Ce vendredi 31 janvier, Patricia et François Durin feront partie des 124 équipages qui partiront depuis Reims à l'assaut du rallye Monte-Carlo historique. Au volant d'une Volkswagen Kharmann Ghia de 1967, les deux Marnais espèrent franchir la ligne d'arrivée à Monaco.
"Le Monte-Carlo, c'est un virus. Une fois qu'on l'a fait, on n'a qu'une envie, recommencer." Patricia Durin, 61 ans, n'a pas hésité longtemps avant de s'engager pour la 23e édition du rallye Monte-Carlo historique. Pour la seconde fois, elle s'assiéra sur le siège de copilote. A ses côtés, son mari François, 63 ans, un passionné de voitures anciennes avec déjà quatre rallyes monégasques à son actif. "Trois comme copilote, un comme pilote", précise-t-il.Tous deux prendront place sur la ligne de départ ce vendredi soir à Reims, place du Boulingrin. Le couple marnais, installé à Lhéry, à une demi-heure de la cité des sacres, fait partie des 16 équipages régionaux engagés, rattachés à l'association Reims Champagne véhicules historiques sportifs (RCVHS).
Au sein de leur team, ils ont monté avec quatre copains une "mini écurie" composées de trois véhicules d'un autre temps : une Austin A35 de 1958, une Bond Equipe de 1964 et une Volkswagen Kharmann Ghia de 1967. C'est avec ce dernier modèle que Patricia et François rouleront jusqu'à la cité monégasque. "C'est ma voiture, remarque la copilote. C'est un dérivé de la Coccinelle avec une très belle ligne, arrondie. Et c'est à peu près la seule où je touche les pédales. Toutes les autres, je ne peux pas les conduire."
Une course de régularité
Avec Athènes, Barcelone, Bad Homburg, Glasgow, Milan et Monaco, Reims est l'une des sept villes de départ pour cette compétition où, pour une fois, ce n'est pas le plus rapide qui l'emporte, mais le plus régulier. "Celui qui gagne, c'est celui qui a le moins de points de pénalité, explique François Durin. Il faut respecter les limitations de vitesse et les temps de passage au dixième de seconde près." Chaque équipage est suivi en temps réel par les organisateurs de la course grâce à un appareil GPS.Le parcours est notamment rythmé par 15 spéciales de régularité, les fameuses "SR", où il faut rouler sur une certaine distance à une vitesse ultra précise, par exemple 47,75 km/h, sous peine encore de pénalités. "Nous ne sommes pas des fous du volant. On a le nez sur cet engin en permanence, indique François Durin en montrant un cadenceur. Cela nous indique si on est en avance ou en retard sur le temps qu'on doit faire." Car chaque équipe a une vitesse moyenne à respecter. Au point d'en faire une obsession.
Quand on est copilote, on ne profite absolument pas du paysage, on a tout le temps le nez sur les appareils ou le road book. C'est compliqué la régularité, on n'a pas le droit à l'erreur.
- Patricia Durin, copilote engagée sur le 23e rallye Monte-Carlo
"Un pari sur soi-même"
La première étape dite de "concentration", entre Reims et Buis-les-Baronnies, dans la Drôme, est l'une des plus redoutées. "C'est la plus fatigante, affirme Patricia. On fait de la route pendant plus de 20 heures, c'est fait pour broyer les équipages, c'est un pari sur soi-même." Même s'il y a de bons moments sur ce trajet, comme le ravitaillement à Langres, en Haute-Marne. "Cela fait chaud au cœur de voir plein de monde sur le bord de la route en pleine nuit pour nous encourager."Une fois dans la Drôme, où les 312 binômes inscrits cette année sont censés se rejoindre, les première épreuves de régularité commencent. Un parcours dans ce département puis dans l’Ardèche et le Vercors mènera les pilotes vers la principauté de Monaco, où se déroulera l'épreuve finale dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 février. Le couple marnais rêve d'une arrivée princière. Enfin d'une arrivée tout court. "Ce n'est pas si évident que ça en a l'air, insiste François Durin. Car entre les problèmes techniques et les disqualifications, il y a des dizaines d'équipes qui ne finissent pas l'épreuve. Le but, c'est de finir classé."
L'an dernier, au volant d'une Vespa 400 de 1961, les époux Durin ont bouclé leur parcours, non sans encombres, en terminant avant-derniers. "On n'avait plus d'essuie-glaces peu de temps après notre départ de Reims, puis on a enchaîné avec une panne de phares, bref on a failli être sortis dès le premier jour, se souvient Patricia. Certains moments n'étaient pas faciles, mais il n'y a pas eu un mot plus haut que l'autre. On est habitués à rouler ensemble et surtout on se connaît depuis 40 ans." Même si François reconnaît qu'il peut "parfois ronchonner" au volant.
"On est dépendant de la mécanique"
En cas de pépins mécaniques, les époux peuvent surtout compter, comme les deux autres voitures de leur "mini-écurie", sur leurs deux équipages d'assistance. L'un roule devant, l'autre derrière. Et assurent réparations, changements de pneus et autres dépannages d'urgence.Mais les ennuis mécaniques n'altèrent pas leur plaisir de participer à une course aussi mythique. "Pendant cinq jours, on est hors du temps, on est complètement ailleurs, loin du quotidien, au point qu'on en oublie de manger", assure la copilote.
Pour cette 23e édition, d'anciens pilotes de rallye et vainqueurs du Monte-Carlo "classique" prendront le volant de belles anciennes comme le Français Bruno Saby, le Finlandais Rauno Aaltonen et l'Allemand Walter Rohrl. "Un ancien champion du monde et le seul pilote à avoir gagné quatre fois le Monte-Carlo, au début des années 80", note François, admiratif. Les Marnais devraient aussi y croiser le Portugais Carlos Tavares, le patron de PSA, et sa Peugeot 104. "Ce qui est génial sur le Monte-Carlo historique, c'est qu'on est tous à égalité, peu importe son statut."On roule dans des belles autos, on ne côtoie que des belles autos et surtout on rencontre des mythes de l'automobile.
- François Durin, pilote engagé pour le rallye Monte Carlo Historique
Vous pouvez suivre le périple de François et Patricia, ainsi que de leurs amis, sur la page facebook de leur petite écurie.
En pratique
Les amateurs de voitures anciennes pourront rencontrer les pilotes et admirer les véhicules engagés dans le Monte-Carlo historique :- lors des vérifications techniques : au parc des expositions de Reims le jeudi 30 janvier, de 15 à 18 heures, et le vendredi 31 janvier de 8h30 à 15h.
- avant le grand départ : animation dès 17h sur le parking du Boulingrin, le vendredi 31 janvier. Le premier départ est prévu à 19h.
Plus d'informations sur le site de la ville de Reims, notamment sur les restrictions de circulation.