Samedi 14 mars au soir, le directeur de deux restaurants de Reims réagit suite à la fermeture obligatoire de ses établissements. Le Premier ministre a annoncé cette mesure qui était attendue, mais dont l'annonce été brutale.
L'annonce de la fermeture des restaurants ce samedi 14 mars à minuit a surpris les professionnels. Même si elle était dans toutes les conversations. Le choc est rude à encaisser. Vers 20h30 encore, les serveurs de l'Affaire à Reims ne voulaient pas y croire. "On verra ce que nous dit le directeur, peut-être qu'on viendra quand-même au restaurant pour ranger ou autres..." Entre deux services, les employés continuaient d'y croire, allant d'une table à l'autre, tant que leur responsable n'avait pas validé le discours du Premier ministre.
Une heure plus tôt, à 19h40, Edouard Philippe venait juste d'annoncer cette mesure, dans le cadre de la crise sanitaire du covid-19, et du passage au stade 3 de l'épidémie. Fermeture des lieux non indispensables. Dans la salle, les clients finissent leur repas. La conversation est présente à chaque table. Vers 21h, Idir Kemiche, directeur de deux restaurants du centre de Reims rappelle. "Je suis surpris, je ne m’attendais pas à ça, mais on en parlait dans le milieu professionnel. La question se pose tout de suite pour les stocks de marchandise. Et puis sur le plan économique, les acomptes du mois sont passés".
"Si c'est 15 jours, ça va, si c'est plus..."
Maintenant, se pose la question économique et la suite. "On attend de savoir si on met les employés au chômage technique. Avec 70% de leur salaire pris en charge par l'Etat et 30% à notre charge. Car fermeture de restaurant veut dire, aucune rentrée d’argent. Ça peut entraîner la fermeture définitive de restaurants. Avec tout ce qui s’est passé depuis le début de l'année, la météo mauvaise, c’était déjà compliqué. En janvier, février, mars, il n'y a presque pas de touristes, à Reims. J’imagine ceux qui ont ouvert leur restaurant récemment, ça va être terrible. Moi j’ai pris les devants, affirme ce professionnel, j’ai rendez-vous avec conseillers bancaires la semaine prochaine"."Tout ce qui est fourniture, les denrées alimentaires, ça dure quatre jours, on va les distribuer au personnel et le passer en perte.
si c’est 15 jours de fermeture, ça peut me coûter environ 30.000 euros. Je vais voir les salariés, les appeler. Mais on est dans l’incertitude. On n'a jamais vu ça. Entre collègues restaurateurs, on s’appelle tous, on est sous le choc et on rit jaune. Un arrêt brutal de fermeture comme ça... En plus les beaux jours arrivent. Le 15 mars, c’est le début de la saison touristique.
Si c'est 15 jours, ça ira...On va demander des facilités, les banquiers sont compréhensifs, ils ont eu des circulaires. Si ça dure un mois, sincèrement ça peut être grave. Il va falloir ensuite réorganiser la réouverture, refaire des crédits, de trésorerie, continue celui qui a ouvert ses restaurants il y a neuf ans. Sans oublier les intérimaires, les extras, eux ils ont vont tout perdre".
Plus tôt dans la journée, certains avaient anticipé. C'est le cas de restaurant et traiteur chinois à Reims. Le patron a décidé de fermer à partir de lundi sans attendre la consigne du Premier ministre.
Sur la devanture du traiteur asiatique, on peut lire : "fermeture exceptionnelle, du 16 mars au 16 avril, en raison du covid-19. Parce que le restaurant a un grand flux de clients quotidiens, la propagation du virus va augmenter. Pour prévenir cette propagation et pour protéger notre et votre santé". Quelques heures plus tard, la mesure devenait nationale.