Les manifestations émaillent toute la France en ce lundi 1er mai, dans le contexte de la réforme des retraites. À Reims (Marne), la manifestation, très suivie, s'est mal terminée : un automobiliste voulant se frayer un passage a renversé un manifestant, avant de tenter de fuir.
C'est un lundi 1er mai 2023, avec en fond la loi venant réformer des retraites qui a été promulguée. Nombreuses sont les personnes se donnant rendez-vous pour protester contre la politique du gouvernement.
Un accident en fin de manifestation
Vers 12h20, alors que le cortège se dispersait dans le calme devant la Maison des syndicats de Reims (Marne), des clameurs se sont élevées quand une voiture a tenté de se frayer un passage. Son chauffeur, exécédé par le fait d'être bloqué, a tenté d'avancer et a fini par percuter l'un des manifestants, qui a chuté.
Les pompiers sont rapidement intervenus pour porter secours au blessé, dont on ignore l'état actuellement. La police a très rapidement rappliqué en empêchant le conducteur de s'enfuir, puis en devant faire bouclier entre lui et la foule en colère (voir vidéo ci-dessous).
Côté police, on hurle. "On va l'interpeller. Ça ne sert à rien, ce que vous faites [vouloir lyncher l'automobiliste; ndlr]." De l'autre, on scande que "c'est une tentative de meurtre", et "en plus vous avez un enfant derrière, vous êtes complètement inconscient". Le cabinet du procureur de Reims n'a pas pu être joint ce 1er mai pour en savoir plus sur les suites de cet acte (voir carte ci-dessous).
Le front syndical a communiqué sur cet accident en envoyant un communiqué aux rédactions. "Cette mobilisation historique pour un 1er mai à Reims s’est soldée par un événement tragique. Un manifestant a été volontairement renversé par un automobiliste. Ce dernier [l'a fait] après avoir embouti une voiture, foncé dans la manifestation, [puis tenté] de fuir. Il a été stoppé par des syndicalistes qui ont immobilisé la voiture et informé les forces de l’ordre."
L'action des forces de l'ordre a d'ailleurs été l'objet de critiques par les syndicats. "Nous déplorons le vocabulaire employé à plusieurs reprises par la police envers les responsables syndicaux pourtant en train de sécuriser le lieu de l’accident. Cet accident est causé par des manquements des forces de l’ordre quant à la sécurisation de la manifestation. Pourtant dès le 23 mars l’intersyndicale avait déjà alerté le préfet à ce sujet, ainsi que sur les entraves au droit constitutionnel de manifestation : déplacement des horaires, refus de parcours, violences policières et arrestations arbitraires notamment." Une nouvelle rencontre s'était déroulée le 12 avril.
"Malheureusement l’accident d’aujourd’hui ne nous étonne pas, il est la suite logique de
l’absence de sécurisation du parcours. L’intersyndicale condamne de nouveau et fermement cette mise en danger des manifestants et des manifestantes, mais aussi le comportement inacceptable de la police, et ce alors qu’une grande partie des forces de l’ordre sont partis suivre un cortège non déclaré. Dès lors, l’intersyndicale s’interroge sur l’intérêt de déclarer les manifestations puisqu’elle
n’entraîne pas la protection des manifestants et manifestantes." Sans réponse de la préfecture, les syndicats entendent ne plus déclarer de parcours, et se réservent le droit de porter plainte.
Les forces de l'ordre ont eu fort à faire car pendant ce temps, la traversée urbaine Taittinger commençait à être envahie par une poignée de manifestantes et manifestants. Ce barrage filtrant n'a duré qu'une demi-heure environ.
Une manifestation très suivie
À Reims, le cortège s'est élancé depuis la Maison des syndicats. Les chiffres de la police font état de 2.400 personnes présentes, mais selon Émilie Forzy, journaliste de France 3 Champagne-Ardenne présente sur place, il y en a bien plus (si on se fie à des chiffres devant être vérifiés).
Les chiffres des syndicats ne sont pas encore connus. Les traditionnelles pancartes ont été ressorties, mention à celle affichant "pour lui, des couilles en or; pour nous, des nouilles encore".
Les jeunes étaient présent(e)s en tête de cortège, comme depuis la fin mars. Chaque force syndicale faisait également défiler ses rangs.
Celles-ci voient d'ailleurs leurs effectifs bénéficier du contexte social. "On a une augmentation assez nette des adhésions ces dernières semaines", explique-t-on à la section de la Fédération syndicale unitaire (FSU) de la Marne. "Très clairement, c'est dû au rejet massif de la réforme des retraites."
Du côté des autres syndicats, la tendance est la même. À la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Odile vient de prendre sa carte. "C'est le fruit d'une réflexion suite aux évènements. J'avais arrêté de me syndiquer à la retraite... Mais là, je pense que c'est justifié de reprendre une carte. Ce qui m'a décidée, c'est ce pouvoir qui reste sourd face à 75% de la population." Elle n'est pas la seule : dans ce syndicat, on a enregistré +5% d'augmentation des adhésions à l'échelon régional depuis le mois de janvier.