Les jeunes électeurs sont ceux qui devraient le plus s'abstenir lors des prochaines élections européennes, le 9 juin prochain, à en croire les derniers sondages. Nous avons interrogé certains d'entre eux dans les rues de Reims, ce 30 avril 2024.
Si 45 % des Français se disent certains d'aller aux prochaines élections européennes, le 9 juin prochain, seul un tiers (32 %) des 18-24 ans a la même certitude, selon une enquête Ipsos* pour le journal Le Monde (abonnés), publiée le 29 avril 2024. Les 25-34 ans sont même encore moins nombreux, 30 %, à être sûrs de se rendre aux urnes, selon la même étude.
Nina, 22 ans, est étudiante. La jeune femme qui habite Rethel, dans les Ardennes, est loin d'être décidée à aller voter dans quelques semaines. "Je n'y connais pas grand-chose et j'ai peur de faire une bêtise et de voter un peu n'importe quoi", nous explique-t-elle en cette fin avril.
La jeune femme, qui suit un master pour devenir professeur des écoles, a pourtant déjà voté pour la présidentielle, en 2022. "C'était ma première élection, donc j'étais contente d'aller voter en tant que majeure." Mais pour le scrutin à venir, elle dit ne pas vouloir "voter pour quelque chose qui pourrait porter préjudice."
Coleene, 22 ans également, fera entendre sa voix le 9 juin prochain. "Je pense qu'aller voter, c'est important. Après, je n'ai pas regardé tous les programmes, mais je sais que je vais le faire. Je pense déjà savoir à peu près où voter", détaille cette assistante d'éducation dans un lycée. Du côté des programmes des candidats, elle avoue être encore "un peu dans le flou". "J'ai entendu certaines choses ridicules. On dirait que certains ne savent pas de quoi ils parlent. Donc je sais déjà que je ne voterai pas de ce côté-là." Pour le reste, elle compte mettre à profit les semaines à venir pour se renseigner davantage afin de se décider sur son vote.
"On ne se sent pas assez concernés"
Quand on interroge Cyril, étudiant en bachelor universitaire de technologie (BUT) carrières sociales à Châlons-en-Champagne (Marne), sur sa volonté d'aller voter le 9 juin, il répond sans trop hésiter : "Franchement non. Personnellement, je ne vois pas l'utilité d'aller voter pour des gens avec lesquels on ne se sent pas représentés."
"Il n'y a pas grand-chose qui m'intéresse dans ce qu'ils disent, ça ne m'incite pas à y aller", explique le jeune homme de 22 ans qui déplore le manque de propositions qui parlent aux étudiants. Chloé, qui prépare le diplôme national d'œnologue à Reims, est elle aussi partie pour ne pas passer par l'isoloir le 9 juin prochain. "Dans tous les cas, on ne se sent pas assez concernés en tant qu'étudiants. On n'est pas pris en compte par les votes parce qu'on est trop jeunes. Souvent, ce sont les plus âgés qui vont voter", confie l'étudiante de 22 ans.
Elle avait pourtant voté à la dernière présidentielle. Mais pour les européennes, elle a du mal à être intéressée par les différents candidats, dont les programmes ne parlent pas suffisamment à la jeunesse à ses yeux. "Je pense que ce n'est pas assez mis en avant ou alors c'est mal fait. Ils ne captent pas l'attention comme ils le devraient."
En 2019, lors des dernières élections européennes, une enquête réalisée par l'Ifop le jour du vote indiquait que les 18-24 ans étaient la tranche d'âge la plus abstentionniste. Ceux qui avaient voté avaient choisi en majorité la liste d'Europe-Écologie-Les Verts (23 %), suivie par La République en Marche (17 %), le Rassemblement national (14 %) et La France insoumise (14 %).
*Enquête Ipsos pour le Cevipof, Le Monde, la Fondation Jean Jaurès et l'Institut Montaigne, réalisée du 19 au 24 avril 2024 par Internet auprès d'un échantillon représentatif de la population française inscrite sur les listes électorales, âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas)