Plusieurs foires et salons viennent d'être annulés à Reims. Une fin d'année morose pour les professionnels du tourisme et les commerçants. Beaucoup placent désormais leurs espoirs sur le marché de Noël. Son maintien doit être décidé prochainement tout comme pour celui de Strasbourg.
Les nouvelles restrictions sanitaires auront eu raison de tous les événements prévus au Parc des expositions de Reims jusqu'en décembre. Le salon Habitat et Jardin, le Reims Beer Days, le salon des Vins des Vignerons indépendants ou encore la convention Game'in Reims : des annulations en cascade qui plombent un secteur déjà durement touché. Le Centre des congrès et le Parc des expositions enregistrent une baisse d'activité de 65 % sur l'année 2020.
Même inquiétude chez les commerçants du centre-ville de Reims. Pour eux, les semaines à venir s'annoncent décisives : "Nous voulons mettre le paquet pour les fêtes de fin d'année et nous travaillons en essayant de nous dire que le marché de Noël va avoir lieu," explique Vincent Mansencal, président des Vitrines de Reims. Son association, qui regroupe environ 300 commerçants rémois, est en charge de l'organisation du marché de Noël, le troisième plus grand de France.On est en train de faire mourir toute une industrie. Nous ne pouvons pas continuer à accepter l'effondrement de l'activité de toute une filière et en appelons à une prise de responsabilité de l'État.
Pour éclaircir la situation au plus vite, une réunion doit se tenir d'ici mi-octobre avec la collectivité, le service événementiel de la mairie et le représentant de la sécurité de la ville. L'association des Vitrines de Reims devra alors présenter un plan détaillé incluant une série de consignes sanitaires strictes, comme pour le marché de Noël de Strasbourg. Ensuite, le préfet tranchera.
Casse-tête sanitaire et sécuritaire
"Bien sûr, nous prévoyons des mesures basiques comme l'installation de bornes de gels hydroalcooliques, un sens de circulation ou la limitation du nombre de visiteurs sur site. Mais nous devons réfléchir plus largement aux contraintes d'espace et on a du mal à trouver des solutions," détaille Vincent Mansencal.Habituellement, le marché de Noël s'étend sur le parvis de la cathédrale et dans les cours du Palais du Tau qui abritent le village des artisans et l'espace des enfants. Une disposition qui doit être repensée : les cours du Palais ne permettent pas d'offrir un espacement nécessaire entre les chalets. Les organisateurs doivent donc réfléchir à un étalement du village et à un élargissement du périmètre d'origine.
Mais à ce volet d'obligations sanitaires s'ajoute une autre contrainte : celle du respect des règles sécuritaires strictes. Et cumuler ces deux facteurs a tout du casse-tête. Depuis les attentats de 2015, le plan antiterroriste donne pour consigne de regrouper au maximum les visiteurs. Un impératif difficilement compatible avec les règles sanitaires.
Des commerçants inquiets
Face à toutes ces incertitudes, les commerçants de la ville redoutent une saison hivernale catastrophique. Le marché de Noël, c'est en moyenne 800 000 visiteurs, originaires de toute la France et des pays voisins. "D'habitude, on affiche complet longtemps à l'avance. Mais pour l'instant, pour cette année, nous n'avons quasiment aucune réservation," s'inquiète Guohua Shi, propriétaire d'un hôtel dans le centre-ville. Son établissement se trouve à quelques rues du parvis de la cathédrale et donc de l'emplacement habituel des chalets.La décision finale, qui sera prise courant octobre après la réunion prévue entre la collectivité et les Vitrines de Reims, est donc très attendue. Restaurateurs, hôteliers, commerçants espèrent gagner rapidement en visibilité, même si tous savent que l'évolution de la crise sanitaire peut chambouler leurs plans jusqu'au bout.Financièrement, j'ai peur que les mois qui arrivent soient les plus compliqués de l'année. Nous ne savons pas si le chômage partiel sera reconduit après le 31 décembre. Nous allons aussi devoir rembourser le prêt garanti par l'État que nous avons contracté. Donc honnêtement, si le marché de Noël est annulé, ce serait un désastre.