Après une semaine complète de fermeture d'écoles, comment les professeurs des écoles ont-ils adapté leur pédagogie à la situation ?
Rencontre avec trois maîtresses de Reims et découverte de leurs nouvelles méthodes de travail.
Le nez dans les courriels...
Depuis la fermeture de son école, l'école élémentaire Clairmarais dans le quartier de la gare à Reims, Stéphanie passe une grande partie de ses journées devant son ordinateur. Du télétravail, pour elle aussi, et un objectif : communiquer au maximum avec les parents pour qu'aucun de ses 25 élèves de CE2 et CM1 ne s'imagine en vacances.
" L'inspection académique nous a prévenu dès le départ, explique t-elle. Malgré le confinement, la priorité reste la continuité pédagogique. Nous devons avancer dans le programme, développer les apprentissages et ne pas nous contenter de simples révisions. Quelle que soit la méthode. "
Une nouvelle organisation chronophage pour Stéphanie, et une surcharge de travail. Avec ses collègues, la jeune femme a ouvert un blog détaillant le programme et les devoirs distribués chaque jour de la semaine. Pour l'heure, tous les parents d'élève jouent le jeu, demandent des conseils, et remercient même les professeurs pour leur investissement.
On sent plus de solidarité. Pour les parents qui peuvent aussi avoir besoin de l'ordinateur pour eux-même télétravailler, ce n'est parfois pas évident. Parfois je corrige donc les devoirs via des photos de travaux que des parents m'envoient par SMS...
-Stéphanie, professeure des écoles
Julie, elle, professeur à l'école maternelle Paul Bert, classée au sein du réseau d'éducation prioritaire, est retournée mercredi dernier dans son établissement. " Comme beaucoup de familles ne disposent pas d'un ordinateur, j'y suis allée pour scanner du matériel pédagogique et l'envoyer aux parents. On s'adapte..."
Pour continuer à faire progresser ses 24 élèves en moyenne et grande section malgré la distance, la jeune femme de 33 ans communique même par téléphone avec certains élèves et leurs parents. "J'espère que cela peut renforcer le lien social au sein de la famille, souligne celle qui a également ouvert un blog pédagogique avec ses collègues afin de continuer à faire travailler la motricité fine, l'écrit et le dessin.
"La facilité pourrait être pour certains parents de privilégier les écrans. Je leur propose donc des activités ludiques pour éviter tout décrochage."
Une chose est sûr, si certains enfants restent à la maison sans consignes scolaires ni stimulation, on va s'en rendre compte à la fin du confinement.
-Julie, professeure des écoles
Ses 27 élèves de CE1, tous scolarisés à Cormontreuil près de Reims, Amandine les redécouvre, un peu, depuis qu'elle ne les voit plus. "Avec internet, j'ai une nouvelle relation, presque plus intime, explique cette professeur d'école, elle-même mère de deux enfants. Je les découvre dans leur environnement et je pense que c'est aussi important dans cette période qu'ils aient des contacts avec d'autres adultes que leurs parents."
Pour ne pas rompre le lien, même si quatre familles n'ont toujours pas répondu à ses mails, Amandine a imaginé un cahier journal avec des défis ludiques, des émissions de radios à écouter mais également des exercices, parfois déstabilisants pour...les parents.
Une maman m'a appelé pour me dire qu'elle n'avait pas compris l'exercice de mathématiques
-Amandine, professeure des écoles
Le confinement modifiera t-il durablement leur manière d'enseigner, une fois la pandémie de Covid-19 passée ? " Je pense que oui, conclut Stéphanie. Pour les élèves, au niveau de l'autonomie et de l'enseignement à distance, plus rien ne sera comme avant..." Une expérience qui pourrait faire basculer l'Education nationale vers un peu plus de numérique.