifique nationale

Une vaste étude nationale a été lancée dont l’analyse des résultats est en cours. Reims est totalement impliqué. Les traitements utilisés et les résultats vont être analysés.Une cohorte de malades a été constituée, afin de pouvoir réaliser différents travaux de recherche.

D'autres traitements utilisés à travers le monde seront pris en compte, et notamment les traitements utilisés par les équipes chinoises. La très grande majorité des médecins confrontés à la détresse respiratoire des patients ont utilisé les corticoïdes, mais le plus souvent sans en discuter leur intérêt dans leurs études. "Une seule étude avait alors montré une diminution d’environ 60% des décès chez 84 patients en détresse respiratoire sévère » rapporte le Pr Bani-Sadr.

Des corticoïdes très bon marché

Les corticoïdes pourraient être utilisés partout dans le monde, car ils ne coûtent pas cher."Les corticoïdes ont comme avantage d’être de très vieux médicaments que l’on sait bien manier, de faible coût, largement disponibles et donc accessibles à tous", souligne le Pr Bani-Sadr.

Reste à attendre les résultats de l'étude nationale. Elle validera ou pas les expériences menées à Reims mais aussi dans d'autres pays. Ce qui rendrait possible l'usage des corticoïdes dans le traitement de la Covid-19.
 

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