Halloween est là, et avec lui, son cortège de films et livres horrifiques. Tour d'horizon avec Philippe Soares, gérant d'une boutique spécialisée à Reims (Marne).
Avec Halloween qui approche, la tentation peut être grande de se plonger dans une fiction horrifique, qu'elle soit cinématographique ou littéraire. Cela tombe bien, car à Reims (Marne), le propriétaire d'une boutique dédiée à l'horreur a quelques suggestions à faire.
Philippe Soares tient The Dark Eyes Shop à quelques pas de la cathédrale, une enseigne insolite dont France 3 Champagne-Ardenne avait relayé l'ouverture. C'est tout naturellement que l'idée est venue de demander au gérant ses suggestions pour passer ce moment particulier de la fin octobre.
"Le premier qui me vient à l'esprit est Halloween", introduit-il. "C'est le film de John Carpenter de 1978. C'est le premier slasher [film d'horreur avec tueur masqué, ndlr] de l'époque. Et il se déroule la nuit d'Halloween. L'ambiance s'y prête." (voir bande-annonce ci-dessous)
"C'est l'un des tueurs masqués les plus emblématiques de l'histoire du cinéma. C'est grâce à ce film que le terme croque-mitaine a été employé, boogeyman en anglais. Il avait été fait avec très peu de moyens, donc il n'est pas très violent : il repose plutôt sur le suspens. Donc il est assez sympa pour les amateurs de frisson."
Quelques films récents de bonne facture
Les films d'antan ne débordaient pas d'effets spéciaux et évitaient de placer des screamers ou jumpscares (un truc saute de l'écran et vous fait hurler). Mais on trouve quelques films du XXIe siècle qui peuvent offrir une bonne expérience.
Philippe Soares cite Sinister, sorti en 2012. "Je trouve qu'on n'en parle pas assez, alors qu'il fait vraiment peur. Il a été élu, selon une étude scientifique sérieuse avec des capteurs, que c'était le film qui a fait le plus d'effet aux gens." (se faire un avis via la bande-annonce ci-dessous)
"Moi-même, quand je l'ai vu il y a quelques années, j'ai trouvé qu'il y avait une atmosphère, une ambiance, oppressantes. Paradoxalement, ça se passe dans une maison moderne : on n'est pas dans une vieille maison abandonnée glauque."
Entre les deux époques, il cite également volontiers le fameux Projet Blair Witch. Il est sorti en 1999, et peut se targuer d'avoir été l'un des films les plus rentables de l'histoire du cinéma : quelques dizaines de milliers de dollars dépensés... pour 250 000 millions d'engrangés. Aucun effet spécial, de la psychologie pure.
"Il sort des sentiers battus, il a été adoré ou détesté. Son intérêt, c'est d'avoir relancé le genre qu'on appelle le found foutage. L'histoire est racontée par [une vidéo] qu'on a trouvé." Usuellement tirée d'un caméscope. "Ce sont les acteurs qui filment. Ici, des étudiants en cinéma décident d'aller tourner un reportage dans une forêt sur la légende d'une sorcière qui aurait vécu là-bas." (à retrouver en bande-annonce ci-dessous)
"Ainsi, on retrouve leurs enregistrements. Comme à l'époque, on était aux balbutiements d'Internet, les réalisateurs avaient, en amont, placardé plein d'affiches dans des universités pour rechercher des étudiants ayant disparu en laissant leurs bandes-vidéo. C'est un film vraiment atypique, tout est dans l'ambiance et on ne voit rien. Moi, j'avais été happé : quand j'en étais ressorti, je n'étais pas bien. J'avais trouvé ça très réaliste, mais ça n'était pas glauque contrairement à d'autres films."
Des livres également
Philippe Soares est aussi l'un des organisateurs du Frissons Festival, premier salon français de l'histoire d'horreur. Et le livre Unité 6, écrit par un de ses membres (Nils Gillain), est idéal pour la période.
"Il se passe dans un hôpital psychiatrique, de nos jours. L'équipe de nuit démarre à 20h. Chaque chapitre dure une heure, jusqu'à 06h. C'est une novella, d'environ 150 pages : ce n'est pas un gros pavé. Il peut se lire très vite en une nuit, pourquoi pas un soir d'Halloween."
Le narrateur "apporte quelques informations pour démystifier les croyances souvent erronées des gens sur les unités psychiatriques. Mais très vite, les urgences appellent pour aller chercher une personne retrouvée à côté de sa mère violemment assassinée. Elle ne dit rien. Elle va être accueillie dans le service, et les problèmes vont commencer, avec de l'horrifique, du paranormal, dans une ambiance de huis clos. C'est hyper immersif."
C'est un de mes livres préférés. Certaines scènes sont très angoissantes.
Philippe Soares, grand connaisseur en matière d'horreur et fan de "Je suis une légende" (roman original)
Dans un autre genre, il cite le cultissime Je suis une légende de Richard Matheson, très connu du public grâce à son adaptation au cinéma avec Will Smith dans le rôle de Robert Neville (deux autres adaptations tombées en désuétude ont eu lieu dans les années 70). "C'est un de mes livres préférés, qui m'a énormément apporté en termes d'émotion. Certaines scènes sont très angoissantes."
"Dans le livre, Robert Neville est vraiment le dernier homme sur terre. La nuit, il doit s'enfermer, car les vampires [le film présente des sortes de zombies, ndlr] le cherchent. Et ils sont encore doués de parole, contrairement au film. Ils lui demandent de sortir. Et ce sont ses voisins, ses amis : il les connaît et ils veulent le manger. Cette histoire est très troublante. Et sa fin magnifique, très émouvante. Ce livre n'est pas assez connu : il le mérite pourtant."
La plupart de ces livres et DVD peuvent d'ailleurs se trouver à la boutique. Laquelle a connu "un début d'activité encourageant, surtout les figurines et ce qui tourne autour du cinéma. Depuis début octobre, on vend aussi pas mal de masques et de costumes de personnages de films." (voir emplacement sur la carte ci-dessous)
Et si vous vous projetez beaucoup plus loin et désirez prendre vraiment de l'avance, sachez que France 3 Champagne-Ardenne vous a déjà listé les jeux de société que vous pouvez offrir à Noël. Avant l'heure, c'est quand même un peu déjà l'heure...