Face à la hausse brutale du prix de l'électricité, l'entreprise gestionnaire des six parkings en sous-sol de Reims a décidé de réduire les éclairages dans les six parkings de la 12e ville de France.
Alors que le gouvernement doit dévoiler ce jeudi 6 octobre son plan de sobriété énergétique avec des mesures incitatives pour les entreprises, certaines ont devancé l'appel par obligation. Devant une facture qui ne cesse de grimper.
Signe bien visible du changement d'époque, de la crise de l'énergie et de la "fin de l'abondance", dans les six parkings souterrains de Reims, la lumière n'est désormais plus aussi intense qu'avant. Depuis le 15 septembre, le gestionnaire Champagne-Parc Auto, a décidé de réduire de manière drastique l'éclairage dans les sous-sols, où transitent des centaines de voitures chaque jour. La facture était devenue insoutenable. Mais l'équation budgétaire comporte toujours une inconnue de taille. Celle de la prochaine augmentation des tarifs de l'électricité.
Un "test" appelé à durer
Contacté par France 3 Champagne-Ardenne, ce 5 octobre 2022, à la veille des annonces gouvernementales concernant la sobriété énergétique, le directeur de l'exploitation des six parkings publics de Reims a précisé cette décision. En confirmant ce que les usagers avaient observé par eux-mêmes, car elle n'a pas été annoncée officiellement jusqu'à aujourd'hui. "On a mis en place cette mesure mi-septembre, d'abord pour voir ce que ça donnait avec les retours clients. Mais on va la pérenniser. Car on a besoin de faire des économies d’énergies et aussi pour le coût", confirme le directeur général, Olivier Guinot.
Avec six parcs auto en gestion, 2 850 places de stationnement et plus de 1 500 abonnés, l'entreprise doit absolument prendre des mesures fortes pour affronter l'augmentation des prix de l'énergie. Pas seulement pour avancer vers la neutralité carbone...
"On ne peut pas éclairer moins"
Par chance pour la société Champagne parc auto, les normes d'éclairage des parcs de stationnement étaient au-delà de la norme officielle. "C’était très éclairé. On voulait que les gens se sentent bien, qu'il n'y ait pas d’insécurité. Et depuis 2014, notre éclairage était en basse consommation, continue le directeur. Entre 2014 et 2021, on avait même diminué la consommation de moitié. Mais là ce n'est plus possible, et on doit faire au minimum 10% d'économie en plus pour être dans les clous, on ne peut descendre en dessous".
En effet, si l'éclairage peut être réduit, pour la ventilation souterraine, autre source d'énergie très gourmande, impossible de modifier la donne. "C’est une mesure évidente de sécurité". Selon le responsable du site, les retours des clients sont bons pour l'instant, malgré la pénombre dans certaines parties du parking. "Il y a des gens qui pensent qu’on est en panne. Nous n'avons pas eu de retour négatifs sur le sentiment d’insécurité. On a coupé intelligemment les lumières, car ce sentiment d'insécurité vient du contraste, des poches noires. On a diminué d’un gros tiers l’éclairage, sans céder de zones sombres".
Vérification faite sur place, au troisième sous-sol, place d'Erlon, le parking le plus fréquenté, seules les allées sont désormais éclairées, les zones de stationnement ne le sont pas. Mais on y distingue bien les voitures. Les usagers rencontrés sont bien conscients du changement, car il se voit, mais ne semblent pas s'en émouvoir plus que ça. La surface totale des parkings gérés par Champagne Parc auto à Reims représente en tout 35 000 m2. "Tous les parkings sont concernés par cette mesure, sauf République, celui qui a ouvert en 2022 près de l’Aréna (salle de spectacle, ndlr). Lui a été conçu avec le maximum de lumière naturelle, en étages. On y consomme trois fois mois que celui de la célèbre place d'Erlon, pour 750 places alors que celui d'Erlon fait 650 places".
300% de facture énergétique en plus en 2023
Le directeur ne cache pas les chiffres. "La hausse du prix est de 140% d’électricité depuis le début de l’année 2022. On s’attend à pire en 2023. On est passé de 140 000 à 270 000 euros de facture annuelle. Là on va gagner quelques milliers d'euros sur trois mois de réduction de la lumière. Le gain l’an prochain, sera de 10% sur la facture. Mais l’augmentation prévisionnelle, sera de 300%. L’an prochain, on va arriver à 400 000 euros, et on va essayer d’économiser 50 000 euros".
Quant aux conséquences de ces augmentation, pour l'instant, elles ne sont pas encore supportées par les clients. "On fait face en limitant les dépenses, en gardant les obligations réglementaires, mais pour l’embellissement on attend que ça aille mieux". Avec 17 employés, le directeur tend le dos. "C’est le casse tête des PME de cette taille, qui ont un chiffre d'affaire inférieur à 10 millions d'euros. On n'est pas pris en compte par les garanties de l’Etat".
En lien avec la communauté d’agglomération du Grand Reims, Champagne Parc auto ne voit pas vraiment de lumière au bout du tunnel. "Notre maître mot, c’est la sécurité de nos clients et de nos salariés, certes, ce sera moins confortable, mais la sécurité et les normes sont respectées. On a annoncé cette mesure au conseil d’administration, ce sera inscrit dans le plan de sobriété énergétique".