Coronavirus : à Reims, pendant le confinement, un père et son fils se mobilisent en musique tous les soirs

Confinés ensemble, Régis Desbleds, le père et Michel Desbleds, le fils, proposent chaque soir, à 19h30, un concert d'une demi-heure sur le pas de leur porte en hommage à ceux qui font vivre le pays. Et bien sûr, à la fin, c'est l'heure des applaudissements pour tous ceux qui prennent des risques !

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Chez les Desbleds, la musique, on a ça dans le sang. Batterie dehors, guitare branchée, enceintes et sono professionnelles, tous les soirs, à 19h30, rue Macquart à Reims, Régis, 65 ans, et Michel, 44 ans, père et fils, donnent ainsi un concert de haute volée aux riverains. Au programme, le morceau du dispositif " Un jour, une musique". Une initiative de la ville de Reims qui propose un temps de communion aux Rémois depuis le début du confinement et les appelle à diffuser un morceau chaque soir depuis chez eux.

Mais les deux musiciens ont voulu aller plus loin, et ils le jouent, ce morceau. L'un à la guitare et au chant, l'autre à la batterie. Quand ils le peuvent, même, ils le réarrangent. Ce qui demande pas mal de travail en quelques heures puisque les chansons sont annoncées dans l'après-midi seulement sur la page Facebook de la ville de Reims.
 

Resserrer les liens

"J'écoute les morceaux, je les déchiffre et je crée ensuite un document avec un relevé complet de la structure sur laquelle nous allons travailler mon père et moi pendant les deux heures de répétition, explique Michel, le fils. C'est très chronophage, cela m'absorbe une grosse partie de la journée".

Il faut dire que les deux Rémois sont loin d'être des novices en la matière. Avant de devoir laisser de côté la musique pour faire carrière dans différentes maisons de champagne, Régis Desbleds a joué dans plusieurs groupes régionaux de ses 18 à ses 32 ans, notamment dans le groupe de rock Otage qui a sorti trois 45 tours et où il était batteur. "En retraite depuis quatre ans, j'ai pu renouer pleinement avec la musique et j'ai monté un quartet de jazz, le Régis Swing Quartet, qui se produit dans différents cafés et bars dans le secteur de Reims", explique-t-il.

Quant au fiston, il a également joué dans des groupes jusqu'à ses 30 ans dans le Nord de la France, avant de devenir notamment technicien son et lumière, régisseur, de revenir à Reims dans la demeure familiale et de se reconvertir, il y a peu, en tant que moniteur d'auto-école. "Ce confinement nous permet donc de réaliser notre rêve secret de jouer ensemble", s'amuse-t-il.

D'autant que Régis et Michel ne se contentent pas d'une seule chanson. Ils ont aussi proposé à leurs voisins de leur suggérer des morceaux qu'ils travaillent pour le lendemain. "On dit travail, mais en fait, c'est du plaisir, renchérit Régis, le père. Un vrai plaisir de partage père-fils mais un vrai plaisir, aussi, avec nos voisins. Parce que c'est une vraie occasion de développer nos relations. Donc on peut dire que la fête des voisins, c'est tous les soirs, ici !"
 
Des voisins qui répondent présent, parfois depuis leur velux, et qui chantent en choeur. Le voisin d'en face, qui est aussi adjoint au maire (LR) de Reims, lui, a décidé de filmer les concerts en direct sur Facebook, pour que le plus grand nombre puisse en profiter. De quoi rajouter une petite pression supplémentaire à la famille Desbleds. "Nous nous installons, nous faisons la balance, et tout de suite, on passe au direct, sourit Michel. C'est un exercice sans fil, qui amène un peu de tension." D'autant que celui qui est musicien de formation se sent bien moins à l'aise au chant : "J'ai beaucoup de travail à titre personnel sur le chant parce que je n'ai jamais été chanteur. Je me suis lancé par la force des choses dans cet exercice donc c'est beaucoup de travail et beaucoup de devoir de self-control !"

 
 

Un seul but : l'hommage

Mais tout ça n'est finalement que de la joie éprouvée puis transmise. Une joie qui n'a qu'un seul but rappellent Régis et Michel : rendre hommage à ceux qui travaillent pour faire tourner le pays. A chaque début de concert, ils saluent donc de la manière la plus exhaustive possible chaque personne qui donne de son temps pour que les autres vivent le plus normalement possible.

C'est important parce que l'on apporte notre modeste contribution et notre passion que l'on partage avec nos voisins. Mais c'est important aussi parce qu'il y a tellement de personnes qui s'exposent au virus et qui protègent tous nos concitoyens, qui nous protègent de cette situation difficile. Ce sont des moments qui vont nous marquer pour toute une vie et il est primordial de penser à toutes ces personnes.
- Régis Desbleds, musicien
 



Des concerts sous forme de communion donc, de toute une rue, et plus sur Internet, qui chante en l'honneur de ceux qui ne sont peut-être pas encore rentrés du travail. Une demi-heure après que les premières notes aient retenti rue Maquart, le concert s'arrête. Il est 20 heures. Et évidemment, tous les applaudissements vont encore à ceux qui nous protègent.

Et Régis de conclure : "La musique, c'est universel et c'est un moyen de partage qui ne changera jamais. C'est un bon vecteur pour passer ces moments difficiles. Nous sommes entre amis avec des plaisirs communs".
 
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